Le cas unique de la ferme du Brassus

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The unique case of the farmhouse in Le Brassus - Blancpain
Il y a 30 ans, Blancpain installait au Brassus son unité dévolue à la haute horlogerie et aux métiers d’arts. Un cas unique, délibérément dissocié du reste des entités de la maison.

En descendant du col de Marchairuz, on pourrait passer à côté sans la voir. Si l’on vient du Brassus, il faudra enjamber un bras de l’Orbe pour s’y rendre, elle qui est adossée à flanc de colline. « Elle », c’est la ferme. Ce bâtiment classé de deux étages est aussi modeste par sa taille qu’important par son rôle : c’est en son sein que Blancpain donne vie à certaines de ses plus belles pièces de haute horlogerie.

Le cas n’a pas d’équivalent à proximité. Lorsque la marque est encore codétenue par le tandem Biver / Piguet (1982), elle s’y installe et y concentre, à l’époque, l’essentiel de ses activités. La reprise de Blancpain par le groupe Swatch 10 ans plus tard donne un nouvel élan à la marque. Cette rapide croissance tant interne qu’externe (intégration de la fabrique Frédéric Piguet) la conduit à se déployer dans de nouveaux espaces. La décision du groupe est alors singulière : doter la marque d’un site de production (dit T0) au Sentier, qui compte 700 collaborateurs, tout en conservant la ferme historique où seront assemblées et décorées les pièces de haute horlogerie.

20 ans de mariage
Deux décennies plus tard, ce couple ne s’est jamais aussi bien porté. Le Swatch Group a même offert un nouvel écrin à sa ferme de prestige en 2007-2008, refaisant à neuf l’intégralité de son intérieur. Le parti pris esthétique est celui d’un respect de la tradition horlogère de la Vallée de Joux : ateliers à taille humaine, établis en bois, calme absolu, large exposition à la lumière zénithale.
Sur ses 40 occupants, une trentaine relève de la pure horlogerie. Les autres sont spécialisé dans les métiers d’art : gravure et peinture sur émail principalement. Chaque atelier comporte en règle générale moins de cinq personnes.

 

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Le temps au temps
Ici, pas de calcul de productivité, de délais à tenir, de cadence de chaîne de montage. Objectif : la qualité absolue, sans égard au temps requis pour l’atteindre. Sur un métier comme la gravure, le geste de la main conditionnera la durée de finition de chaque pièce. A l’atelier des Répétitions Minutes, la musique est connue : sur les deux calibres de ce type en exploitation, on sait qu’il faut cinq à six semaines de travail avant emboîtage.

A l’émaillage, c’est une autre affaire. Et le temps n’a pas son mot à dire. « Pour des cadrans aux couleurs déjà connues, j’ai mes dosages, mes températures de cuisson, ça va assez vite », confie l’intéressé – unique – en charge de cet art. « Lorsque l’on me commande une couleur inconnue ou une peinture très particulière, je dois faire plusieurs tentatives pour arriver au résultat ». Avant de conclure : « Mais ça m’est égal. Ici, on me laisse tout le temps de faire mon travail correctement. Peu importe ce que cela doit prendre, j’y arriverai ».

 

 


Terrain balisé
La ferme de Blancpain ne se disperse pas sur d’innombrables modèles.  Les calibres 33 et 233, ceux de la répétition minute, sont utilisés depuis fort longtemps. Le tourbillon est un exercice maîtrisé par Blancpain. Le carrousel également, il est même devenu l’une de ses marques de fabrique.

Au-delà de cette feuille de route bien balisée, il y a... l’inconnu. Ce sont les pièces sur-mesure. Elles aussi ont droit de cité à la ferme de la maison. Elles ne sont pas nombreuses et restent secrètes. Quelques heureux propriétaires demandent, pour la plupart, des finitions uniques et personnalisées. Ici, ni photo ni chiffres. L’activité est strictement confidentielle. C’est, pour l’équipe d’artisans de la ferme, un défi à double tranchant : un stimulant quotidien pour la créativité, mais aussi une charge de travail non négligeable qui s’ajoute à la réalisation des pièces d’exception et autres séries limitées.

Ces dernières sont définies pour la plupart un à deux ans en avance. La faisabilité technique et la réalisation des composants sont réalisées au Sentier, à charge à la ferme de leur donner vie. Certaines collections sont toutefois prévisibles d’un an sur l’autre. Après le cheval, on sait par exemple que le prochain nouvel an chinois sera celui de la chèvre. Les paysans horlogers du Brassus devraient y trouver leur compte.

 

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