Benoît Mintiens : « L’avenir est plus radieux que le passé »

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Benoît Mintiens © Ressence
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WorldTempus s’entretient avec Benoît Mintiens à propos de son dernier lancement - la DX3 -, de l'année 2023 et de la raison pour laquelle Ressence est une telle rock star en Belgique

Est-ce votre première visite à la Dubai Watch Week ?

Oui et non. Nous avons fait des éditions spéciales Dubaï en 2019 et en 2021, mais nous n’avions pas de stand. Alors j’étais venu quelques jours pour organiser un événement, puis j’étais parti. Mais maintenant nous avons notre propre stand.

Comment appréciez-vous cette expérience ?

C’est fou. Tous ceux que vous souhaitez voir et tous ceux que vous connaissez sont ici. Je viens de Belgique et j’ai vu plus de Belges ici qu’à Watches and Wonders ! C’est sympa car c’est plus joyeux, plus relax et plus cool, mais de façon professionnelle. Je crois que c’est parce que toutes les ventes se font à Watches and Wonders, où les livres de commandes sont ouverts, donc tout le monde est un peu nerveux. Ici, c’est différent, et le soleil aide aussi ! Je crois que la famille Seddiqi devrait être plus reconnue pour ce qu’elle fait pour cette industrie

TYPE 1° Round DX3 © Ressence
TYPE 1° Round DX3 © Ressence

Le Moyen-Orient est-il un marché important pour vous ?

Il représente 20%, ce qui est assez considérable lorsque vous songez au nombre de personne qui vivent ici. Ce sont des acheteurs très actifs. Hier nous avons eu un événement pour lancer notre DX3 et il y avait beaucoup de gens locaux. C’est la troisième pièce de la collection et toutes les montres ont un lien avec l’art arabe et l’art horloger. Elles partagent aussi un ADN commun, tant du point de vue visuel que mécanique. Techniquement c’est la même montre, mais elles sont complètement différentes. J’utilise le même schéma pour toutes les montres, que j’ai conçues moi-même, mais je l’applique très différemment. Alors la première était arabesque, cette structure de style ouvert que j’ai combinée avec un cadran squeletté. La deuxième s’inspirait d’une technique de tissage locale appelée Al-Sadu, qui a des lignes parallèles que nous avons associée au guilloché. Enfin, la troisième et dernière allie l’art arabe de la mosaïque avec l’émail cloisonné.

Comment diriez-vous qu’a évolué l’entreprise depuis la première pièce que vous avez faite ici ?

Ressence est aujourd’hui une entreprise différente de ce qu’elle était en 2019. Nous avons beaucoup évolué. Nous avons 14 collaborateurs, mais vous devez savoir que je ne produis rien moi-même. Nous avons des sous-traitants qui réalisent les composants et se chargent de l’assemblage. Donc nous gérons la production, nous nous occupons du contrôle qualité et nous assurons le service après-vente dans notre atelier. C’est un processus assez long.

Cela complique-t-il les choses pour vous ?

La production est un problème important hélas. Si je devais la placer sur une échelle de problèmes, 80% de mes problèmes seraient liés à la production, mais nous y travaillons et nous investissons beaucoup pour faire en sorte que notre production soit plus stable. J’ai engagé des gens de différentes industries où les chaînes d’approvisionnement et la logistique sont très pointues et ils travaillent juste là-dessus. Nous développons aussi de nouveaux canaux de chaînes d’approvisionnement, alors on verra.

TYPE 1° Round DX3 © Ressence
TYPE 1° Round DX3 © Ressence

Comment a été l’année 2023 pour vous ?

Je suis heureux, mais je suis aussi déçu parce que, comme je l’ai dit, nous avons eu des problèmes d’approvisionnement et il y a eu beaucoup de perturbations avec des gens qui allaient et venaient, se formaient, etc. Les choses ont été en constante évolution, ce qui est normal, mais quelquefois il faut faire un pas en arrière pour aller plus vite, et cette année c’était un peu comme cela.

J’ai discuté avec un passionné de montres belge qui m’a dit que Ressence est le Patek Philippe belge. Qu’en pensez-vous ?

La Belgique est un no-man’s land en matière d’horlogerie, du moins pour l’horlogerie indépendante. Nous sommes la seule marque indépendante représentée en Belgique. H. Moser & Cie. a commencé lentement avec un seul détaillant, et il y a Bell & Ross, mais au niveau des pièces compliquées, nous sommes les seuls. Donc cela dit quelque chose de la culture. Mais, comparé à beaucoup d’autres, nous avons une approche moderne. Nous regardons résolument vers le futur. Nous ne regardons pas dans le rétroviseur comme beaucoup le font dans ce business. Je crois que pour nous l’avenir est plus radieux que le passé. C’est comme cela que nous le voyons et c’est comme cela que nous pensons en tant que marque.

Nous avons un pied dans l’horlogerie traditionnelle et un pied en dehors. Patek Philippe a les deux pieds dedans. Mais je crois qu’un écosystème évolue seulement sur les bords, pas au centre, et je crois que nous faisons partie de cette nouvelle génération et j’espère que nous serons capables de continuer à créer de l’émerveillement. C’est ce que nous essayons de faire.

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