Un label de trop?

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Le constructeur de mouvements jurassien E-Light présente son propre label. Pour l'instant, seule Wyler l'utilise, et ceci afin de rendre la marque plus exclusive. D'autres demandent d'abord à ce qu'on renforce le Swiss made.
29 juin 2009Nicolas ParatteLes labels horlogers sont des marques distinctives qui garantissent la qualité des mouvements et leur conformité avec des normes de fabrication. Avec son estampille, le Poinçon du Jura est une garantie de provenance et une preuve de qualité certaine. Mais certaines voix du monde horloger ne sont pas favorables à cette multiplication récente de poinçons locaux. «Il faudrait plutôt raffermir le Swiss made plutôt que de le banaliser par toutes sortes de labels», estime ainsi Jacky Epitaux, patron de Rudis Sylva aux Bois. Selon lui, il ne faudrait pas obéir aux initiatives de plusieurs régions pour compenser un Swiss made faible. «La légitimité devrait en outre être acquise indépendamment des poinçons», précise encore cet ardent défenseur d'un Swiss made fort. Ce dernier label recueille cependant son flot de critiques depuis plusieurs années déjà, notamment à cause de sa définition du mouvement suisse qui doit être composé à 50% au moins de sa valeur de pièces fabriquées dans le pays. Un projet prévoit d'augmenter à 80% au moins cet indice. Il est actuellement en procédure de consultation.Poinçon du Jura_326049_0Un pack de "Suissabilité"

Du côté d'E-Light, qui fabrique environ 10'000 mouvements par an, on estime par contre que les clients tiennent à une certaine forme d'exclusivité, ne serait-ce qu'en raison de la faible quantité des volumes produits. C'est en 2007 que l'entreprise a décidé d'émettre seule un label. Mais la firme jurassienne n'a jamais voulu renier le fameux symbole de qualité helvétique en créant son Poinçon du Jura. «Notre poinçon est indissociable du Swiss made, notamment parce qu'il représente un avantage indéniable à l'étranger», considère le patron associé d'E-Light Andrea Stifanelli, à la tête d'une équipe de 15 personnes. Même son de cloche du côté de Wyler qui collabore au projet depuis ses débuts en tant que partenaire privilégié. «La certification Poinçon du Jura est un pack complet de ‘suissabilité'», explique ainsi Giacomo Gervasoni, collaborateur auprès de la marque genevoise qui compte neuf employés. Pour cette dernière, en plein redémarrage, cette nouvelle appellation arrive à point nommé: «C'est exactement ce que l'on voulait, soit un label exclusif avec un mouvement que l'on ne trouve pas dans 50 autres marques». Pour Wyler, le Poinçon du Jura répond en outre à un besoin technique et participe à consolider l'image de la marque. «Cela nous permettra de communiquer positivement après avoir eu un manque de fiabilité par rapport à nos derniers tourbillons. Wyler en tant que marque haut de gamme se doit d'avoir quelque chose qui tient la route. Ce qui est le cas aujourd'hui avec un tourbillon digne de ce nom», conclut Giacomo Gervasoni. Vieille de 103 ans et relancée il y a trois ans, la marque Wyler Genève écoule actuellement un millier de montres par an, dans une gamme de prix allant de 7000 à 127'000 francs suisses pour une moyenne de 12'000 à 13'000 francs.


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