Interview de Tim Malachard

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Interview with Tim Malachard - Richard Mille
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Accueillant ses partenaires et amis venu du monde entier pour gouter à l'expérience de Chantilly Arts & Elégance, le directeur Richard Mille, Tim Malachard, commente le succès de la formule, et de la marque en générale

Que représente Chantilly Art & Elégance Richard Mille pour vous ?
C’est la 6e édition de cette biennale, créée par Richard Mille et Patrick Peter pour faire revivre les concours d’élégance à la française tel qu’ils existaient dans les années 1930. Les plus belles marques automobiles du monde étaient alors françaises, on les appelait des carrossiers à qui l’on commandait sa voiture sur-mesure : Bugatti, Chaperon, Delahaye, Voisins etc… Ces marques ont disparu après la seconde guerre mondiale mais leurs modèles défilaient par exemple lors de l’ancien concours d’élégance de Bagatelle. Richard et Patrick ont tenu à redonner vie à cet esprit, à réunir tous ces véhicules anciens du siècle dernier et les passionnés qui en prennent soin, tout en présentant des concept cars que l’on voit de temps en temps dans les salons automobiles. En parallèle, certaines marques très haut de gamme utilisent cet écrin pour dévoiler en avant-première leurs nouveaux concepts cars exclusifs – pas moins de 9 cette année. Cela implique une logistique très importante autour d’un lieu à la fois pertinent et prestigieux, car les participants et le public viennent du monde entier : ils étaient plus de 12 000 en 2019 et 20 000 pour cette édition 2022 ! Le Domaine de Chantilly s’y prête parfaitement, avec ses jardins dessinés par Le Nôtre. L’élégance et l’art de vivre à la française se reflète également dans les défilés de mode qui animent la journée ou dans les diverses animations telle que des ateliers de confection de chapeaux ou de fabrication de crème Chantilly… En parallèle on y retrouve aussi l’univers équestre intimement lié à ce lieu avec l’hippodrome, les Grandes Ecuries, le polo club. C’est ainsi que l’événement Chantilly Art & Elégance perpétue cet art de vivre cher à Richard Mille. 

Interview de Tim Malachard

Les clients s’y retrouvent ?
Oui, pour deux raisons essentiellement : d’une part ils nous disent aimer partager des moments avec les équipes et partenaires de la marque, d’autre part l’évènement en lui-même leur offre différentes expériences pendant un week-end ! Certains clients vont adorer le déjeuner champêtre du samedi au polo d’Apremont, d’autres le diner de Gala dans les Grandes Ecuries ou encore le défilé automobile durant les concours le dimanche, autours du miroir centrale du Domaine. Cette immersion au cœur de la marque les ravit. Ils croisent également nos partenaires tous passionnés et chaleureux. Nous aimons les inviter pour vivre les expériences de la marque, échanger entre eux aussi bien qu’avec nos clients et amis journalistes, et tous deviennent alors encore plus proches. 

Interview de Tim Malachard

Quelques chanceux ont pu voir aussi pendant cet évènement, la RM UP-01 Ferrari, créer la montre la plus plate du monde est un aboutissement ?
C’est une pierre de plus à l’édifice, mais il est vrai que nous n’avions jamais conçu une pièce aussi complexe à réaliser d’un point de vue technicité et fabrication. Cette montre ultraplate concentre 210 composants dont 140 pour le boîtier sur 1.75mm d’épaisseur. Personne ne s’y attendait ! Nous adorons son côté à la fois technique et lifestyle qui nous correspond bien. Pour accompagner notre partenariat avec Ferrari, tout le monde pensait que nous allions sortir un chrono de course, ou un modèle typé Scuderia avec du rouge ou du jaune, mais nous avons fait tout le contraire ! Quand la direction de Ferrari nous a approchés durant l’été 2020, nous leur avons expliqué la façon dont nous travaillions : tous nos développements prennent du temps, et il n’était pas question de prendre un chrono et de simplement y apposer un cheval cabré. Ils ont tout de suite déclaré qu’ils nous faisaient confiance, qu’ils appréciaient nos produits et que beaucoup de leurs clients portaient des montres Mille. Or nous avions ce développement en cours depuis quatre ans et nous avons estimé qu’il pouvait tout à fait leur correspondre, pour autant que nous puissions en discuter avec leurs designers et ajouter des éléments propres à leur ADN. Personne chez nous ne souhaitait se contenter d’un marquage au laser, et nous avons puiser l’inspiration dans leurs compteurs, leurs aiguilles, les chiffres, les sièges, tout en restant dans notre objectif de ne pas dépasser 1,75mm d’épaisseur. Cela a nécessité encore deux ans. Il s’agissait de la première collaboration avec Ferrari et d’autres pièces sont à l’étude, car nous ne souhaitons pas reproduire d’autres versions de ce modèle qui est limitée à 150 exemplaires. Nous apprenons à nous connaitre l’un et l’autre, ce qui nous intéresse ici comme avec nos autres partenariats, c’est d’avoir un accès à Ferrari avec nos ingénieurs, comprendre quels matériaux ils peuvent nous apporter, comment leurs designers fonctionnent, et eux-mêmes sont curieux d’en savoir plus sur nos méthodes. Nous avons beaucoup de chance car le président de Ferrari John Elkann et le CEO Benedetto Vigna sont admirateurs de la marque Richard Mille et en phase avec notre approche. 

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Autre sujet sur toutes les lèvres, le Certified Pre-Owned, et vous ouvrez un nouvel espace à Genève ?
Oui, culturellement certains marchés comme le Japon ont une culture de l’objet et un respect de la marque très poussés, qui se traduisent aussi par beaucoup de soin, des produits très bien conservés avec un marché d’occasion très animé. C’est au Japon et aux Etats-Unis que sont apparues les premières boutiques de seconde main avec des montres Mille certifiées et garanties, car les clients y étaient habitués. L’horlogerie était en retard sur cette tendance mais dans le milieu automobile d’où je viens par exemple, les marques les plus fortes parviennent à proposer une vraie offre de seconde main, certifiée, révisée. Dès 2012 nous avons pris conscience de ce besoin sur le Certified Pre-Owned, car le marché était très ouvert avec beaucoup d’indépendants qui revendaient des montres d’occasion de toutes marques, sans accorder le soin nécessaire à l’entretien pourtant indispensable à de telles produits, ou en utilisant des outils inappropriés. Nous tenions toutefois à séparer nos boutiques de seconde main de nos boutiques traditionnelles. Ces boutiques sont spécialisées dans les montres d’occasion très haut de gamme, comme Ninety à Londres, et bientôt à Genève. Les clients Richard Mille peuvent ainsi revendre leurs montres s’ils le souhaitent pour en racheter une autre, en sachant qu’ils ne prennent pas de risque, et nous leur donnons accès à un choix sur des pièces rares et introuvables en boutiques traditionnelles car hors production. Il existe 55'000 montres Mille en circulation dans le monde depuis la naissance de la marque en 2001. Nous participons d’ailleurs au salon Re-luxury de Genève pour expliquer notre démarche sur le Certified Pre-Owned mais ne commercialiserons aucune montre.

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Richard Mille a pris sa retraite et passé la barre de la société à ses enfants, comment garder l’ADN de la marque ?
Alexandre et Amanda, qui sont aujourd’hui respectivement Directeur Commercial et Directrice de la marque et des partenariats, ont déjà travaillé longtemps auprès de nos marchés tels que les USA ou le Moyen Orient. Ils possèdent tous deux un esprit similaire à leur père. Ils sont passionnés par la marque, nourrissent beaucoup de chaleur humaine et de respect, se donnent à fond, ce qui garantit une certaine pérennité. Nous sommes encore une petite entreprise, avec 190 salariés à la production, et moins de 500 en tout dans le monde en comptant aussi nos filiales et les boutiques. Surtout nous conservons la même ligne de conduite que lorsque Richard et Dominique Guenat ont créé la marque il y a 20 ans : innovation, créativité, remise en cause continuellement. Quand une pièce n’est pas prête, elle n’est pas lancée. La marque vit grâce à la qualité de nos montres, ensuite nous racontons la technicité et le travail des gens qui œuvrent derrière, il n’y a pas de triche sur le discours.  

Interview de Tim Malachard

Quels sont les défis de Richard Mille aujourd’hui ?
Nous maitrisons la croissance de notre production, avec 5 100 montres l’an passé, 5 300 cette année et une prévision de 5 500 pièces produites en 2023, pour 40 boutiques dans le monde en propre à date. Notre potentiel de production est fabuleux et nous comptons aujourd’hui une dizaine de calibres maison allant du mouvent automatique en passant par le chronographe, jusqu’au tourbillon automatique. Nous avons vraiment appris à connaitre nos clients car nous avons un contact direct avec eux, nous nous connectons à leurs envies et à leurs vies. Nous devons garder la même rigueur et le même esprit d’ouverture : Richard Mille a toujours été quelqu’un d’ouvert sur tout, tout en nourrissant beaucoup de respect pour les autres acteurs de l’industrie. Nous avons toujours suivi notre propre niche, propre design et conception, sans regarder le marché environnant. Nous respectons ce que font les autres marques, qui nous respectent aussi. Nous avons beaucoup de chance de travailler avec de nombreux partenaires très passionnants et différents, tels que Rafa Nadal ou bien la légendaire entreprise Ferrari. Notre défi consiste à trouver toujours des idées pour surprendre, continuer à se remettre en cause, ne pas céder à la facilité 

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