Monaco Rattrapante : triple révolution

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Monaco Chronographe Rattrapante © TAG Heuer
La Monaco, récemment devenue Squelette, franchit un nouveau cap avec un nouveau mouvement chronographe à rattrapante. Pour au moins trois raisons, c’est une petite révolution

Pour une raison étrange, il y a des mots que l’on peine à associer. Par exemple : « Haute Horlogerie » et « Racing », ou encore « Finitions manuelles » et « Hypersport ». Et pourtant : il n’est de limites que celles que l’on se fixe.

Peut-être que celles de TAG Heuer étaient un peu trop rigides : jusqu’à présent, la manufacture avait toujours rechigné à créer une Monaco Rattrapante. Il existait bien du chronographe traditionnel, quelques modèles à retour en vol (flyback), mais de Rattrapante (split seconds), jamais. Pourquoi ? 

Peut-être parce que la complication est perçue comme très horlogère, élitiste, raffinée – et pour cela largement préemptée par des manufactures de prestige à l’instar Patek Philippe ou, plus récemment, A. Lange & Söhne. Un cercle très fermé que TAG Heuer n’avait jamais osé franchir. Jusqu’à aujourd’hui. 

La Monaco Split-Seconds Chronograph vient faire sauter cette digue. C’est l’une des pièces phares de l’horlogerie sportive de Watches and Wonders 2024. D’elle, on dira qu’elle est singulière à plus d’un titre. L’expression est vague, mais on peut la préciser sous au moins trois angles. 

Monaco Chronographe Rattrapante © TAG Heuer
Monaco Chronographe Rattrapante © TAG Heuer

La Monaco Rattrapante est une première historique

La Monaco est une pièce atypique. Son parcours est chaotique. Elle est dévoilée en 1969. Sans le savoir, la marque qui ne s’appelait alors que « Heuer » est d’avant-garde. Un peu trop : cet OVNI carré, bleu électrique, rencontre un accueil plutôt mitigé. Le mouvement qui l’équipe alors est devenu un historique, mais il n’est pas à la hauteur de ses prétentions. Le défunt Calibre 11 est vite remplacé par son petit frère, plus fiable, le Calibre 12. La Monaco originelle fera rapidement long feu : trop disruptive, trop en avance sur son temps. Réintroduite au début des années 1990, elle sera cette fois plus en phase avec son époque et deviendra l’icône que l’on sait. La Monaco est toujours demeurée ce chronographe simple et abordable, sans véritablement s’aventurer sur le terrain des complications. 

Le pas fut franchi à l’été 2023, lorsque TAG Heuer dévoila une Monaco Rattrapante pour la vente aux enchères caritative Only Watch...qui n’a finalement jamais eu lieu. La pièce, unique, est restée au coffre. Mais en réalité, TAG Heuer travaillait à sa suite, avec une production en série. 

Monaco Chronographe Rattrapante © TAG Heuer
Monaco Chronographe Rattrapante © TAG Heuer

La Monaco Rattrapante n’a pas de mouvement manufacture

La Monaco Rattrapante entre aujourd’hui en collection courante. TAG Heuer étant une manufacture intégrée, on aurait pu s’attendre à ce que le modèle soit équipé d’un mouvement maison. Ce n’est pas le cas. Il est produit par Vaucher Manufacture. Doit-on s’en offusquer ? Non, et là aussi pour trois raisons. 

La première, c’est que TAG Heuer joue la transparence et affiche clairement son partenariat avec ce motoriste de prestige. C’est déjà un fait suffisamment rare pour être souligné.

La deuxième, c’est que le développement d’un chronographe à rattrapante coûte plusieurs millions et requiert cinq à six ans de labeur, pour un calibre 100 % manufacture et intégré. Il n’est pas interdit de penser que TAG Heuer travaille actuellement sur le projet, mais il est tout à fait sain de vouloir préalablement éprouver ce type de complication avec un mouvement externe – ne serait-ce que pour tester sa performance commerciale. C’est une démarche rationnelle et pragmatique. 

Enfin, troisième raison, il n’y a pas lieu de pousser des cris d’orfraie à l’évocation d’un calibre tiers au cœur d’une montre signée d’une manufacture. C’est déjà le cas dans l’écrasante majorité des chronographes disponibles de nos jours. Tous reposent en réalité sur des bases ETA, Valjoux, Sellita, Soprod, Miyota, ou autres. Vaucher est l’un de ces motoristes, et probablement l’un des meilleurs. Pourquoi s’en priver ? 

Monaco Chronographe Rattrapante © TAG Heuer
Monaco Chronographe Rattrapante © TAG Heuer

La Monaco Rattrapante est une authentique pièce de Haute Horlogerie

Enfin, il ne faut certainement pas se limiter au mouvement. Toute la Monaco Rattrapante est décorée de finitions manuelles. « Le pont en damier, au dos, est gravé à la main et exige à lui seul plus de 30 heures de travail », explique Carole Kasapi, qui préside aux développements mouvement chez TAG Heuer. « La boîte est elle aussi sur mesure », poursuit-elle, avant d’asséner : « Combien de marques dessinent-elles une seule boîte, à usage unique, pour un seul modèle ? ». 

Sculptural, ce boîtier est 100% en saphir, à l’exception de la bande de carrure. Il ne s’agit donc pas d’un simple « fond saphir » rond venant fermer une boîte traditionnelle, mais bien d’une construction 3D intégrale en saphir poli à la main. Ce matériau n’est pas le seul à être d’exception : le calibre est totalement réalisé en titane, ce qui en fait « le mouvement chronographe automatique le plus léger jamais créé par TAG Heuer » avec Vaucher Manufacture Fleurier, précise la marque. « Soit 30 grammes », souligne Carole Kasapi. 

Monaco Chronographe Rattrapante © TAG Heuer
Monaco Chronographe Rattrapante © TAG Heuer

La TAG Heuer Monaco Chronographe Rattrapante entre en collection, mais de manière très mesurée compte tenu de la complexité de sa fabrication. Il y en aura deux propositions, l’une rouge, l’autre bleue, couleur historique de la Monaco. Son prix devrait être autour de 300'000 euros. 

 

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