Cabestan, version 2020

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Cabestan 2020 - Cabestan
Entre pragmatisme économique et technique, le CEO de Cabestan dévoile une partie de l’avenir de la marque

Il y a ceux qui sont dans le cadre et ceux qui n’y sont pas. En théorie, toutes les marques se veulent affranchies des conventions, voulant sans cesse repousser les limites de la technique comme de la créativité. En pratique, les choses sont bien différentes : 99% des marques font des montres rondes à trois aiguilles dont les principes ont été posés il y a deux siècles. Pourquoi ? Parce que c’est l’exercice le plus rentable.

Dans les faits, il y a donc fort peu de maisons qui évoluent réellement en dehors des conventions. Breguet, Patek Philippe font sans cesse évoluer le cadre traditionnel de l’horlogerie et sont largement profitables. Bovet ou Hysek sont à la marge, avec des gammes traditionnelles mais d’autres singulièrement disruptives. HYT est totalement en dehors des conventions, de même que Cabestan. D’où la question : sont-elles elles aussi rentables ?

D’abord gagner, ensuite développer

« Oui, nous le sommes », répond-on sans ambages côté Cabestan. Lionel Betoux, son CEO, vient de l’industrie et en a gardé un sens aiguisé du retour sur investissement, de l’industrialisation. « Nous ne sommes pas une entreprise philanthropique et il n’y a aucune contradiction à avoir une vision financière et créative dans le même temps. La créativité n’a aucune limite mais, sans rentabilité, elle n’est qu’un exercice de style. Nous faisons 30 pièces par an. C’est suffisant pour continuer à nous développer ».

Cabestan, version 2020

Dans quelle direction ? Cabestan ne manque pas d’idées. Ce sera toutefois vers la chaine qu’elle va concentrer ses efforts. « C’est ce que nous maitrisons le mieux », poursuit Lionel Betoux. « Il faut être réaliste : ses principes ont été posés il y a cinq siècles et les lois de la mécanique n’ont pas changé depuis. Il y a toutefois d’autres marges de progression ».

Travail à la chaine

En premier lieu, c’est une affaire de masse. Les chaines utilisées par Cabestan poursuivent le même objectif que n’importe quel autre composant horloger : réduire leur poids pour en améliorer le rendement. Là encore, les lois de le physique sont imparables : plus un corps est lourd, plus il consomme d’énergie pour être déplacé. Cabestan a déjà obtenu des ratios convoités : trois jours pleins de réserve de marche, par exemple, avec la Trapezium. C’est mieux que la plupart des pièces à calibre suisse traditionnel. Les recherches actuelles de Cabestan devraient lui permettre de gagner encore quelques grammes et donc autant d’autonomie. « Une chaine, ce sont 3 kilos de traction sur des maillons de 1,5 mm de diamètre. Les contraintes sont colossales mais nous étudions plusieurs pistes pour tenir ces charges avec autre chose que de l’acier », confirme Lionel Betoux.

Le mouvement, chasse gardée

Le plus important reste donc pour Cabestan de rester maitre de ses développements. Les pièces personnalisées ne font pas exception. Depuis son arrivée en 2013, Lionel Betoux en a fait un axe de développement majeur de Cabestan. Les limites sont toutefois claires : « tant qu’il s’agit de personnaliser un habillage, presque tout est ouvert au client. En revanche, le mouvement, c’est nous. Nous voulons maitriser totalement la trajectoire technique de Cabestan ».

La chaîne revient ainsi comme élément central de l’avenir de Cabestan. « Nous maitrisons parfaitement notre technologie et travaillons à une version plus accessible de nos modèles. Nous ne pourrons toutefois pas descendre sous les 75 000 francs. C’est une question de respect pour notre marché mais aussi une impossibilité matérielle ». La chaine n’a pas dit son dernier mot. 

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