Encore une fois, Hermès s’est montée très active dans les métiers d'art avec les modèles présentés à Baselworld 2016.
De nombreuses marques horlogères utilisent les métiers d'art dans leurs montres et beaucoup d’artisans travaillent aussi bien pour elles que pour nous. Dans ce cas, le plus important est de respecter ses racines. C’est également une bonne chose pour les artistes individuels, comme Anita Porchet, qui préfèrent travailler avec plusieurs marques plutôt que d'être attachés à une marque en particulier.
Comment est née cette nouvelle montre qui présente une nouvelle technique d’émail – l’émail ombrant?
Comme presque toujours chez Hermès, c’est le résultat d'une rencontre entre la marque et un artisan. Concrètement, quand j'ai rencontré Olivier Vaucher, il m'a montré un petit disque d'émail ombrant et je lui ai dit qu’il fallait que l’on fasse quelque chose ensemble. Ce n’est pas le genre de chose qui peut se faire via une recherche sur Internet ou par l'intermédiaire d'une agence. Il faut une rencontre face à face. Si nous ne pouvons pas présenter une nouvelle technique chaque année, ce n’est pas grave. Après tout, ces métiers d'art ne sont pas inépuisables. Ils doivent apporter quelque chose d'original.
Cette année, le thème artistique de la marque est «la nature au galop". Quelles possibilités offre-t-il?
Ce thème offre une incroyable richesse de contenus et une variété étonnante d'expressions créatives pour un artiste. La Slim d'Hermès Pocket Panthère, qui s’inspire de l'œuvre de Robert Dallet, célèbre pour ses illustrations de grands félins, en est un exemple parmi d’autres.
Combien de temps à l'avance ces thèmes sont-ils définis?
Ils sont définis deux ans à l'avance car nos créateurs ont besoin de temps pour développer leurs idées et se préparer. Sinon, nous n’aurions pas assez de temps pour réagir.
Vous avez dit que votre montre préférée cette année était la Slim d'Hermès Email Grand Feu. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi?
Avant tout, j'ai pensé qu'il était intéressant d'utiliser de l'émail sur un cadran de montre, mais dans un esprit contemporain. C’est donc l'association entre un art traditionnel tel que l'émail et l’aspect relativement contemporain de la montre. Cette dernière est moderne mais intemporelle. Pour qu’une montre devienne ma préférée, elle doit me parler. Il faut que j’aie envie de la toucher et de la porter. Ses proportions et son esthétique doivent me plaire. Mais ce n’est pas toujours facile d'expliquer pourquoi on aime telle ou telle montre. C’est une histoire de feeling, comme quand on rencontre une nouvelle personne.
Hermès est connue pour être un peu décalée, notamment avec ses dessins et sa communication. Est-il difficile d’insuffler cet esprit dans une montre?
Oui c’est difficile parce que l'horlogerie est une profession qui se prend au sérieux et qui est très technique et méticuleuse. Et pourtant, nous essayons d’y inclure des thèmes plus légers, comme nous l'avons fait avec le Temps Suspendu, par exemple. Cette montre a un côté totalement décalé, et c’est ce que les gens attendent de nous. Dans une certaine mesure, nous aimons faire le contraire de ce que font les autres. Mais il faut trouver la bonne manière de le faire : surprendre, mais avec bon goût et élégance.
La Maison Hermès travaille avec un nombre considérable de métiers d'art. Est-il plus difficile de les appliquer à des montres pour hommes que pour dames?
Non, je ne pense pas. Nous avons beaucoup travaillé sur des montres masculines ces dernières années et nous allons progressivement tourner notre attention vers des modèles pour dames dans les années à venir. Après tout, 80% de nos produits sont destinés aux femmes. Nous allons continuer à travailler sur des complications du type Temps Suspendu et Heure Masquée, parce que c'est une petite niche que nous nous sommes créée. Les projets ne manquent pas.
