En quête des baleines de Méditerranée

Lier le mythe à l’héritage avec la Fifty Fathoms Automatique de Blancpain

L’accalmie

Il est 17 heures sur la Grande bleue. Le clapot des vagues n’a plus grand chose à voir avec la houle qui, tout à l’heure encore, chassait sous l’étrave, lorsque l’anémomètre indiquait des rafales à 35nds. L’aiguille blonde de ma Fifty Fathoms à l’imbrisable bracelet NATO lavé par le sel est catégorique : nous venons d’essuyer 12 heures de mer déchaînée. Le mistral qui vaporisait d’épais embruns iodés s’est atténué au fur et à mesure que notre navire a refait cap sur la côte provençale entre Toulon et Saint Tropez. Inespérée, cette accalmie a permis au navire de se redresser et les équipiers se sont mis à leur poste, surveillant l’horizon les jumelles au cou. 

- Regardez là-bas ! Un souffle ! C‘est le signal. 

L’effervescence s’empare du pont. D’aucuns pointent le nord-ouest tandis que notre capitaine, rodé à ces missions, se met à lofer en conservant son sang-froid. Puis plus rien, l’attente muette. Je regarde la pointe mi blanche mi rouge de la trotteuse de ma montre qui, telle une cardinale sur un récif, donne un repère. Vingt minutes passent. Le souffle de la bête a disparu mais la fièvre est là qui fait plisser les yeux vers un lointain troublé de soleil. Puis soudain un souffle, puis un deuxième, et puis encore un autre, gerbes d’eau que trahissent leurs poussières scintillantes au-dessus de l’immensité azur. A chaque nouveau panache, on corrige le cap, nous approchant peu à peu des mammifères que l’on devine énormes.

Fifty Fathoms Automatique © Christopher Shand/Sébastien Aubord for WorldTempus  ​
Fifty Fathoms Automatique © Christopher Shand/Sébastien Aubord pour Worldtempus

L’apparition des bêtes mythiques

L’excitation de notre équipage, embarqué par la Swiss Cetacean Society, est palpable. On devine deux rorquals d’une vingtaine mètres à travers les jumelles. Un dauphin commun, espèce menacée, fait son apparition devant de la proue et exhibe son plastron jaune en virevoltant sous l’étrave. D’autres stenellae coeruleoalbae –ou dauphins bleus et blancs– s’élancent doucement autour de deux énormes empreintes écumantes : là où, d’un dernier coup de nageoire caudale après avoir empli leurs poumons d’oxygène, les baleines viennent de sonder pour disparaître dans les profondeurs.

C’est alors que débute un compte à rebours jusqu’à la prochaine apparition. Je m’habille, revêts ma combinaison d’apnée, endosse ma ceinture de poids en plomb et ajuste ma cagoule au-dessus de mon masque avant d’affiner les derniers réglages de ma caméra sous-marine. En enfilant mes longues palmes blanches à l’arrière du bateau, je balaie l’horizon, dans l’attente du signal du capitaine pour sauter. Je me surprends alors à rêver devant les reflets désormais chauds de la mer au couchant. Je m’abîme dans le cadran typique de moire inversée de cette Blancpain si prestigieuse, lequel arbore un camaïeu de bleus nobles qui vont du ciel au marine. Le boîtier titane ne se fait presque pas sentir au poignet mais les lignes précises qui délimitent un généreux 45mm rassurent devant l’immensité à mes pieds.

Fifty Fathoms Automatic © Blancpain
Fifty Fathoms Automatique © Christopher Shand/Sébastien Aubord pour Worldtempus

Plongée avec la montre

La bête apparaît à 100m. Quelques rotations de moteur et l’on est suffisamment proches dans les termes de la déontologie scientifique. Je saute. J’ai le cœur qui bat : l’excitation, l’appréhension à l’idée d’approcher une baleine de si près pour la première fois, et l’effort. Je palme à perdre haleine et mes battements de jambes s’alignent sur le rythme de ma respiration. Un, deux, j’inspire ; un deux, j’expire etc. Le soleil s’est couché et je suis presque perdu dans la nuit liquide dans laquelle je me suis brusquement retrouvé. Sous l’eau, seul l’écran de ma caméra m’oriente. L’écran et… ma montre dont la luminescence réputée des chiffres et des aiguilles ne se fait pas prier. Les marqueurs minute quart d’heure de la lunette en céramique que j’ai fait pivoter au préalable me permettent de surveiller le temps passé dans l’eau. Car un autre compte à rebours a démarré dès la remontée du rorqual qui ne reste généralement qu’une quinzaine de minutes à la surface pour respirer avant de disparaître à nouveau.

Malgré l’effort, la distance à laquelle je me suis mis à l’eau ne me permet pas d’atteindre le mammifère cette fois-ci. La baleine progressait toujours et ce ne sont pas mes maigres coups de palmes qui m’auraient permis de la rejoindre. Tout au plus aurais-je capturé malgré moi l’un des dauphins, ainsi qu’une masse gris-blanche au lointain.

Mais cela reste un baptême pour moi. Celui d’avoir été en présence d’un tel animal et dont il me semble avoir perçu la propulsion titanesque dans l’onde. Celui aussi, à mon humble échelle, de m’être inscrit dans les pas d’explorateurs aussi exigeants que le commandant Cousteau ou que le photographe naturaliste Laurent Ballesta qui plongeaient volontiers avec la Fifty Fathoms.

Fifty Fathoms Automatique © Christopher Shand/Sébastien Aubord for WorldTempus  ​
Fifty Fathoms Automatique © Christopher Shand/Sébastien Aubord pour Worldtempus

Une montre de légende

Cela se confirmait lorsque, les jours suivants, alors que tâchais de saisir encore une fois l’effervescence des fonds marins, mon regard ne pouvait s’empêcher de s’attacher aux dégradés azur du cadran de la montre. Charrié par la houle, l’une des jouissances que j’ai à plonger est d’avoir le sentiment de ne faire qu’un avec l’élément liquide. Lorsque, concentré sur ma respiration et en état de quasi transe, le cliquetis des coquilles, des planctons et des crabes ou les mugissements sous-marins de bêtes lointaines font vibrer mon échine. Dans un tel état, je peux me laisser porter des heures, jouant avec les courants comme un être amphibie. Et ces reflets de bleus de la Fifty Fathoms, à la fois subtils et éclatants, étaient comme à l’unisson des eaux dans lesquelles je m’émerveillais. 

P:S : La scène se déroule en août, à 15 miles de l’Ile des Embiez, sur le pourtour du Triangle Pélagos. Délimitée par la Cote d’Azur, Monaco, la Ligurie, la Corse et le nord de la Sardaigne, l’aire de 87 500 km2 a été déclarée sanctuaire pour la protection des mammifères marins suite à la signature d’un accord de 1999 entre les pays limitrophes. La zone a été classée « aire spécialement protégée d’importance méditerranéenne » (ASPIM). Mais en l’absence de moyens propres ou de règlementation ad hoc, cela ne signifie pas grand-chose. C’est là que le rôle d’organismes tels que la Swiss Cetacean Society devient primordial. Cette structure organise des campagnes mondiales d'acquisition de données sur les populations de cétacés et engage régulièrement des éco-volontaires et encadrants naturalistes spécialisés Chacun est libre de rejoindre les rangs de l’institution lausannoise sur le terrain et la participation des éco-volontaires reste essentielle pour son autonomie financière.

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