Qui êtes-vous, M. Picciotto ?

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What makes Laurent Picciotto tick? - Chronopassion
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A l’issue de la vente atypique et médiatique de la totalité de sa collection personnelle, WorldTempus tente de déchiffrer les contours de Laurent Picciotto. Mission impossible ?

Le 31 mai dernier s’est achevée une vente horlogère atypique, sous le marteau de Phillips à Hong Kong. Elle comprenait, comme à l’accoutumée, plusieurs centaines de lot prestigieux des plus grandes manufactures, emportant ça et là des records toujours plus élevés. En marge, il y avait les lots 991 à 1033. 

Ils étaient eux aussi, à leur manière, uniques. Comme leur propriétaire. Pour la première fois dans l’histoire des enchères horlogères, un personnage bien particulier se séparait de la totalité de sa collection personnelle : Laurent Picciotto. N’est-il pas le seul détaillant personnellement connu au-delà de son enseigne ? 

Bien souvent, les réponses soulèvent elles-mêmes d’autres questions. Certes, Laurent Picciotto est détaillant. Et collectionneur. Et galeriste horloger. Et sa passion horlogère personnelle recouvre amplement son négoce parisien. La vente de la collection d’un détaillant est une première et c’est aussi pour cela qu’elle a reçu un tel accueil et, surtout, un tel résultat (+63% au dessus des premières estimations). Au final, Laurent Picciotto est tout cela à la fois et donc fatalement insaisissable. Comme le trend setter qu’il a toujours été. 

Plan B

Pour mieux cerner l’homme, WorldTempus a donc pris un biais détourné : chercher des réponses dans son entourage, auprès de ses compagnons de route. De ceux qu’il a lancés, promus ou, tout simplement, accompagnés. Qui est donc Laurent Picciotto ?

« Un artiste !!!! », s’exclame, Francois-Henry Bennahmias, CEO d’Audemars Piguet. La manufacture était l’une des premières à être représentée dans l’antre parisien de Chronopassion. Laurent Picciotto a même opéré pour elle une boutique dédiée. Le cas s’est reproduit quelques années plus tard avec Hublot en présence directe de Jean-Claude Biver. Lui aussi dresse un portrait complexe de l’homme : « Laurent est détaillant, galeriste, collectionneur, passionné, amoureux des belles choses, respectueux de la tradition et curieux du futur. Un beau personnage très séduisant et attachant », indique le patron de l’horlogerie LVMH.

Qui êtes-vous, M. Picciotto ?  

Parole d’indépendants

Vincent Perriard, cofondateur de HYT, complète à sa manière : « un homme au 6ème sens exacerbé, visionnaire sur les grandes mouvances et tendances de notre industrie. Un fou, génial, drôle, humaniste et hédoniste. Un amoureux des « choses » iconoclastes et objets à forte valeur émotionnelle ». 

En somme, le profil de l’homme se complète à mesure que le patchwork s’élargit. Max Busser y ajoute sa patte : « Curateur, dénicheur de talents, preneur de risques, mécènes pour les plus démunis, fou de belle horlogerie, enthousiaste invétéré et surtout ami fidèle ». Xavier de Roquemaurel (Czapek) s’engouffre dans la brèche : « Esthète, déconneur et sans complexes ». Fiona Kruger embraye, lyrique : « Laurent est plus qu’un détaillant ou un galeriste. Il est comme le patron de la scène horlogère indépendante. Pour moi, c’est aussi un mentor. Il fut le premier à croire en moi et j’en suis très fière ». Au final, on serait tenté de retenir la synthèse proposée par Edouard Meylan (CEO H. Moser & Cie) : « Laurent Picciotto ? Un précurseur activiste ». Jolie formule. 

Introspection horlogère

Qu’en pense l’intéressé ? WorldTempus est (aussi) allé lui demander. Laurent Picciotto est celui par qui le coming out du détaillant est arrivé, grâce à qui l’homme compte autant que l’enseigne. Les avis des dirigeants de marques sont à la mesure de ce coup d’éclat. « J’y suis évidemment sensible et même ému», répond Laurent Picciotto. « Ces avis viennent de tous les niveaux, de tous les âges, depuis les pionniers de l’horlogerie jusqu’aux acteurs les plus marquants de son renouveau. C’est évidemment très flatteur ». 

Qui êtes-vous, M. Picciotto ?

Une fois encore, ce qui intéresse Laurent Picciotto n’est plus cette vente aujourd’hui achevée mais le coup d’après. Que prépare-t-il ? Quelles nouvelles pièces l’ont séduit ? L’homme élude le sujet par une pirouette : « Déjà, je peux mourir en paix : si je veux garder intacts ces beaux compliments, il faut que je me tienne à carreau pour le restant de mes jours ! Il vaudrait mieux que je disparaisse mais je vais continuer malgré tout en prenant garde de ne pas commettre d’erreurs qui altéreraient ces louanges. C’est précisément l’émotion de cette reconnaissance qui me donne envie d’aller plus avant ». A suivre...