Jean-Adrien Philippe

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L'inventeur du système de remontage moderne pour montres de poche, le 'remontage par la couronne', naquit en 1815 dans le village de La Bazoche-Gouet situé à quelque 90 km au sud-ouest de Paris, dans le département d'Eure-et-Loire.

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Ses parents étaient l'horloger Jean-Antoine Philippe et sa femme Marie Jeanne Catherine, née Fernelle. Horloger à la fois talentueux et aimant son métier, Jean-Antoine Philippe avait une connaissance théorique et pratique de l'horlogerie tout à fait exceptionnelle chez un artisan de campagne. Constamment à la recherche d'idées nouvelles pour résoudre toutes sortes de problèmes techniques, il construisit des montres de poche avec d'ingénieux mouvements à calendrier, des sonneries à répétition et les phases de la lune. Si, malgré toutes ses inventions et tout son dévouement à son métier, Jean-Antoine ne connut ni la gloire ni la richesse, il sut en revanche inculquer à son fils Jean Adrien la passion de l'horlogerie et encourager son génie inventif. En fait, tout enfant, Jean Adrien avait déjà sa place à lui à l'établi de son père.A l'âge de 18 ans, considérant qu'il avait appris tout ce que pouvait lui enseigner son père, Adrien décida de quitter la maison pour aller approfondir ses connaissances et développer ses capacités chez d'autres maîtres, à l'étranger au besoin. La vie qui fut sienne durant ces années d'apprentissage loin du milieu familial fut une vie de privations et de travail souvent ingrat et, si le jeune Adrien Philippe n'avait pas été d'une nature très résistante, il serait probablement rentré chez lui un jour. Il travaillait chez un fabricant de chronomètres, au Havre, et bien souvent, après une longue journée de travail à l'établi, il passait encore de longues heures à lire des livres techniques. Vers 1836, le jeune horloger pouvait déjà s'enorgueillir d'avoir construit, durant son séjour au Havre, toute une série de montres exceptionnellement fines.A ce moment-là, la Suisse et surtout l'Angleterre régnaient en maîtres sur l'horlogerie et Adrien Philippe décida d'aller à Londres pour parfaire ses connaissances tant techniques que théoriques. Nous ignorons chez qui il travailla à Londres, à quelle époque précise et pendant combien de temps il demeura dans la capitale anglaise. Il réussit à mettre de côté un peu d'argent, ce qui lui permit d'envisager son retour en France. En compagnie d'un autre jeune horloger dont il avait fait la connaissance à Londres, il partit donc à Paris. Tous deux voulaient donner un nouvel élan à leur métier puisque l'activité horlogère de cette ville, exception faite de quelques grands maîtres, n'était plus alors qu'un pâle reflet de son ancien dynamisme.Ayant obtenu un appui de l'Etat pour l'établissement d'une manufacture de montres à Versailles, les deux horlogers enthousiastes et leurs collaborateurs non moins dévoués réussirent en peu de temps à mettre sur pied une entreprise florissante dont la production s'élevait à quelque 150 montres de poche par an. A l'époque, un tel rendement annuel constituait une performance remarquable, vu la difficulté de lancer une affaire avec un capital fort limité, performance d'autant plus remarquable que la petite manufacture fabriquait elle-même l'ensemble des organes du mouvement des montres, à l'exception toutefois des pièces de l'échappement à cylindre. Notons en passant qu'outre l'échappement à cylindre, dont les éléments lui étaient fournis par une autre firme, Adrien Philippe utilisait également l'échappement duplex, moins usité.Le 15 mai 1845, Adrien Philippe devint donc l'associé d'Antoine Norbert de Patek dans la firme PATEK & Cie à Genève et, pourtant, l'édition 1845 de l''Almanach du Commerce...' édité chez Didot-Bottin contenait encore l'annonce suivante: 'Philippe, fabricant de montres de Paris; montres à remontoir et à mise à l'heure par le pendant, système nouveau; 18 rue d'Angivilliers.' Le nouveau mécanisme de remontoir sans clef dont il est fait mention dans cette annonce avait été mis au point par Adrien Philippe à partir de 1842, son idée étant alors d'augmenter les ventes de ses montres par l'introduction d'une nouveauté qui saurait plaire au public. Si, de ce point de vue purement commercial, les efforts de Philippe ne furent pas tout de suite couronnés de succès, ils furent cependant à l'origine de sa rencontre avec Antoine Norbert de Patek et, partant, du plus important tournant de sa vie: son entrée dans la firme Patek & Cie qui marqua la fin de sa vie nomade, lui permettant de consacrer désormais tous ses efforts à la solution des problèmes techniques inhérents à la construction et à la fabrication de montres de poche.Dans ce monde nouveau qui était en train de naître, au seuil de l'industrialisation étendue à tous les domaines de la production, l'horlogerie ne pouvait plus se permettre de rester à l'écart. Les horlogers suisses eurent le mérite et la chance de prévoir cette évolution et de l'approuver malgré les inconvénients que pouvait impliquer la transformation des procédés de fabrication. Ainsi, contrairement aux horlogers Anglais par exemple, les Suisses réussirent non seulement à éviter le déclin, mais encore à améliorer leur position sur le marché mondial. Le grand talent d'innovateur dont Adrien Philippe fit preuve dans la construction et l'amélioration progressive de son système de remontage par la couronne lui permit également d'exceller dans le domaine des machines nécessaires à la production industrielle des montres. Ainsi, dès 1845, on l'utilisait chez Patek & Cie - transformée, le 1er janvier 1851, en PATEK Philippe & Cie. Le 17 août 1851, Jean Adrien Philippe épousa la Française Marie Anne Baille, fille de François Aristide Bailly et de sa femme Juline, née Chevrey. Cinq enfants naquirent de ce mariage Louise Antoinette, née le 24 juillet 1853; Anaïs Adrienne, née le 26 août 1854; Renée Justine Alexandrine, née le 27 septembre 1856; Jules jean Marie, né le 10 mai 1858, et joseph Emile, né le 24 juin 1862. Antoine Norbert de Patek fut parrain de quatre des cinq enfants.En 1863, Philippe publia à Genève et Paris son ouvrage fondamental sur les montres de poche sans clef, intitulé 'Les Montres sans Clef, se montant et se mettant à l'Heure sans Clef'. A la même époque, il commença à écrire régulièrement pour le 'Journal de Genève'', des articles traitant des problèmes horlogers dans le domaine particulier de la production industrielle des montres; il conserva cette activité jusqu'en 1892, peu avant sa mort. Aux expositions de Paris en 1875, de Zurich en 1883 et d'Anvers en 1885, Adrien Philippe, dont les constructions avaient si souvent remporté des prix lors d'expositions, fut membre du jury. En 1890, à l'âge de 75 ans, il reçut en France la croix de la Légion d'honneur en reconnaissance des services rendus.La mort subite de sa femme, en 1892, l'affecta si profondément que sa santé fut compromise et Jean Adrien Philippe mourut deux ans plus tard, le 5 janvier 1894, entouré de tous les membres de sa famille. I1 fut enterré au cimetière St-Georges, à Genève.

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