Laurent Ferrier : classique, technique et esthétique

Image
Laurent Ferrier: classic, technical and aesthetically appealing - Laurent Ferrier
5 minutes read
Avec des boîtiers harmonieux, des mouvements aux finitions exceptionnelles et des complications subtiles, Laurent Ferrier s’est rapidement distingué. Portrait d’un atelier artisanal et emblématique de la belle horlogerie.

Précédé par la rumeur, il fit d’abord une timide apparition dans un recoin du salon Baselworld. Puis la nouvelle se répandit : un nouveau venu dans le monde de la haute horlogerie proposait des montres aux finitions impeccables, un tourbillon à la construction classique et particulièrement soignée. Sauf que M. Ferrier n’est pas un nouveau venu. Ancien de Patek Philippe, troisième génération d’horloger de sa famille, il a la barbe blanche d’un vénérable et les doigts sûrs qui vont avec. M. Ferrier a lancé sa propre marque avec l’ambition de faire ce dont rêvent nombre de professionnels passionnés de l’horlogerie : réaliser les montres telles qu’il pense qu’elles devraient être conçues, assemblées et décorées.

 

Laurent Ferrier

 

Elles sont à la croisée des chemins entre horlogerie classique et contemporaine ; classique par la facture, contemporaine par l’approche technique. Le tourbillon s’est d’abord imposé comme pièce maîtresse… autant commencer par un coup d’éclat. Le calibre LF619.01 dispose avant tout d’un échappement à tourbillon, comme son nom l’indique, mais aussi à double spiral. Chacun de ces deux ressorts réglants travaille en sens inverse de l’autre, équilibrant leurs inévitables imprécisions mutuelles. La construction est de type néoclassique, avec un pont de tourbillon asymétrique et ajouré, des ponts à la découpe travaillée et très loin d’un fonctionnalisme froid. L’inspiration est celle des chronomètres de poche du 19e siècle, celle d’un certain âge d’or.

Puis vint un modèle plus simple…en apparence. Car la Galet Micro-Rotor ne se caractérise pas que par son remontage. En effet, derrière son micro-rotor en or 18 carats et guilloché se cache un échappement naturel. Rêve de l’horlogerie du 18e siècle, il fonctionne avec deux roues d’échappement, des composants en silicium et sans aucune forme de lubrification. Il consomme moins d’énergie et apporte plus de précision que l’échappement à ancre. Un développement de cette taille est plutôt l’apanage des grandes maisons, mais Laurent Ferrier l’a réalisé et l’implante sur des quantités homéopathiques de montres. En effet, il est le concepteur de ses mouvements, qui sont chacun assemblés et réglés intégralement par le même horloger de bout en bout. La rationalité de la production n’est pas un objectif, la responsabilité de l’artisan horloger, si.

 

calibre FBN 229.01

 

Cliquez sur la grande image tout en haut de la page pour découvrir la gallerie photo.

 

La production de Laurent Ferrier est encore confidentielle et pour cause. Cette horlogerie consciencieusement exécutée émane d’un petit atelier, débordé, et qui ne peut grandir vite. Car le temps passé en est la clé de voute. Pour qui sait regarder, il saute aux yeux. Les composants des mouvements sont finis selon des standards de qualité esthétique extrêmement élevés, et à la main. Les Côtes de Genève sont nettes sans être appuyées. Les perlages sont denses et parfaitement réguliers. Les polissages sont miroir, vraiment miroir. Les chanfreins des ponts sont tout aussi brillants à force de polissage. Plus subtil encore, ce souci de finition remonte jusqu’à la conception des mouvements : les ponts ont des formes volontairement courbées et parcourues d’accidents afin de mieux se prêter au jeu de l’anglage à la main.

Cette attention au détail est à l’origine du design du boîtier Laurent Ferrier. Il se nomme Galet et porte bien son nom. Ses courbes sont douces et lisses, sur le dessus comme sur le dessous. Le jeu de proportions est très étudié et il est disponible dans des tailles qui n’ont rien d’extravagant, 40 et 41 mm. Les cadrans jouent une épure extrême. Sur les Galet Micro-Rotor, ce sont des laques aux rendus profonds qui flirtent avec le noir, le crème ou un bleu pétrole du meilleur effet. La Galet Tourbillon, elle, ne jure que par les surfaces guillochées main ou mieux encore, l’émail grand feu, noir ou ivoire. Pas de marquages exubérants, le nom « Laurent Ferrier » est écrit en police bâton, très fine, très discrète. Quant au marquage « Tourbillon Double Spiral », il faut plisser les yeux pour le distinguer. C’est la matière de ces cadrans exceptionnels qui prime, à peine soulignée d’index peints à la main.

Mais Laurent Ferrier ne s’est pas arrêté là. Sa troisième montre venue en gamme se nomme Galet Traveller et a ajouté un second fuseau horaire à la ligne Micro-Rotor. Contrairement à la quasi-totalité des montres GMT, celle-ci n’est pas construite par l’addition d’un module de complication. La fonction est intégrée dans le mouvement d’origine. Elle s’ajuste par des poussoirs logés sur la carrure de la boîte, un pour avancer le disque horaire, l’autre pour le faire reculer.

 

Laurent Ferrier Galet Traveller cadran argenté

 

En 2014, une ligne féminine a fait son apparition. La Lady F arbore des cadrans en nacre sculptée et un boîtier de 39 mm dont seule la carrure est sertie. Ce qui garantit une certaine discrétion. Cette montre féminine s’ajoute aux versions Galet Secret. En effet, dès son origine, Laurent Ferrier a proposé un format de montres rare, celui de la montre à secret, plutôt destinée aux dames par principe mais pas seulement. Un cadran de premier plan, animé, dévoile ou dissimule un second cadran, exécuté au choix du client. Cet effeuillage a lieu soit à la demande, soit automatiquement, durant une heure par jour. Ces pièces uniques sont exécutées selon la technique de la peinture émail, du sertissage baguette ou toute autre forme d’artisanat d’art. En particulier, Laurent Ferrier s’est rapproché de la manufacture allemande de Meissen, réputée pour la finesse de son travail sur la porcelaine.

Le souci du détail peut s’exprimer dans une montre simple en apparence. Et comme souvent, les apparences peuvent être trompeuses. Derrière l’élégance des boîtiers et la sobriété des cadrans se dissimule une richesse de détails, horlogers, esthétiques, qui ont donné sa place à Laurent Ferrier. Celle d’une marque discrète que les amateurs se doivent de connaître.

Marque