Quelles sont les caractéristiques que vous préférez dans ce nouveau Type XX ?
Il y en a plusieurs car il s’agit en fait d’une double nouveauté qui a nécessité quatre années de développement, notamment pour son mouvement chronographe automatique. Nous avons relevé le défi d’utiliser une base commune de calibre pour deux modèles, militaire (Type 20) et civil (Type XX), avec notamment des nomenclatures différentes pour adapter les platines et trains de rouages correspondant aux versions deux et trois compteurs, avec 30 ou 15 unités pour celui des minutes.
En parallèle, ce calibre a fait l’objet de plusieurs dépôts de brevet visant à améliorer la fonction «retour en vol», que nous avons d’ailleurs gravé au verso. Il est équipé d’un pont de balancier transversal offrant plus de résistance, et assure à son porteur une confortable réserve de marche de 60h, le tout avec une fréquence de 5Hz. Non seulement il s’avère performant, mais je le trouve également esthétiquement réussi, avec des décorations sobres qui traduisent sa sportivité et son style contemporain. Son rotor évoquant le profil d’un avion est d’ailleurs un clin d’œil original à l’esprit de la collection. Enfin, nous avons respecté l’esprit des premiers Type XX, à l’exception de l’ajout de la date et du logo Breguet sur le cadran. Au final, j’ai un faible pour la version militaire qui rend le plus hommage au modèle d’époque et à son histoire.
Quelles sont vos attentes pour ce grand retour ?
Je suis très heureux que Breguet puisse ainsi renouer avec son ADN, et que nos clients manifestent aussi un énorme enthousiasme. Depuis que j’ai repris la marque en 2021, je rencontre des collectionneurs et détaillants dans tous les pays qui me demandent de relancer cette collection. Ils pourront d’autant plus se réjouir que nos nouveaux Type XX se distinguent par un excellent rapport qualité-prix (CHF 17’500.-). Et nous entendons bien les combler avec, dans un deuxième temps, des déclinaisons de couleurs et de matériaux, voire de tailles pour varier les plaisirs et maintenir un rythme soutenu sur cette collection.
Pourquoi, d'après vous, les montres pour pilotes font-elles toujours rêver ?
D’une manière générale, les chronographes jouissent d’une bonne cote de popularité, l’esthétique des montres de sport plaît largement aux hommes mais aussi aux femmes, c’est évident. Le fait que Breguet bénéficie d’une véritable légitimité dans l’aviation offre une dimension supérieure. Cela revêt une véritable importance que les pilotes aient confié leur vie à cette montre. Comme il s’agissait de matériel militaire, ils ont dû s’en séparer à l’issue de leurs missions, il y a un côté bouleversant. Tout comme l’histoire touchante de la grande aviatrice Jaqueline Auriol, pilote d’essais et figure mondiale de l’aviation féminine, à qui le constructeur d’avions Louis Breguet avait offert l’un des premiers Type XX. Sans parler de ses très nombreux autres clients légendaires.
Est-ce que les montres sport de Breguet attirent aujourd’hui une nouvelle clientèle ?
C’est en effet le cas de la collection Marine, dont la demande a largement dépassé l’offre dès son lancement en 2018, et toujours actuellement sur certains marchés tels que le Japon. Non seulement les modèles en titane, mais également en or. Le Type XX étant plus accessible, nous espérons une déferlante. Dans certains pays tels que la Corée, Breguet suscite une forte attente chez les jeunes. Un esprit vintage combiné à l’interchangeabilité des bracelets change la personnalité de cette montre de manière significative. Nous sommes certains que cela répond aux attentes d’un public plus jeune. Le terrain de jeu avec cette pièce est très vaste, mais toujours dans le respect de son héritage bien sûr.
Le Type 20 est né dans les années 1950, quels ont été d’après vous ses principaux jalons en 70 ans ?
Breguet était reconnue pour la réalisation d’instruments de pointe destinés à l’aviation, et je ferais coïncider le premier jalon avec l’appel d’offre de l’Armée française (entre autres) remporté par Breguet, à qui elle a commandé 1100 montres «Type 20 militaires» en 1954, homologuées par les services techniques de l’Aéronautique l’année précédente. Il s’en est suivi une grande période de créativité pour cette collection jusqu’aux années 1990. D’après moi, le second jalon a été posé par la marque en 2010 avec le Type XX équipé d’un calibre battant à une fréquence de 10Hz, sans doute trop en avance sur son temps vu son succès modéré. Bien évidemment, le troisième jalon s’impose avec le Type 20 et le Type XX que nous venons de dévoiler. D’autres suivront !
