Vincent Calabrese, créateur horloger

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Portrait d'un horloger en quête de vérité.
Lettres du Brassus - Numéro 08Michel Jeannot

 

EN QUÊTE DE VÉRITÉ

La recherche horlogère est une quête qui n'a jamais cessé de motiver Vincent Calabrese. Cet autodidacte d'origine italienne, créateur de sa propre marque et fondateur de l'Académie Horlogère des Créateurs Indépendants (AHCI), a rejoint les équipes de Blancpain, mandaté pour la réalisation de projets inédits. Portrait d'un horloger en quête de vérité.

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S'il est un garde-temps qui a retenu toute l'attention des observateurs à l'automne 2008, c'est bien le Carrousel Volant Une Minute de Blancpain : une première mondiale qui pouvait se targuer de réinterpréter avec bonheur l'invention de Bahne Bonniksen datant de 1892. « Prodigieuse construction horlogère, cette pièce prend place sur l'échiquier des complications comme une alternative au tourbillon, précisait la Manufacture lors de sa présentation. Premier carrousel de l'histoire proposé sur une montre-bracelet, le plus performant jamais réalisé, ce garde-temps est le fruit d'un travail de longue haleine. Comme ce nouveau venu dans le catalogue de Blancpain n'appartient à aucune famille existante, la marque lui a laissé une place à part, en dehors de ses collections historiques. »


SUBLIMATION D'UNE COMPLICATION HORLOGÈRE

Rien d'étonnant si l'on songe que c'est Vincent Calabrese qui a mis au point cette petite merveille pour la Manufacture du Brassus, apportant une réponse définitive aux détracteurs de cette complication horlogère qui, selon le créateur, fait preuve d'un rendement mécanique nettement meilleur qu'un tourbillon dans la compensation des effets de la gravité terrestre. « En ce sens, il faut aujourd'hui revoir les manuels d'horlogerie, commente Vincent Calabrese. Même si le ballet mécanique des tourbillons reste des plus fascinants pour les amateurs d'horlogerie, ce qui explique assurément son succès, d'un point de vue mécanique, il n'apporte pas grand chose. En résumé, appliquer un dispositif tourbillon dans un chronomètre de marine, qui par effet du cardan reste toujours rigoureusement plat, ne sert à rien. Appliquer un tourbillon dans une montre-bracelet que le porteur brasse continuellement et de façon désordonnée, ne sert à rien. Appliquer un tourbillon dans une horloge qui garde rigoureusement toujours la même position verticale serait la seule application raisonnable, mais ne se justifie pas. Ceci dit, le tourbillon étant la plus belle et fascinante réalisation esthétique de l'horlogerie, Blancpain continuera toujours à fabriquer son tourbillon qui reste le plus beau qui ait jamais existé. »

Cette option retenue par Vincent Calabrese de construire un carrousel pour Blancpain, d'entente avec Marc A. Hayek, aux commandes de cette marque entrée dans le giron de Swatch Group en 1992, ne doit rien au hasard. Les relations du maître horloger avec la Maison du Brassus remontent en effet à 1985, date de la création de l'Académie Horlogère des Créateurs Indépendants (AHCI) par Vincent Calabrese et Svend Andersen. Une Académie dont le but était « de montrer que, parallèlement à la fabrication industrielle des montres et horloges, la fabrication artisanale avait toujours une place très importante à défendre. »

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UNE PREMIÈRE PIERRE À L'ÉDIFICE

« Lors de la création de l'Académie, je ne voulais pas arriver sans apporter une première pierre à l'édifice, explique l'horloger. Raison pour laquelle j'ai présenté un modèle de montre tourbillon que j'avais développé trois ans auparavant lors d'un concours organisé par le Musée d'horlogerie du Locle, mais qui n'avait pas été retenu. Pour moi, c'était une sorte de pied de nez aux organisateurs de ce concours dans la mesure où le gagnant avait remporté le prix avec une autre de mes réalisations, une Golden Bridge présentée en pendentif. Mais qu'importe, ce tourbillon a suscité l'intérêt de Blancpain qui m'a mandaté pour réaliser un nouveau prototype de cette complication. »

Comme l'explique Vincent Calabrese, le choix était des plus simples : « Soit, je réalisais un tourbillon classique, dans la ligne de l'invention d'Abraham-Louis Breguet, c'est-à-dire avec une rotation de la cage en une minute et un balancier positionné en son centre, soit je leur proposais un tourbillon à ma façon avec un échappement décentré, en sachant que les puristes allaient certainement rétorquer qu'il s'agissait là d'un carrousel, une complication largement méprisée. Finalement, Blancpain a retenu la seconde proposition. Je suis donc parti sur ces bases pour créer un tourbillon volant à huit jours de réserve de marche, le plus plat jamais réalisé avec ses 3.50 millimètres d'épaisseur, doté d'un échappement en ligne avec un balancier équipé d'antichocs, également une première, entièrement visible par souci d'esthétique. Mais si le premier prototype fonctionnel était prêt en 1986, la Maison ne l'a présenté qu'en 1990, évitant en outre de m'en attribuer la paternité. Comme je le pensais d'ailleurs, ce tourbillon a immanquablement suscité la polémique. C'est l'arrivée de Marc A. Hayek à la tête de Blancpain qui a normalisé nos relations. Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes promis de faire quelque chose ensemble. C'est de là qu'est venue l'idée de réaliser cette fois un carrousel. Et pour bien montrer qu'en matière d'horlogerie rien n'est immuable, j'ai positionné le balancier au centre d'une cage qui effectue sa révolution en une minute. Esthétiquement, le résultat est le même que celui du tourbillon, mais techniquement, sa plus grande complexité et la maîtrise totale de sa vitesse de rotation en une minute lui donnent un net avantage. »

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SANS DIEUX NI MAÎTRES

Cette collaboration entre Vincent Calabrese et Blancpain pour la réalisation du Carrousel Volant Une Minute n'en restera toutefois pas là. Dans la foulée de la présentation de cette pièce exceptionnelle, les deux parties annonçaient leur rapprochement via le rachat par Blancpain de l'entreprise de Vincent Calabrese qui, par là même, rejoignait les rangs de la Maison en tant que créateur horloger dès 2008. Cela permet à l'horloger d'avoir à disposition des ressources et une logistique nouvelles. Mais surtout, Marc A. Hayek lui laisse une liberté de manoeuvre et de pensée qui doit lui permettre de laisser s'exprimer pleinement sa créativité et d'ouvrir de nouveaux horizons. Vincent Calabrese se plaît à le souligner : « J'ai eu énormément de plaisir à travailler avec les équipes de Blancpain. On m'a fait confiance en pensant que j'avais encore quelque chose à offrir et à inventer en horlogerie malgré mes 64 ans. De mon côté, j'étais fatigué des aspects commerciaux et de production. Après 31 ans d'indépendance, je n'avais plus rien à prouver. J'ai donc ouvert les yeux. Cette association avec Blancpain m'amenait toute la liberté voulue en termes de création et un outil industriel rêvé. Je me suis dit qu'il était temps de finir ma vie professionnelle en apothéose. J'allais pouvoir me consacrer uniquement à la création et à la recherche pour prouver que l'on peut encore innover en matière horlogère. En intégrant Blancpain, je peux affirmer que j'ai réalisé un vieux rêve. Avec les progrès technologiques de ces dernières années, il est désormais possible d'apporter un souffle nouveau à l'horlogerie. Et croyez bien que je ne dis pas cela à la légère, moi qui ai toujours affirmé que rien n'avait été entrepris en la matière depuis quatre siècles ! »

Cette vision de l'horlogerie est en tout point conforme à l'esprit de Vincent Calabrese, un autodidacte sans dieux ni maîtres, dont la ‘mal-formation‘ s'est révélée payante pour lui avoir donné une liberté d'esprit atypique dans la profession. « Ma chance, finalement, est d'avoir pu exercer tous les métiers de l'horlogerie durant les années 70 et 80, poursuit-il, du service après-vente à la grosse production en passant par le rhabillage ou la vente en boutique haut de gamme. Ma condition ne me portait toutefois pas à être assis en compagnie de chefs d'État ou de vedettes comme j'ai eu l'occasion de le vivre par la suite. À Naples, ma ville d'origine, j'ai côtoyé la misère noire, d'où la dimension humaine qui m'a toujours habité. C'est pourquoi l'horlogerie a été un défi pour moi. Je me suis toujours senti motivé par une certaine hargne. Une hargne contre les faux semblants, les inégalités, le manque de reconnaissance, le clinquant et les apparences devant lesquelles les gens se prosternent. C'est cette agressivité, cette violence que j'ai voulu exprimer à travers mes montres. Et si je leur ai donné le nom de ‘Poésie Mécanique‘, c'est parce qu'à travers la poésie, il est possible de dire les vérités qui dérangent. »

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LA GOLDEN BRIDGE, UNE ILLUMINATION

Vincent Calabrese quitte donc la boutique qu'il tenait à Crans pour se mettre à son compte, en 1977, avec la création de sa première ligne de garde-temps : les Spatiales, caractérisées par leur minimalisme et leur tourbillon volant. « Quand j'ai terminé la Golden Bridge et que le balancier de son mouvement baguette a fait son premier tic-tac, j'en ai pleuré, s'exclame-t-il. Une véritable illumination. Moi, un nonhorloger en quelque sorte, je pouvais donner vie à des pièces mécaniques. Cette illumination a changé ma vie. » Durant un peu plus d'une décennie, Vincent Calabrese va donc poursuivre sur la voie qu'il s'est tracée en créant avec rage pour alimenter son catalogue. Las, la mayonnaise peine à prendre. Les Spatiales ne permettent pas à l'horloger d'en vivre. Vincent Calabrese : « À l'époque, j'étais totalement obnubilé par mes montres. Le manque de reconnaissance, même s'il m'énervait suffisamment pour me motiver, avait fini par engendrer une certaine lassitude. J'allais avoir 45 ans et peu de perspectives d'avenir. J'ai donc décidé de jouer ma dernière carte en enterrant mon travail d'horloger pour donner davantage d'importance à la partie créative. En d'autres termes, j'allais prendre un mouvement standard et un habillage standard pour, de ces pièces ordinaires, faire quelque chose d'extraordinaire. À la fin des années 1988, mon premier modèle était prêt, la Baladin, dotée d'une heure sautante et vagabonde, c'est-à-dire positionnée dans un guichet qui sert également d'indicateur des minutes par sa rotation sur le cadran. La grande seconde est positionnée au centre. En ce sens, le Salon de Vincenza, où j'allais la présenter l'année suivante, allait être décisif. »

Pari gagné. La Baladin rencontre un franc succès. Sur les vingt stands du salon, une dizaine se montre intéressée, débouchant sur sept commandes fermes. En parallèle, avec un ami journaliste italien, Vincent Calabrese lance une souscription sur dix tourbillons à créer, tous personnalisés, dont l'avancée des travaux devait être relatée par l'horloger dans le magazine. Et pour bien montrer qu'il n'avait rien perdu de son côté iconoclaste, Vincent Calabrese présente à Bâle la même année une pendulette dotée d'un échappement tournant inédit qui prend la forme d'un pendule positionné au bout de l'aiguille des minutes, pendule qui n'est autre qu'un tourbillon. « Cette année 1989 a marqué un énorme changement dans ma vie, se souvient Vincent Calabrese. Après Vincenza, je me suis retrouvé avec un chiffre d'affaires confortable alors que les années précédentes, j'étais aux abois. Cela m'a permis de voir les choses différemment, de ne plus être prisonnier de mes Spatiales et de concevoir d'autres collections. »

LE VIRUS DE LA RECHERCHE HORLOGÈRE

À la Baladin succède ainsi la Commedia, pièce de base de la gamme des Philosophiques, soit une montre à quartz dotée d'un mécanisme d'heures sautantes breveté, heures qui s'affichent dans un guichet positionné à 6 heures dans l'écartement d'un rideau de théâtre. Un clin d'oeil encore une fois ironique à la grande mode des garde-temps mécaniques sans âmes et des montres électroniques sans identité.
« L'horlogerie était alors en plein boom et nombre de nouveaux venus sur la scène arrivaient avec des pièces mécaniques qui me faisaient concurrence. C'est pour cette raison que j'ai réalisé ce modèle avec un mouvement à quartz, une forme d'insulte à leur encontre, et que j'ai imaginé ce décor en forme de rideau de théâtre pour dénoncer cette usurpation. Je n'ai toutefois pas voulu me contenter d'un mouvement ordinaire. J'ai donc imaginé une heure sautante, complication simple, dit-on, mais difficile à faire fonctionner de manière satisfaisante. À l'époque, deux grandes Maisons produisaient également des modèles à heures sautantes, mais peu fiables et à des prix complètement prohibitifs. Ma montre est également une réponse que je leur adressais car on nageait bel et bien en pleine comédie. » Vincent Calabrese imaginera ensuite deux déclinaisons de sa Commedia : la Divina Commedia, où les heures sautantes sont remplacées par des mots sautants tirés du poème de Dante, et la Mona Lisa, où ce sont des images qui sautent, représentant l'effeuillage de Lisa. Si la première a été un bide, la seconde a en revanche rencontré un franc succès.

Vincent Calabrese n'en a pas pour autant abandonné ses projets mécaniques. Fidèle à son idée à la base de la Baladin, il va enrichir ses collections Ludiques et Techniques de modèles relevant du même concept, à savoir des affichages inédits et des complications horlogères – réserve de marche, double fuseau horaire, indication des semaines de l'année … – harmonieusement intégrées dans un mouvement existant comme le ETA 2892 et ce, sans que le volume initial ne soit modifié quel que soit le nombre de complications. « Mon objectif était de réaliser au moins une nouvelle montre par année, sans compter celles que je créais pour des tiers. À chaque fois, c'était donc un nouveau défi que je me lançais pour tenter d'aller plus loin que ce qui avait déjà été fait. J'ai ainsi conçu un mécanisme de réserve de marche qui reste le plus fiable et le plus plat jamais réalisé avec ses 8/10 de millimètre d'épaisseur. Cette démarche m'a également amené à intégrer jusqu'à six complications dans une même épaisseur de 1 millimètre, toutes les corrections s'effectuant par la couronne. Chez moi, la recherche est un véritable virus. Associé à mon expérience, cela me permet d'arriver à des résultats plutôt satisfaisants. Car je ne suis pas uniquement un constructeur. J'ai été formé à l'établi. C'est très important. J'empoigne donc les problèmes à l'inverse de ce qui se fait généralement. En d'autres termes, je pars de l'émotion finale évoquée par un garde-temps et je remonte le fil pour trouver ce qui a bien pu la susciter. »

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REPOUSSER LES LIMITES

Malgré une percée cette fois remarquée dans le monde de l'horlogerie, en 2003, la situation se complique pour Vincent Calabrese. Un décès sonne le glas de son indépendance : « Je ne pouvais plus travailler seul. La plupart du temps, j'arrivais à m'en sortir avec l'aide de ma fille. Mais là, je ne pouvais plus gérer mon volume d'affaires qui pouvait aller jusqu'à 800 montres par année, entièrement confectionnées par mes soins. Avec un partenaire, j'ai donc décidé de créer une société anonyme. Et pour bien marquer la distinction avec la production artisanale qui m'avait caractérisé jusqu'ici et ne pas léser mes clients face à cette nouvelle démarche à but nettement plus industriel, je l'ai appelée la Nouvelle Horlogerie Calabrese ou NHC. En 2004, nous avons présenté nos premiers modèles à Bâle non sans un certain succès. L'avenir semblait des plus prometteurs avec un chiffre d'affaires qui dépassait largement le million de francs. L'aventure aura toutefois été de courte durée. Pour des raisons financières liées à un problème de liquidités, nous avons dû mettre la clé sous le paillasson en 2006. »

Vincent Calabrese n'allait toutefois pas rester désoeuvré bien longtemps. Blancpain sonne en effet à sa porte. L'aventure du Carrousel Volant Une Minute allait commencer, suivie du rapprochement que l'on sait. « Pour moi, tout était positif dans cette nouvelle situation, d'autant que j'allais pouvoir me consacrer à ma véritable inclination consistant à repousser sans cesse les limites de l'horlogerie. Cette perte d'indépendance pourrait facilement passer pour un aveu d'échec. Pour moi, il n'en est rien. Il s'agit d'un nouveau défi que je relève dans des conditions idéales car je suis totalement libre et sans cahier des charges. Pour aller plus loin, je dois absolument être libre. » Vincent Calabrese reste ainsi fidèle à sa nature, une nature qui s'énerve de tout mais ne s'emporte de rien. Toujours aussi iconoclaste, il avoue ne pas être passionné par l'horlogerie en soi mais bien plutôt par la quête de vérité, une vérité philosophique qui s'écarte des idées reçues, toujours prompte à les remettre en question.

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« RENDRE À CÉSAR CE QUI EST À CÉSAR »


Ce n'est ainsi pas un hasard si, parmi les horlogers qu'il admire, on retrouve Pierre Le Roy, « l'inventeur de l'échappement libre qui s'est fait rouler dans la farine toute sa vie tellement il a fait preuve d'honnêteté », ou encore John Harrison « à qui l'on n'a jamais pardonné d'être un autodidacte et qui a pourtant obtenu les meilleures résultats en chronométrie jamais atteints. Deux hommes qui me ressemblent finalement, commente Vincent Calabrese. Mais attention pas de vénération inconsidérée. L'idolâtrie est dangereuse. Si, par exemple, j'ai le plus grand respect pour Michel-Ange ou Léonard de Vinci, je ne peux m'empêcher de relever leurs défauts. Pour ce qui est de Léonard de Vinci, voilà un homme moderne, doté d'une intelligence et d'une vision rares, en constante recherche, mais qui n'a jamais véritablement terminé ce qu'il a commencé. »

Cette forme d'idolâtrie qui mène à regarder certains entrepreneurs ayant récemment investi la profession comme des génies de l'horlogerie, est un autre sujet qui fâche Vincent Calabrese. « C'est de l'usurpation et ça m'énerve. Quant à moi, j'ai toujours voulu rendre à César ce qui est à César. Je sais bien que l'homme a besoin d'un dieu ou de dieux, mais c'est un manque total de discernement. Comme je l'ai dit, j'ai eu la chance d'exercer tous les métiers de l'horlogerie. Et à chaque fois, j'ai voulu vaincre les difficultés et prouver à tous ces menteurs qui prétendent avoir tout fait, tout connu, qu'ils ont tort. C'est pourquoi, également, je ne cherche à faire que ce que les autres ne peuvent pas faire. Pourquoi je perdrais mon temps à réaliser des Côtes de Genève, par exemple, alors que certains professionnels le feront nettement mieux que moi. À travers mes capacités créatrices, j'ai eu la possibilité de m'exprimer, de prendre des risques pour construire. Si je ne l'avais pas fait, je me serais considéré comme un traître à moi-même. »

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UN MESSAGE D'ESPOIR CONCRÉTISÉ

Rien d'étonnant dans ces conditions à ce que l'on retrouve Vincent Calabrese en tant que fondateur de l'Académie Horlogère des Créateurs Indépendants (AHCI) en 1985. « Elle est à l'origine de 40 % à 50 % de l'horlogerie actuelle, dit-il, vu l'explosion des constructions à laquelle nous avons assisté ces dernières années. Ce que nous avons semé a porté ses fruits, comme on le constate aujourd'hui. À la base, le but était de laisser une trace constructive, un message d'espoir pour tous ceux qui, comme moi, veulent exécuter des oeuvres exceptionnelles d'horlogerie classique tout en évoluant dans la technicité et l'esthétique. Je pense que nous avons eu raison. » Le nouveau chapitre que Vincent Calabrese écrit aujourd'hui chez Blancpain s'inscrit dans la continuité. « Je veux mettre à profit ma situation actuelle pour me consacrer à l'aboutissement de certaines montres que je n'aurais pas eu les moyens ni le temps de réaliser lorsque j'étais indépendant et surtout, de m'attaquer au coeur du problème, c'est-à-dire la technologie de la montre elle-même. Donc revoir complètement le stockage de l'énergie et sa distribution, les engrenages et leur amélioration, les frottements, l'échappement, et j'en passe. »

De ses débuts à aujourd'hui, le parcours de Vincent Calabrese a pris la forme d'un humanisme assumé où morale et vérité sont les maîtres mots de sa démarche d'horloger en quête de savoir. Pour ce trublion de la profession, fou du roi, rebelle ou empêcheur de tourner en rond, sobriquets dont on l'a souvent affublé, la mesure du temps est un combat qui ne s'arrête jamais. Pour son plus grand plaisir…

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