L'horlogerie profite d'un terroir inégalé

#wtbasel / L'horlogerie suisse a un bel avenir devant elle, assure François Thiébaud, juste avant Baselworld qui s'ouvre jeudi. Son terroir industriel est gage de croissance à venir, juge le patron de Tissot.

Tribune de Genève - 7 mars 2012 

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Pour François Thiébaud La Suisse doit travailler son terroir au quotidien, comme une vigne. "Il faut faire en sorte que le soleil et l'hygrométrie soient suffisants pour faire un bon vin". © DR/Tribune de Genève

 

Après deux années record, l'horlogerie suisse se contentera en 2012 d'une croissance de 10%. Soit des exportations situées entre 20 et 21 milliards de francs, indique François Thiébaud.

Existe-t-il une limite à la croissance de l'industrie horlogère suisse?
La limite est celle que les êtres humains veulent lui voir. Supposons que les 7 milliards peuplant la Terre souhaitent une montre suisse, imaginez le potentiel! C'est un rêve. Mais il est parfois bon de rêver, pour la créativité. Soyons créatifs et positifs et l'horlogerie, qui a un bon patrimoine génétique, aura un bel avenir.
L'horlogerie suisse a exporté l'an dernier près de 30 millions de pièces. Mais entre 900 millions et un milliard de montres sont produites dans le monde. Ces 30 millions sont donc un point dans l'infini. Il nous reste beaucoup de croissance dans les années à venir.

Comment voyez-vous l'évolution structurelle de la branche ces prochaines années?
On assiste effectivement à une importante restructuration au niveau de la distribution. Les magasins «papa-maman» étaient fort sympathiques, de qualité, proches de leurs clients. Mais nous vivons aujourd'hui dans un monde où les médias et internet fabriquent un consommateur mieux informé.
Au moment de l'achat, ce consommateur va choisir son produit sur les sites, selon ses souhaits. Il va ensuite se rendre sur le point de vente. Nous avons donc aujourd'hui des consommateurs qui sont davantage devenus des décideurs. Ce qui va bouleverser le domaine de la distribution. Et exiger un saut qualitatif.

Chaque fois qu'elle se positionne sur un secteur de biens de consommation, la Chine en devient un leader. Est-ce une inquiétude pour les horlogers suisses?
Non. La Chine a beaucoup de gens de qualité et bien formés. Des gens très déterminés, que j'admire. Mais la Chine n'a pas de terroir horloger. La Suisse dispose d'un tel terroir. Et ce terroir, il faut le travailler au quotidien, comme une vigne. Il faut faire en sorte que le soleil et l'hygrométrie soient suffisants pour faire un bon vin.

Les Romands seraient les Grecs de la Suisse, selon la Weltwoche. Votre avis?
Je suis en total désaccord. La Romandie est un territoire d'excellence, comme la Suisse alémanique ou le Tessin. La Romandie, proche de la France, peut peut-être apparaître de l'extérieur comme une région plus chaleureuse.
Mais ce n'est pas parce que nous sommes de bons vivants qu'il faut nous assimiler à un pays en difficultés économiques. La Romandie n'en connait pas. Nous avons des terroirs d'excellence, comme l'horlogerie mais aussi la microtechnique ou le médical.
Au cours des siècles, nos ancêtres ont fait preuve de beaucoup de patience dans des conditions de vie difficiles. Ce qui leur a donné une énergie qui nous permet à nous, lorsque nous connaissons ces moments difficiles, de savoir rebondir.
N'oublions pas qu'avant l'horlogerie, il y avait l'indiennage, c'est-à-dire la teinture sur toile, qui est maintenant effectuée au Maroc ou en Inde, pour des raisons de coûts.
Je reste très confiant pour la Romandie et pour la Suisse. Elles sont complémentaires. Ce qui fait la Suisse, c'est cette individualité qui débouche au final sur une volonté d'aller dans une même direction, ce signe + qui est à l'intérieur du drapeau. Ensemble pour gagner.

 

 

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