L’héritière d'une tradition horlogère basée sur les complications

Image
The heir to an horological tradition based on complications - Pierre DeRoche
Créée en 2004, la marque Pierre DeRoche continue de développer des garde-temps faisant la part belle à la technicité, à la mécanique et à la précision.

Une belle histoire de vie

Pierre DeRoche, c’est une belle histoire… de couple. Celle de Pierre et Carole. A la Vallée de Joux, ils fréquentent le même collège. A l’époque, une petite différence d’âge les sépare. Mais lors d’une soirée au Lieu, tout va changer. Carole a 18 ans, Pierre en a 23. Entre eux, c’est l’évidence, et ils ne vont plus se quitter.

 

Pierre et Carole Dubois

 

La force de la complicité

Dans la famille de Pierre Dubois, on est horloger dans l’âme. De père en fils. Et pour cause : depuis quatre générations, la maison familiale Dubois-Dépraz conçoit et réalise des complications pour les grands noms. Carole, quant à elle, est d’abord laborantine.

Et c’est aussi une maman qui se consacre beaucoup à ses enfants. Mais un certain esprit entrepreneurial, et l’immersion dans le monde de la famille Dubois, la font entrer de plein pied dans l’horlogerie.

A deux, ils vont créer la marque Pierre DeRoche. L’alchimie de ce couple est à l’image des complications horlogères qui en jalonnent l’histoire.

 

Au fil des secondes, le temps s’égrène

Leur truc à eux ? Les secondes ! En témoigne la création en 2009 - une première mondiale - du premier calibre capable de loger six mécanismes de secondes rétrogrades, et qui est abrité par la TNT Royal Retro.

 

Pierre DeRoche TNT Royal Retro

 

Secret de fabrication

Un relais de six aiguilles de secondes rétrogrades. C’est un entraîneur qui actionne, sur six périodes de dix secondes chacune, une série de roues qui mettent un râteau en action. Pivotant sur un rubis, ce dernier agit sur le ressort à talon qui se tend en se déplaçant légèrement. Il résiste dix secondes…

Puis l’entraîneur dégraine. L’aiguille des secondes rétrogrades revient à sa position de départ et passe le témoin à la suivante. Et ainsi de suite, le temps s’égrène. Si cette complication s’affiche comme étant avant tout ludique, elle témoigne aussi d’une approche totalement novatrice. 

Avec la TNT Royal Retro Sapphire, cette prouesse est aujourd’hui magistralement réinterprétée dans une exécution tout en transparence, les 7 ponts apparents du calibre étant façonnés en saphir. Le résultat est fascinant.

 

Pierre DeRoche TNT Royal Retro Saphir

 

Le saphir : clarté, pureté et résistance

La transparence du saphir résulte de la pureté de sa composition - faite de cristaux d’oxyde d’alumin -, mais il s’avère être un matériau très complexe à usiner de par sa dureté. Nulle erreur n’est permise à aucun stade de son usinage ni de son polissage (une opération destinée à rendre le saphir transparent), et tant les outils que les meules diamants sont spécialement conçus pour cet usage.

 

Une collaboration fructueuse

C’est pourquoi, pour relever le défi de garantir les tolérances indiquées sur les plans de fabrication, Pierre Dubois a fait appel à la collaboration d’Audemars Piguet Renaud et Papi (APRP), dont la renommée n’est plus à faire quant à ses prouesses techniques dans la conception et la réalisation des mouvements d’exception.

Les 6 ponts de secondes périphériques, ainsi que le pont de rouage central hexagonal, tous en saphir, sont le fruit de cette fructueuse collaboration avec APRP, de même que la fabrication et le montage des chatons dans lesquels les rubis sont chassés.

 

Eclairage

La réalisation du pont central ou pont de rouage, lui aussi en saphir, représente une véritable prouesse technique car il comprend, sans compter le perçage du passage des aiguilles au centre, 12 trous dans lesquels sont fixés les chatons. A noter qu’il est très difficile de percer dans un matériau aussi dur que le saphir, des trous de si petits diamètres car cela entraîne de gros risques de casse et d’égrisures.

Une complication spectacle avec les sept ponts apparents du calibre façonnés en saphir. Edition limitée à 11 pièces.

Les chatons désignent les bagues métalliques dans lesquelles sont chassés les rubis. Ils sont également fabriqués et montés par APRP car cette opération artisanale demande une main d’œuvre spécialisée. Les indications sur les ponts en saphir ont été réalisées par métallisation.

Ce procédé consiste à déposer une couche métallique d’épaisseur inférieure à 1 micromètre sous vide permettant de réaliser des décors et des informations d’une précision extrême et d’une surface très homogène.

 

Un esprit familial

Alors oui, la montre Pierre DeRoche vit par son mouvement. Et cette marque singulière, à l’identité contemporaine et innovante, tient à conserver un esprit familial au sein d’une manufacture à la production limitée.

 

Les 5 dates clé de la maison

1901
Marcel Dépraz crée son atelier d’horlogerie
1907
Première complication additionnelle
1937
Reynold Dubois, son gendre, rejoint la maison
1956
Gérald Dubois y développe le premier chronographe automatique
2004
Création de la marque Pierre DeRoche par Pierre et Carole Dubois

L’existence de la marque Pierre DeRoche est intimement liée à l’histoire familiale de la maison Dubois-Dépraz, dont les racines remontent au début du 19e siècle avec le développement de complications additionnelles. Dès 1907, des modules à adjoindre à des mouvements non finis sont créés au sein de la maison. L’année 1925 voit la création de la première Répétition à quarts.

 

Pierre DeRoche Milady Royal Retro

 

Douze ans plus tard, c’est un audacieux système à came, remplaçant la traditionnelle roue à colonne, qui voit le jour. De génération en génération, la famille s’illustre dans le développement de mouvements et de calibres de référence. C’est pour rendre hommage à cette histoire familiale qui a écrit d’importantes pages de l’horlogerie contemporaine que Pierre Dubois, arrière-petit-fils de Marcel Dépraz, et sa femme Carole, ont créé la marque Pierre DeRoche en 2004.

 

Pierre Dubois

 

Interview de Pierre Dubois

TIMEFAIR : Quelle est l’origine du nom « Pierre DeRoche » ?

Lorsque j’étais enfant, un vieil horloger que je croisais sur le chemin de l’école me disait que lorsque l’on s’appelle Dubois, on ne peut pas s’appeler Pierre ! Le « mariage » de ces 2 matières lui était tellement inconcevable qu’il m’a toujours appelé « Pierre de Roche ».

 

Quels sont les principaux défis que doit relever une marque horlogère indépendante comme la vôtre ?

Sur le plan « produit », il faut être en permanence créatif tout en accordant une priorité absolue à la fiabilité. Ensuite, le défi majeur est de trouver des partenaires, en général des détaillants multi-marques, prêts à retrousser leurs manches pour promouvoir une marque qui, de facto, est peu ou pas connue de sa clientèle. Avec les moyens financiers d’une petite marque, nous devons en permanence chercher à « faire mieux ou plus avec… moins » !

 

"Il faut être en permanence créatif tout en accordant une priorité absolue à la fiabilité."


 

Professeur de sport, puis expert financier dans le secteur bancaire… Votre cœur s’est ensuite remis à battre au rythme de l’horlogerie. Un rythme que vous connaissiez bien de par votre histoire familiale. Quel en fut pour vous le déclic ?

Le déclic est incontestablement mon passage (14 ans) chez Audemars Piguet. C’est là que le puzzle s’est progressivement mis en place, c’est là que j’ai vraiment eu envie de me rapprocher du produit. Après 12 ans une opportunité s’est alors présentée de quitter la direction financière pour prendre d’autres responsabilités, mais au niveau « produit » cette fois. Je l’ai saisie et j’ai amorcé alors mon 3ème virage à 90° !

 

Vous avez assuré la direction financière puis opérationnelle de la manufacture Audemars Piguet durant plus de dix ans, avant de créer avec votre épouse la marque Pierre DeRoche. Vous gardez avec cette grande maison des liens étroits. Quels sont-ils ?

Par la force des choses, étant natif et vivant à la Vallée de Joux, j’ai d’abord conservé des rapports d’amitié avec de nombreuses personnes. Puis les années passant, il y a eu une envie de collaborer techniquement. Je souhaitais réaliser un produit Pierre DeRoche avec des ponts en saphir, et je connaissais les aptitudes d’APRP dans l’usinage de matériaux minéraux. Les contacts amicaux que j’avais gardé avec Fabrice Deschanel ont alors permis de conjuguer nos savoir-faire et réaliser ce superbe mouvement Royal Retro et ses 7 ponts en saphir.

TimeFair, mars 2014

Marque