Karl Scheufele salué pour sa passion

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Des journalistes spécialisés ont décerné un prix à celui qui, à force de travail, a fait de Chopard une référence horlogère et joaillière mondiale.


Tribune des Arts - Juillet 2010

Sylvie Guerreiro

 

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“Cela fait quelques dizaines d'années que je connais Monsieur Scheufele – un travailleur incomparable mais discret – et je n'ai jamais rien entendu de mal sur lui et sa famille. De nos jours, qui dit beauté, élégance, classe, dit Chopard. Et le monde entier connaît cette maison très respectée, même les pingouins d'Alaska!” Prononcés par Gabriel Tortella, le fondateur de la Tribune des arts, ces mots empreints d'émotion s'adressent à Karl Scheufele qui, en 1963, avait racheté Chopard, désormais co-présidée par Caroline et Karl-Friedrich, ses enfants. Le toujours aussi dynamique patriarche vient en effet de recevoir, de la part d'un comité de journalistes spécialisés (également composé d'Eugenio Zigliotto, Gisbert Brunner, Brice Lechevalier, Grégory Pons et Alexander Linz) le prix “Hommage à la passion” 2010 pour tout le travail accompli depuis.

A l'époque, ils n'étaient que cinq collaborateurs. Aujourd'hui, Chopard, c'est 1700 employés dans le monde, dont 850 rien qu'en Suisse et 50 apprentis à Meyrin, 12 filiales, 120 boutiques, 1600 points de vente et trois manufactures réparties entre Meyrin (pour les montres et les bijoux), Fleurier (calibres L.U.C. et montres haute complication) et Pforzheim en Allemagne (montres et bijoux également). Sans compter la course automobile Mille Miglia et le Festival de Cannes dont les noms sont désormais indissociables de Chopard. Et ce, en ayant réussi à rester familial, Caroline et Karl-Friedrich représentant la quatrième génération. Un exploit par les temps qui courent...

 

La rencontre de deux noms


Du côté des Chopard, tout a commencé en 1860, lorsque Louis-Ulysse Chopard, horloger, s'installe à son compte à Sonvilier, pour finalement déménager le siège de sa société à Genève en 1920. Pendant ce temps, en Allemagne, Karl Scheufele I (1877-1941), voyageur, entrepreneur et orfèvre passionné, fonde sa propre marque, ESZEHA, en 1904, qui accède vite à une certaine notoriété dans le domaine. Jusqu'à ce qu'éclatent les deux Guerres mondiales. L'entreprise est détruite. C'est son fils Karl II (1907-1966) qui, reprenant le flambeau, lui redonnera vie, bientôt relayé par son fils, notre Karl Scheufele récompensé ce 2 juin 2010 pour sa passion du métier.

“Quand j'ai eu 20 ans, en 1958, explique-t-il, j'ai repris la société avec mon épouse Karin à mes côtés. Nous l'avons développé ensemble. En 1963, je suis venu à Genève accompagné de mon frère, en quête d'une manufacture horlogère à racheter. Nous en avons contacté plusieurs. Chopard était le dernier nom sur notre liste. Je n'avais plus que quelques centimes en poche. Et au bout de la deuxième tentative de négociation, nous avons conclu l'affaire… pour 50 000 francs. C'était le rêve de mon grand-père d'avoir une société en Suisse. Il a d'ailleurs toujours utilisé des mouvements suisses.”

Son fils, Karl-Friedrich Scheufele, l'a rejoint il y a 32 ans. “Il m'a dit qu'il fallait faire des montres sport en acier!”, s'étonne-t-il encore. Car à l'époque, l'association était inédite. Mais le succès fulgurant de la montre St-Moritz puis des Mille Miglia lui donneront raison. Vinrent ensuite sa fille, Caroline, et ses envies de bijoux. Il y a 29 ans de cela. En 1985, à l'occasion des 125 ans de la marque, la voilà qui sort des petits clowns au ventre garni de diamants pouvant se déplacer librement. La collection Happy Diamond était née. Après quoi, elle voulut des boutiques en propre et de la haute joaillerie… Christine enfin, l'épouse de Karl-Friedrich, est aussi très active dans l'entreprise familiale. Elle a notamment beaucoup aidé à mettre sur pied le projet de son mari: la manufacture de Fleurier.

Et Karl-Friedrich Scheufele de conclure: “C'est la passion, la persévérance et la volonté de réussir qui a mené mes parents là où ils sont aujourd'hui. Autant de valeurs qu'ils nous ont transmises. Nous voulons continuer dans leur sens et faire de Chopard l'une des plus grandes maisons de haute joaillerie et de haute horlogerie qui soient. Tout en restant indépendants. Tu mérites vraiment ce prix, papa!”

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