2007, quand la croissance s’emballe *

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2007: Expansion On A Roll - GMT Magazine
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Plus grandes, plus nombreuses, plus gourmandes, montres et marques montrent les dents, pendant que GMT change de mains.

En 2007, le magazine GMT franchit une étape décisive de son développement, ses fondateurs Brice Lechevalier et Pierre Jacques acceptant l’offre de rachat du groupe Edipresse, qui fait également l’acquisition en parallèle du site WorldTempus et du Grand Prix d’Horlogerie de Genève. Dans la foulée, GMT réalise pour la première fois le catalogue officiel du GPHG, encarté dans son édition d’automne. Le pouvoir d’attractivité du magazine dépasse les frontières de l’horlogerie, car il séduit également les esthètes et adeptes du design du monde entier.

2007, quand la croissance s’emballe *

Ainsi, dans sa préface du GMT du printemps 2007, Philippe Starck défend la théorie selon laquelle « le temps modifie la vision de la réalité. C’est donc une valeur extraordinaire, chargée de poésie et de romantisme ». La même année, c’est le président du Monaco Yacht Show et fondateur d’Only Watch Luc Pettavino qui cite Pythagore dans sa préface de GMT : « Un homme n’est jamais si grand que lorsqu’il est à genoux pour aider un enfant ». Les 35 marques qu’il fédère autour de la 2e édition d’Only Watch créent autant de pièces uniques en faveur de son association, dont la vente aux enchères rapporte CHF 2,75 millions.

Cette année-là encore, Omega célèbre les 50 ans de la Speedmaster, Audemars Piguet le 2e succès d’Alinghi dans l’America’s Cup, Jaeger-LeCoultre inaugure sa Galerie du Patrimoine au Sentier, dont la paroi de verre tout en courbe s’élève sur 4,7m et contient 300 calibres maison, et DeWitt coupe le ruban de sa manufacture qui s’étend sur 1500m2.

Les chronographes changent de statut

Clairement, le chrono de papa est dépassé, et sa mutation reflète la concurrence exacerbée à laquelle se livrent les marques horlogères de toutes tailles. Plus de contenu, plus de formes, plus de résistances, plus de diamètre, plus de fonctions, la course à l’armement bat son plein. Terrain de jeu médiatique global à cette époque, l’America’s Cup voit s’affronter les challengers et les sponsors qui les chronomètrent. Attiré par le soleil levant, TAG Heuer soutient China Team et lui consacre une série limitée 500 pièces de son chronographe Calibre S avec compte à rebours de régate, à la fois à quartz et mécanique. Hublot habille sa Big Bang aux couleurs de Luna Rossa et présente en parallèle un chrono Big Bang Gold Mat en or rouge microbillé. Girard-Perregaux voit les choses en grand avec un chronographe avec compte à rebours de régate et calendrier perpétuel R&D 01 pour son challenger américain BMW Oracle Racing. Alinghi remporte la mise avec son chronographe Royal Oak Offshore Alinghi Team, qui rapporte à nouveau l’America’s Cup en Suisse. Le vent en poupe, la même collection se décline aussi en séries limitées Shaquille O’Neal (960 exemplaires) en acier ou or gris avec lunette sertie, et Arnold’s All-Stars en or rose (350 exemplaires).

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Toujours dans l’élément liquide, Jaeger-LeCoultre propose une Master Compressor Diving Chronographe très virile, tandis que Zenith charge la dose de testostérone avec son Defy Xtreme Open El Primero Chronographe en titane et or rose étanche à 1000m. Suivant son propre cap, Rolex conçoit un nouveau calibre chronographe pour son Oyster Perpetual Yacht Master II, et Chopard aussi choisit le chronographe pour célébrer les 10 ans de sa manufacture à Fleurier, par le biais du nouveau calibre GT3 équipant son Chrono One. Même Piaget décline sa Polo en version chronographe avec 2nd fuseau horaire sur 24h. Le contenu horloger se renforce chez Montblanc qui a racheté Minerva en 2006, et crée l’Institut de recherche en haute horlogerie dont le Grand Chronographe Authentique en or gris (47mm) avec calibre Minerva 16-29 symbolise les premiers pas. Dans une autre sphère, François-Paul Journe conçoit le Centigraphe Souverain qui permet de mesurer théoriquement une vitesse de 360’000km/h avec son compteur à 10h équipé d’une seconde foudroyante (1 tour par seconde) avec échelle au 100e, dont deux brevets portent sur le mécanisme du chronographe.

Elles se sont aussi distinguées en 2007

Dans les figures de proue de la haute horlogerie contemporaine, De Bethune est devenu en 5 ans l’un des pôles d’innovation les plus importants, s’imposant notamment comme la première marque à avoir développé et utilisé des spiraux en silicium. En plus, son fondateur horloger Denis Flageollet a breveté une courbe terminale améliorant l’isochronisme et limitant la déformation due aux chocs. Energie et quête de rendement ont également conduit au développement d’un barillet doté de paliers en rubis, visant à améliorer les frottements des lames ressorts et à éliminer le collement dû au surplus de graisse. Même le confort du boîtier a mobilisé sa puissance innovatrice par le biais d’un système de brancard pivotant dont la courbure modulaire s’adapte parfaitement à chaque poignet. Avec également son style bien particulier, Richard Mille poursuit sa quête high-tech avec la RM 012 dont la construction tubulaire du mouvement et cadran en alliage inox coupe le souffle. L’identité forte et authentique de Bovet renforce sa légitimité avec une répétition minute tourbillon à aiguillage inversé sur un mouvement poudré d’or noir, grâce à un procédé qu’elle a mis au point : le mouvement noirci est visible à l’envers sur le recto de la montre. Sur un autre registre, Romain Jérome met à l’eau son Titanic DNA et donne une nouvelle vie au Titanic avec une collection de montres intégrant de l’acier issu du plus célèbre paquebot, allant même jusqu’à mettre de la rouille au cœur de ses montres. Pendant ce temps, le vaisseau Chanel poursuit sa route sagement en dévoilant la J12 GMT, toujours un succès aujourd’hui.

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L’air du temps dans les interviews

Dans les pages de GMT, les CEO se prêtent aux joutes verbales qui reflètent des enjeux de plus en plus tendus. Pour Richard Mille qui vient de lancer sa RM 016 aussi rectangulaire que plate, « Après avoir été longtemps très sage, l’horlogerie est récemment entrée dans une phase beaucoup plus bordélique, pour employer un terme à la mode. Je ne m’en plains pas car d’une certaine manière j’ai modestement contribué à en ouvrir la voie. Cependant, beaucoup de monde s’est engouffré dans la brèche depuis et cela n’est viable que si chacun apporte sa part de créativité. Il ne faut pas tomber dans le piège du me too à l’excès. Si je prends l’exemple de mon ami François-Paul Journe, il a su innover énormément et obtenir une montre immédiatement identifiable bien qu’elle garde un style classique. Je ne suis pas donneur de leçons mais chaque marque doit trouver son propre style. » Même son de cloche chez Georges-Henri Meylan : « Si l’industrie horlogère suisse veut garder son niveau de réussite, elle doit faire preuve de créativité en termes de produits et ne pas se contenter de répéter des trends qui fonctionnent sur le moment ».

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Pour Fawaz Gruosi, « Aujourd’hui les consommateurs changent de montres comme de chemise », ce à quoi rétorque  Stephen Urquhart : « Pour beaucoup, la montre est devenue un objet culte. C’est aussi pourquoi je redouterais plus que sa perception devienne floue du fait d’une offre démesurée. Trop de marques et trop de promesses pourraient nuire à son image. Il s’avère dangereux de profiter de la bonne santé économique du moment pour vendre n’importe quoi à n’importe quel prix ». A propos d’Omega, il déclare : « nous travaillons depuis deux ans à la vente aux enchères Antiquorum Omegamania, dont j’attends énormément, qui devrait contribuer à repositionner Omega en termes de prix et d’image. Omega n’a pas de problème d’image, mais la diversité de ses produits et la richesse de son rayon d’action échappe parfois au public. Depuis plusieurs années nous nous efforçons de placer Omega sur un segment plus haut et légitime que celui où elle est parfois perçue ». Le mot de la fin reviendrait-il à Richard Mille qui estime que « nous vivons dans un métier qui donne l’heure mais qui est toujours en retard » ?

La semaine prochaine : l’horlogerie en 2008.

WorldTempus vous offre ci-dessous le GMT du printemps 2020 à télécharger.

*Pour son 20e anniversaire en 2020, GMT résume chaque semaine en exclusivité pour WorldTempus l’essentiel de son contenu paru année après année, en 20 chapitres chronologiques. L’information n’est de loin pas exhaustive et se rapporte à des extraits. Pour une vision plus approfondie de ces deux dernières décennies d’horlogerie, commandez le livre The Millennium Watch Book, réalisé par GMT et WorldTempus appuyés par une vingtaine d’experts témoins de cette période incomparable.

L’épopée Octo Finissimo
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