Billionaire III Rubies. 714 rubis taille émeraude (et quelques uns taille baguette sur le tourbillon squelette) pesant un total de 147 carats. Billionaire III Emeralds. 714 émeraudes, pour 102 carats. Et pour bien finir, Billionaire III Rainbow, probablement la montre Rainbow la plus ambitieuse jamais créée. Trois monstres d'horlogerie joaillière, provenant de la marque qui en a fait sa signature. On n'avait jamais vu cela. Individuellement et collectivement, Jacob & Co. frappe très fort. Mais cette triple bombe ne sort pas de nulle part.
C'était en 2023. Jacob & Co. annonçait Billionaire Timeless Treasure. On en a retenu le prix, 20 millions de dollars. Derrière, un travail de joaillerie et d'horlogerie inouï: 216 carats de diamants jaunes taille Asscher (extrêmement rare), rassemblés sur une seule et même montre, qui plus est un tourbillon squelette, au mouvement serti et entouré de tsavorites. Avant elle, depuis 2016, les Billionaire étaient faites de diamants blancs. L'ouverture à la couleur était prothétique.
Des montres de haute joaillerie, il y en a. Le choix est relativement vaste, même si Jacob & Co. tient une place particulière sur le segment du full serti. Des pièces aussi coûteuses et spéciales que des boites/bracelet/mouvement serti, on en compte quand même quelques unités. Alors pourquoi est-ce que ces trois montres sont si spéciales ? Au-delà des évidences bien sûr, puisque l'abondance des gemmes, le prix associé (8 chiffres...) et la force chromatique s'imposent d’eux mêmes. L'exploit est dans les pierres.
Le rubis, c'est la reine des pierres précieuses. On en trouve dans peu d'endroits et surtout, il est rare qu'ils soient assez grands, assez purs et assez saturés en couleur pour convenir au travail particulier de sertissage horloger. Quand on réalise une bague, la lumière entre de tous les côtés. En horlogerie et a fortiori dans une Billionaire, le serti est clos. Il faut des pierres présentant un équilibre lumière/couleur/pureté très spécial.
D'autre part, un rubis comme ceux de la boite de Billionaire III Rubies, dont le plus grand fait 0,56 carats, assez pour un solitaire, pesait 1,5 carats brut. C'est une grosse pierre. Surtout que la taille émeraude requiert des bruts d'une certaine géométrie et génère beaucoup de chutes à la taille. Jacob & Co. en a trouvé 714 et toutes de la même couleur. Ah, oui, et ils sont non-chauffés ! Un exploit, pas d'autre mot.
Pour les émeraudes, la problématique est similaire. Sources rares, dimensions modestes, manque de saturation des couleurs, en dénicher 714 qui cochent toutes les cases n'est ni simple, ni facile. On est là encore dans l'exploit gemmologique, mais avec une difficulté en plus. Le rubis, c'est en fait le même cristal que le saphir et il est très dur. L’émeraude est un béryl, bien moins dure et surtout, elle contient immanquablement des inclusions. Pour une pierre de centre, on sait faire avec. Pour un sertissage clos, une taille émeraude et dans les paramètres requis par Billionaire III Emeralds, c'est un travail d'une délicatesse infinie qu'il a fallu entreprendre. Ah, j'oubliais : ils sont sans huile ! Triple exploit donc.
Quant à Billionaire III Rainbow, c'est du coté de la couleur que se situe la difficulté. Des saphirs colorés, ce n'est plus vraiment une rareté. Les montres serties rainbow et le vocabulaire créatif de la joaillerie en on fait LA star des années 2010 et 2020. Mais il s'agit ici d'un travail d'une autre ampleur. Les 580 pierres se répartissent en une trentaine de nuances au total. Elles sont disposées sur deux axes dans une progression chromatique extrêmement régulière et exigeante. Dernier oubli : le mouvement et le réhaut sont sertis de rubis, toujours non chauffés. Au-delà de l'abondance, au-delà de l’exploit joaillier, il faut apprécier ici le travail de l'oeil dans la sélection de ces pierres parmi des milliers, pour faire un arc-en-ciel précis, doux et qui explose de couleur.
