Michel Jeannot
La société Tudor est devenue le « timing partner » du prestigieux constructeur de motos italien Ducati. Après son partenariat avec Porsche, Tudor renforce ainsi sa présence dans le sport mécanique et s'intronise dans un univers très peu prisé par les horlogers du segment médian. C'est au musée Ducati de Borgo Panigale (Bologne), sur le site de production de la marque italienne, que Philippe Peverelli et Gabriele del Torchio, respectivement CEO de Tudor et de Ducati, ont scellé leur alliance. « Un partenariat en cohérence et de consistance, souligne Philippe Peverelli. Avec Ducati, nous poursuivons dans l'univers des deux roues ce que nous avons entamé en 2009 avec Porsche pour les quatre roues. Nous ne sommes pas dans une course effrénée, mais nous entendons progresser avec régularité en respectant les valeurs de la marque. Ce partenariat avec Ducati s'inscrit parfaitement dans cette stratégie. »
La présence de Jean-Claude Killy, administrateur de Rolex et passionné de sport mécanique, aux premières loges lors de cette annonce, est naturellement perçue comme un signe fort pour « l'autre marque » du groupe Rolex (et non « la seconde », comme aime à le préciser à ses interlocuteurs Gian Riccardo Marini, le nouveau patron de Rolex). « Ce partenariat est excellent pour les deux sociétés Tudor et Ducati, commentait Jean-Claude Killy sur le circuit de Mugello au lendemain de l'annonce. L'univers de la moto est très intéressant pour Tudor, car le milieu est peu prisé par les horlogers de ce segment et que nous devons nous distinguer. »
Fondée en 1926 (comme Tudor !), Ducati est une légende du sport motorisé, une icône mécanique à l'italienne avec toute la passion qui y est naturellement associée. Société à nouveau en mains familiales, Ducati produit quelque 40'000 motos par an et emploie près de 1000 collaborateurs en Italie et dans le monde, dont 120 occupés exclusivement par le département sport « Ducati corse » qui anime le circuit de moto GP et son légendaire pilote, Valentino Rossi (lui-même sous contrat avec Jaeger-LeCoultre).
Porteur de la « passion partagée pour la vitesse et la performance, » ce partenariat avec Ducati s'inscrit dans la stratégie de Tudor de s'émanciper quelque peu de son prestigieux mentor en défrichant des horizons non occupés par la marque à la couronne. Il complète dans l'univers mécanique l'association entamée il y a deux ans avec Porsche et qui a notamment permis à Tudor d'appuyer la ligne Heritage. Dans ce même esprit, l'image de Ducati devrait permettre d'asseoir davantage la collection Fastrider. Un premier modèle célèbre ce partenariat, « mais l'association offre de nombreuses opportunités », entend-t-on tant chez Ducati que chez Tudor. « Nous avons beaucoup d'idées pour faire vivre et enrichir ce partenariat avec Ducati, mais nous prendrons le temps nécessaire, » souligne pour sa part Philippe Peverelli, CEO de Tudor.
Outre les « valeurs partagées », le partenariat révèle une complémentarité évidente entre les deux sociétés : Tudor est extrêmement forte en Asie, là où Ducati commence seulement son expansion (les motos de plus de 250 cm3 étaient, jusqu'à peu, interdites en Chine), tandis que le marché No1 du constructeur italien est les Etats-Unis, région où Tudor est encore mal implantée.
BIPH
