«Je vais réussir»

J'ai toujours pensé qu'être le fils de quelqu'un qui compte dans la vie d'une entreprise n'est pas du tout facile. C'est même un handicap. Je veux parler, bien sûr, d'Arlette Emch, directrice de la marque Swatch et qui est donc un des piliers de cette maison. Dans la lancée, Nicolas G. Hayek n'avait pas hésité à nommer son fils, Manuel Emch, à la tête de Jaquet Droz. A ce poste, ce charmant jeune homme, très classe, ne s'est pas mal débrouillé du tout. D'autant plus qu'il n'avait pas les mains entièrement libres, car il devait toujours en référer au grand patron.

Malgré tout, il a réussi à conduire cette maison à bon port. Elle lui doit deux de ses icônes: la Grande Seconde et la Machine à Ecrire le Temps. Manuel est un très bon dessinateur. Il cultive certes la discrétion mais je dois rappeler qu'il est lauréat de nombreux prix de design horloger et que c'est lui, et personne d'autre, qui a initié le projet de la nouvelle manufacture. En quittant Swatch Group dont il était membre de la direction élargie, il était certes un peu triste. Mais il ne s'est pas laissé aller. Après s'être changé les idées pendant six mois, il a pris la tête, en janvier dernier, de Romain Jerome. Ce n'était pas évident, au départ. Mais il est parvenu à reconstruire cette maison à sa façon, sans être dirigé par quiconque. Il poursuit la stratégie basée sur les «légendes» qui a si bien réussi tout en en explorant de nouvelles pistes. Il se débrouille très bien. Au Moyen-Orient, en Asie et surtout en Amérique du Sud, les ventes explosent. Ce grand designer raffiné, qui n'a même pas 40 ans et qui s'est formé à l'Art Center de La Tourde- Peilz, aime l'art. Il n'a pas hésité à commander des oeuvres à de grands artistes contemporains. Bref, ce perfectionniste à toute épreuve a tout pour réussir et je suis sûr que, peu à peu, il sera au même niveau que sa mère.