Tribune des Arts - No316 - Novembre 2003
Daniel Braillard, directeur industriel, Pascal Moulins, directeur production et Michel Nieto, directeur de Baume & Mercier. DR
Horlogers, horlogers rhabilleurs, emboîteurs, etc., tous les métiers sont représentés sur 1200 m2. On y trouve même des ateliers «ZAC» (Zone d'atmosphère contrôlée) où il faut porter blouse spéciale et chaussons, afin d'éviter que le moindre grain de poussière pénètre dans les mouvements ou sur les cadrans.
Un processus de création basé sur la confiance
En revanche, toute la création se fait au siège de la société à Genève, par une équipe de designers travaillant en étroite collaboration avec leurs collègues du marketing et du développement technique, afin que soient prises immédiatement en compte les nombreuses contraintes techniques et commerciales. En effet, la devise des frères Baume est encore aujourd'hui très présente à chaque étape de la création d'une montre Baume & Mercier: «Ne rien laisser passer, ne fabriquer que des montres de la plus haute qualité».
«Même si nous ne fabriquons pas directement chaque pièce composant nos montres, explique Michel Nieto, nous sommes parvenus à la maîtrise totale de tout le processus. D'une part en nous adressant chaque fois à des partenaires qui sont les meilleurs dans leur domaine et, d'autre part, en travaillant avec eux d'une manière totalement transparente et honnête, en anticipant les problèmes, en étant exigeants mais aussi fidèles. Cette confiance réciproque nous offre également une très grande flexibilité qui permet de répondre rapidement aux réactions des différents marchés».
Pas de place pour les compromis
Chez Baume & Mercier, la conception est, de loin, l'étape la plus importante dans la fabrication d'une montre: «Il nous faut penser à tout, analyser chaque détail, être vigilant en permanence avant de lancer une production. Une montre mal conçue au départ finit par coûter très cher à l'arrivée. Je préfère donc stopper un projet dès que nous nous apercevons qu'il est mal parti, plutôt que de sortir quand même un modèle, fruit d'un mauvais compromis, technique ou esthétique. Par conséquent, nous étudions toujours en parallèle plusieurs pistes différentes pour chaque nouvelle création».
Le bureau technique industriel (BTI) est composé de trois concepteurs constructeurs: Sandra Winter (travaillant ici avec Alexandre Peraldi), Jérôme Ducrey et Cédric de Stéfani (ci-dessous). DR
Malgré des tiroirs pleins de projets étonnants, Baume & Mercier se concentre sur trois lignes piliers de la marque, «Linea», «Capeland» et «Hampton» auxquelles il faut bien sûr ajouter l'icône qu'est «Riviera». En outre, la marque n'utilise que des mouvements à la fiabilité éprouvée, qu'il s'agisse d'automatiques (35 à 40 %) ou de quartz (60 à 65 %), et n'accepte que la plus haute qualité dans tout ce qui concerne l'habillage des montres. Elle a ainsi pu organiser son service après-vente de manière optimale. En effet, bien que Baume & Mercier offre une très large garantie, l'assurance de disposer de la totalité des pièces détachées pour les montres fabriquées au cours des derniers 25 ans, la possibilité de réparer n'importe quelle montre Baume & Mercier, quel que soit son âge (la maison a été fondée en 1830) et douze centres de réparation répartis dans le monde entier, le service après-vente se consacre surtout aux changements de piles ou aux entretiens de mouvements mécaniques. C'est dire l'irréprochable qualité des montres et, ce, depuis toujours. La méthode de travail de Baume & Mercier se rapproche ainsi de la grande tradition des horlogers genevois aux XVIIIe et XIXe siècles.
L'équipe création: Sara Sandmeier, Alexandre Peraldi et Sabine Rochat. DR
Dans la grande tradition genevoise
A l'époque, les fabricants de mouvements étaient, pour la plupart d'entre eux, installés dans la vallée de Joux. Ils venaient plusieurs fois par mois, à pied, livrer le fruit de leur travail aux grandes maisons genevoises qui l'habillaient d'or et d'émail, de pierres précieuses ou de perles, avant de le commercialiser dans le monde entier. Les Genevois concevaient, dessinaient, analysaient les marchés puis ils confiaient la réalisation de leurs montres à des spécialistes, grands artistes émailleurs comme Liotard, orfèvres, bijoutiers, horlogers, tous indépendants, qui formaient la fameuse «Fabrique», composée de centaines de cabinotiers. Puis, ils partaient, en Russie, en Europe, en Turquie, jusqu'en Chine, pour vendre leurs créations. Exactement comme le fait aujourd'hui Baume & Mercier qui s'adresse toujours aux meilleurs sous-traitants pour réaliser l'impressionnante quantité de montres que la maison fabrique et commercialise chaque année. Combien? Le chiffre exact n'est pas divulgué mais il s'agit de plusieurs dizaines, voire centaines de milliers.
