La Girard-Perregaux Sea Hawk

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La Girard-Perregaux Sea Hawk - Et pourquoi pas...?
Le point de vue du collectionneur sur une plongeuse... couronnée à 4h.

Il y a quelques jours, je vous parlais ici même de la TAG Heuer Jack Heuer Edition au design « Bullhead » (couronnes placées sur le haut de la boîte). Aujourd’hui, intéressons-nous à une autre forme d’originalité, qui nous ramène également dans le passé: la couronne « à 4 heures ».

Cette disposition pourrait sembler anecdotique, mais elle a pourtant une histoire et une raison d’être. Tout d’abord, les montres ainsi équipées sont principalement des « plongeuses ». En plaçant la couronne à cet endroit, les concepteurs visent à sécuriser la pièce. En effet, une couronne classique (à 3 heures) est plus exposée aux chocs et aux risques de s’accrocher à divers éléments lors des plongées.

Cela semble encore une fois un détail, mais si un tel événement se produit, il peut endommager ou fausser la couronne. Mais il y a – potentiellement – plus grave : un choc peut aussi la faire bouger, voire commencer à la dévisser, ce qui peut avoir des répercussions sur le fonctionnement ou l’étanchéité de la montre. Dans les deux cas, il y a un risque pour la sécurité du plongeur.

Les premières plongeuses (Rolex, Omega) n’avaient pas intégré de dispositif de protection, et l’expérience leur a rapidement montré qu’il fallait pallier ce défaut. Pour cela, deux options : garder la couronne à 3 heures, mais en la mettant à l’abri, ou la déplacer.

Plusieurs marques ont pris le chemin du changement esthétique et fonctionnel, créant ainsi des pièces au look particulier. Beaucoup d’entre elles iront d’abord se fournir chez Squale (marque associée à Von Buren), qui dans les années 60/70 produisait des boîtiers pour montres. Avant de lancer sa propre plongeuse (la fameuse 2001), Squale fournira ses boîtiers à couronne à 4 heures à plusieurs autres marques dont beaucoup ont disparu aujourd’hui, mais qui étaient des références dans cette période pré-quartz (Ocean Diver, Margi, Eagle Star, etc).

 

Squale

 

En 1975, Blancpain réalisera d’ailleurs pour les nageurs de combat de la Marine allemande sa très rare Fifty Fathoms BUND sur une base Squale. D’autres marques comme Heuer, Auricoste ou Doxa utiliseront le même design.

Beaucoup de ces pièces se retrouveront d’ailleurs au catalogue de la fameuse société Spirotechnique/Aqua Lung créée en 1946 pour commercialiser du matériel de plongée dont le détendeur Cousteau/Gagnan. Le fameux « plongeur jaune » (logo de « la Spiro ») était alors un gage de qualité que de nombreuses marques se disputaient. La Doxa Spiro et l’Auricoste Spiro (toutes deux sur base Squale) restent aujourd’hui des pièces très recherchées par les amateurs de plongeuses vintage.

Une autre marque a donné ses lettres de noblesse à la « couronne à 4 heures »: Seiko, dont une grande partie des montres de plongée a adopté ce design depuis longtemps, leur conférant ainsi un air vintage fort agréable.

Si cette disposition de couronne demeure très associée aux années 70, il m’a semblé intéressant de parler aujourd’hui de la Girard-Perregaux Sea Hawk, une montre qui réussit le pari de faire rentrer ce look dans le XXIème siècle, lui donnant ainsi une nouvelle jeunesse.

 

Girard-Perregaux-Sea-Hawk


Pourquoi Girard-Perregaux ?
J’avais déjà évoqué la marque originaire de la Chaux-de-Fonds, dans une précédente revue. Donc intéressons-nous aujourd’hui à l’appellation « Sea Hawk ». Girard-Perregaux utilise ce nom depuis de nombreuses années et les experts (en particulier Peter Conrad) estiment que sa première apparition date de 1932. A l’origine, les Sea Hawk étaient des pièces à vocation sportive, voire militaire, comme le montre certaines publicités de la marque datant des années 1940.

Cependant, aucun de ces modèles ne semblait avoir une vocation de plongeuse, même si leur communication mettait en avant l’étanchéité et la solidité. En fait, les Sea Hawk des années 50/70 étaient des montres de facture classique qui côtoyaient dans le catalogue Girard-Perregaux de « vraies » plongeuses comme la Deep Diver.

C’est d’ailleurs cette dernière qui allait donner à la marque ses lettres de noblesse en matière de montre de plongée. Dès 1957, la première Deep Diver affiche une étanchéité à 100 Fathoms (182 m). A partir de ce modèle Girard-Perregaux continuera à améliorer les caractéristiques techniques, jusqu’à proposer des montres reprenant l’ensemble des codes des plongeuses, comme la superbe Deep Diver Gyromatic Ref 9076.

Il faut cependant noter que presque toutes les Girard-Perregaux de plongée adoptaient à cette époque un design classique avec couronne à 3 heures, à l’exception des modèles proposant une lunette interne, activée par une couronne placée à 2 heures, et nécessitant ainsi de déplacer celle des réglages à 4 heures (comme sur la Deep Diver Ref 9108 de 1965).

Ce n’est que fin des années 80 que Girard-Perregaux regroupera ses plongeuses sous le nom de Sea Hawk, lançant en 2002 sa première Sea Hawk à couronne unique placée à 4 heures.
Le modèle dont nous allons parler aujourd’hui est la descendante de cette version.

 

Girard-Perregaux-Sea-Hawk-Pro-1000m


La Girard-Perregaux Sea Hawk : sous l’eau tout est différent …
S’il fallait résumer cette montre, on pourrait utiliser un qualificatif très simple : elle est différente. Son nom d’abord, dont nous avons évoqué plus haut l’origine. En effet, baptiser une montre de plongée du nom d’un oiseau peut paraître surprenant, même si ce dernier est un pêcheur !

C’est justement cette originalité qui fait de la Girard-Perregaux un modèle si sympathique. Il casse tous les codes !

Il y a d’abord ce boîtier ultra massif (44mm de diamètre, 17,1 mm de hauteur), de forme angulaire, tonneau et asymétrique. La fameuse couronne disposée à 4 heures est protégée par un rehaut surdimensionné qui ne fait pas dans la demi-mesure. Elle est recouverte de caoutchouc noir facilitant la préhension. Elle est aussi body-buildée. La lunette de couleur argent s’intègre parfaitement au design général de la pièce. Elle est ferme et se manœuvre facilement, compte tenu de sa taille, et est montée sur un joint en caoutchouc noir qui renforce la coté viril de la montre.

La Girard-Perregaux Sea Hawk est équipée d’une valve à hélium automatique (quasi indispensable pour une montre étanche à 1000m), disposée sur le côté gauche de la montre et est disponible en de nombreuses versions.
Ma favorite est le modèle en céramique qui reste malheureusement difficile à trouver.

La pièce dont je vous parle aujourd’hui en est donc une autre, plus claire. La référence 11-131 est équipée d’un cadran blanc/argenté et d’une lunette du même ton.
Le cadran constitue un autre élément fort séduisant. Il est profond, décoré d’un motif nid d’abeille et les indicateurs horaires en relief sont splendides !

C’est en la regardant de plus près que l’on se rend compte du coté « différent » de cette montre.
La date est placée entre 1 et 2 heures et la petite seconde entre 9 et 10 heures … C’est de l’inédit. Cette disposition permet de laisser place à une imposante réserve de marche à 6 heures, dont nous reparlerons lorsque l’avocat du diable s’exprimera …

 

Girard-Perregaux-Sea-Hawk-ceramic

 

Côté mouvement, la Sea Hawk abrite le calibre manufacture GP 3300, un superbe mouvement qui a fait ses preuves et qui est cette fois-ci doté d’une réserve de marche. Il n’est pas visible, Girard-Perregaux ayant fait le – bon – choix de doter sa plongeuse d’un fond plein.

Pour terminer, la Sea Hawk est logiquement proposée sur un bracelet caoutchouc avec boucle déployante, mais sera aussi offerte sur bracelet acier.

Avec cette montre, Girard-Perregaux nous éloigne d’un monde du silence calme et reposant. Cette pièce est abrupte, virile, sans concession et osée. Elle ne plaira pas à tout le monde, mais elle est diablement sexy …


Qu’en pense l’avocat du diable ?
Justement, il aime les excès et la Sea Hawk n’en manque pas !
Son seul reproche porte sur la présence d’une réserve de marche. Cette complication indispensable pour les montres dotées de remontage manuel semble parfois inutile sur des pièces automatiques.

Elle peut certes offrir une sécurité de plus en informant le plongeur sur le fonctionnement du mouvement, mais la petite seconde est déjà présente pour cela. Hormis cela l’avocat du diable pourrait reprocher à Girard-Perregaux ses autres choix (date à 1h30), mais ne le fera pas.
Parce Girard-Perregaux a osé, et c’est bien !


Quelle image véhiculera le porteur de cette Girard-Perregaux Sea Hawk
La Sea Hawk ne laisse pas indifférent. On aime – ou pas.
Le porteur de cette pièce affirme donc sa différence. Il ose une plongeuse qui ne se cache pas et qui ne suit pas les canons de la mode. Ici, pas de régime, ni de modération. Celui qui a choisi la Sea Hawk aime les formes et ne cherche pas la discrétion.

Alors, au moment d’aller surfer ou nager dans les eaux froides du Pacifique ou du Lac Léman, avec sa Sea Hawk au poignet, autant se différencier des autres nageurs en portant une combinaison Infinity Camo d’Excel.
Ou un masque EasyBreath de Tribord !

Bonne plongée !
 

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