Interview de Jérôme Lambert

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Interview with Jérôme Lambert - Montblanc
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Après avoir présenté l’an dernier un modèle à calendrier perpétuel au prix imbattable de 15'000 CHF, Montblanc récidive cette année avec une montre aux heures du monde qui ne coûte que 5'000 US$. WorldTempus s’est entretenu avec le directeur général de la marque avant le SIHH.

WorldTempus : quelles ont été vos priorités depuis que vous avez rejoint Montblanc ?

Jérôme Lambert : une de mes premières priorités lorsque je suis arrivé chez Montblanc a été de comprendre la marque. Cela peut sembler simple, mais cela prend du temps d’apprendre les habitudes, les opérations au Locle et à Villeret, de comprendre l’histoire de Minerva et les forces de la marque.
Il y a eu une phase importante dédiée à l’assimilation de la raison d’être de Montblanc, suivie d’une deuxième phase qui a consisté à donner encore plus de cohérence à l’assemblage des montres au Locle et à Villeret et encore plus de sens à la complémentarité des deux sites.
Puis dans une troisième phase j’ai souhaité dessiner les principales lignes de développement basées sur les principes fondamentaux de Montblanc, qui sont la technologie et l’innovation, en y ajoutant plus d’audace.

Vous avez l’un des taux de rentabilité les plus bas dans l’industrie horlogère et pourtant vous avez aussi certains des prix les plus compétitifs. Comment faites-vous pour concilier prix avantageux et qualité supérieure ?

En fait je dirais que c’est précisément parce que nous avons cette qualité supérieure que nous pouvons offrir des prix aussi compétitifs. Avec un taux de rentabilité qui est trois fois inférieur à la moyenne, nous avons une certaine marge de manœuvre parce que nous savons que nous aurons moins de frais liés à la qualité tout au long de la chaîne de valeur. Nous avons le test des 500 heures, qui requiert une technologie de pointe et que nous avons l’intention de développer encore. Nos niveaux de qualité actuels résultent de ce genre de tests.
Je crois qu’une marque comme Montblanc doit offrir une valeur encore meilleure et jouer un vrai rôle dans le monde de l’horlogerie. Si vous prenez l’Orbis Terrarum et la façon dont elle fonctionne, vous constaterez que cela a été un pari gagnant. Elle coûte moins de 5'000 US$, mais pour trouver quelque chose de similaire dans une autre marque vous devez aller au-delà de 15'000.

Dans quelle mesure ces prix compétitifs font-ils partie de votre stratégie ?

 Nous ne prenons pas en considération le prix, mais seulement la valeur. Une somme de 10'000 ou 15'000 euros n’est pas particulièrement modeste, quels que soient les standards. Nous avons peut-être une montre à calendrier perpétuel pour 15'000 euros, mais vous pouvez acheter beaucoup de montres pour beaucoup moins. Donc nous nous basons sur la valeur, qui fait partie de la culture Montblanc, particulièrement en termes de valeur fonctionnelle et d’utilité.

Cela a-t-il été facile d’utiliser votre expérience chez Jaeger-Lecoultre dans votre nouveau poste chez Montblanc ?

Oui et non. Vous développez une affinité pour la gestion des collections, des cycles de production, des lancements et tout ce genre de choses qui sont communes à toutes les marques. Mais la première chose à faire c’est apprendre et comprendre, particulièrement lorsqu’il y a des segments de produits supplémentaires comme la maroquinerie et les instruments d’écriture. Chez Montblanc j’ai dû apprendre à la puissance dix, parce que le segment maroquinerie s’organise sur des cycles complètement différents, avec quatre cycles par année. Pour les instruments d’écriture, c’est plus ou moins la même chose que pour les montres.

Dans une récente vente aux enchères, il y avait quelques modèles Minerva, certains avec des cadrans en émail, qui avaient un prix de réserve de seulement mille francs suisses. Croyez-vous qu’il existe un potentiel pour construire quelque chose sur ce formidable héritage ?

Nous ne faisons que commencer. Nous n’avons présenté le Pulsograph que l’an dernier, en mettant l’accent sur le mouvement. D’après mon expérience chez Jaeger-LeCoultre, dès que vous relancez un modèle historique, la valeur des modèles vintage peut doubler. La production des Minerva a toujours été très limitée, et les mouvements étaient dotés d’excellentes finitions. C’est un magnifique réservoir pour la croissance future et je pense que les collectionneurs, et ceux qui acquièrent ce genre de pièces, auront de bonnes surprises.

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