Le graal de l'amagnétisme

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Le graal de l'amagnétisme - Swatch Group
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Avec un mouvement résistant à un champ de 15'000 Gauss, les chercheurs du groupe gagnent la guerre de l’horlogerie contre les champs magnétiques.

WORLDTEMPUS - 17 janvier 2013

Rédaction



Les champs magnétiques constituent l'un des plus farouches ennemis des montres mécaniques. Capables de stopper temporairement un mouvement, ils peuvent également altérer sa marche sur le long terme, nécessitant alors un passage en S.A.V.

Selon les statistiques d'Omega, pas loin de 15% des montres confiées aux ateliers de réparation de la marque doivent faire l'objet d'une démagnétisation. Un processus qui peut parfois impliquer le démontage complet de la pièce, chaque composant du mouvement devant être traité individuellement.

Alors que la puissance des aimants et des électroaimants ne cesse d'augmenter grâce, notamment, aux progrès des alliages utilisés, la réponse de l'horlogerie restait jusqu'à aujourd'hui l'utilisation d'une cage afin d'isoler le mouvement. Efficace seulement jusqu'à 1'000 Gauss, cette solution présentait d'autres handicaps : la cage elle-même interagissait avec le champ, elle nuisait par son épaisseur à l'élégance de la pièce et, surtout, elle devait présenter le moins d'ouvertures possible.

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Lorsque Monsieur Hayek décide de lancer la fine fleur de ses équipes de recherche et développement à l'assaut du magnétisme, il leur donne comme consigne de développer une montre capable de résister à 15'000 Gauss (soit plus que le champ magnétique d'un IRM), qui plus est équipée d'un fond saphir et d'un guichet pour la date. Plus question donc d'adopter la solution traditionnelle de la cage : c'est le mouvement lui-même est ses composants qui devront résister aux champs magnétiques.

Les ingénieurs d'ETA, d'Asulab, de Nivarox et d'Omega vont pouvoir mettre à profit les développements récents qu'ils ont déjà industrialisés avec succès : le spiral en silicium, non magnétique, mais également la roue d'échappement coaxial en nickel-phosphore. D'autres travaux sur les matériaux sont également mis à contribution, notamment ceux portant sur le liquidmetal, un alliage à base de Zirconium trois fois plus résistant que l'acier et déjà utilisé avec succès par Omega. On n'en saura pas beaucoup plus, secret technologique oblige.

Au final, pas moins de 9 brevets déposés en quelques mois et, surtout, un mouvement totalement insensible à des champs magnétiques de plus de 15'000 Gauss. Une limite d'ailleurs toute théorique, puisqu'elle correspond non pas à celle du mouvement, mais à celle des appareils de mesures utilisés. Les chercheurs n'excluent donc pas que des tests ultérieurs, menés avec des aimants supraconducteurs, puissent révéler une résistance bien supérieure.

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Première montre à profiter de ce mouvement, la Seamaster Aqua Terra d'Omega qui sera commercialisée dès octobre 2013. Un choix symbolique puisque la ligne Seamaster a accompagné l'histoire des grands développements technologiques de la marque, notamment dans le domaine de l'étanchéité.  Comme toujours chez Omega, il ne s'agira pas d'une opération isolée et l'ensemble des mouvements coaxiaux de la marque devraient profiter à brève échéance de cette avancée historique, démontrant ainsi que les solutions techniques retenues sont non seulement de très haut niveau, mais également parfaitement maîtrisées et industrialisables à large échelle. Du grand art.

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