Richemont et Polo Ralph Lauren fondent une coentreprise
Les groupes de luxe genevois Richemont et américain Polo Ralph Lauren fondent une coentreprise. Cette société commune est destinée à créer des montres de luxe et de la bijouterie fine, qui devraient apparaître à la vente en automne 2008.
Polo Ralph Lauren Watch and Jewellery Company va développer, produire et distribuer ses créations via les boutiques Ralph Lauren, ainsi que dans les boutiques indépendantes de montres et bijouterie les plus luxueuses du monde, ont indiqué les deux groupes dans un communiqué commun. Chaque partenaire détiendra 50% de la coentreprise et y sera engagé à long terme.
Communiqué
Richemont s'associe au groupe américain Ralph Lauren
La rumeur circulait depuis quelques mois. Richemont l'a confirmée lundi. Le numéro deux mondial du luxe a conclu un accord portant sur la création d'une société commune avec la société américaine Ralph Lauren. La coentreprise aura pour but de créer et commercialiser des bijoux et montres de luxe pour la marque américaine, qui seront vendus dans ses propres boutiques dès l'automne 2008. Chaque partenaire détiendra 50% de la coentreprise. Le marché spéculait sur une prise de participation croisée.
Aucun autre détail n'a transparu. Ni le volume de production ni quelle(s) marque(s) de Richemont s'occupera de la fabrication de ces garde-temps Ralph Lauren by Richemont. Un point pourtant crucial sachant que les capacités de production du groupe sont déjà sous pression et que des goulots d'étranglement se forment partout. Richemont indique simplement qu'il s'agira d'une entité indépendante, tant au niveau horloger que bijoutier. Le savoir-faire des différentes marques sera toutefois mis à contribution, même s'il n'est pas exlu d'externaliser la production.
Premier prix à 3000 francs
Si les deux partenaires veulent en partie surfer sur la vague du succès que rencontrent les montres dites fashion, elles s'inscriront toutefois dans le haut de gamme. «Avec un prix d'entrée aux environs de 3000 francs et estampillées Swiss made», explique Alan Grieve, directeur de la communication de Richemont. Un positionnement qui surprend Patrik Schwendimann, analyste auprès de la Banque cantonale de Zurich. Il s'attendait à des prix plus accessibles.
L'opération est inédite pour les deux entreprises. Ainsi, c'est la première fois que Richemont fonde une société commune avec un créateur de mode. Pour Ralph Lauren, qui réalise des ventes de 5,3 milliards de dollars, dont 9% dans les accessoires, le joint-venture lui permet enfin d'entrer dans le monde horloger. Une absence jusque-là incompréhensible lorsqu'on connaît les marges que peut dégager ce secteur. Il lui permettra aussi de rattraper le retard pris sur ses concurrents, comme Hugo Boss ou Tommy Hilfiger, qui ont compris depuis longtemps la nécessité de proposer des accessoires horlogers à leurs clients. L'an passé, Swatch Group, concurrent direct de Richemont, a signé un partenariat avec la marque Timberland.
Du côté de Richemont, l'intérêt réside surtout dans la possibilité de mieux s'étendre sur le marché américain, une des priorités stratégiques du groupe. Ralph Lauren génère plus de 80% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis. Dans le monde, la marque, dirigée, présidée et fondée par Ralph Lauren, dispose d'un réseau de 300 boutiques.
Mais il faut aussi chercher plus loin. Tout en essayant de se consacrer à la croissance interne, Richemont ne peut renoncer à des opérations exogènes. Les proies intéressantes se faisant toutefois rares et surtout à des prix stratosphériques, le groupe dirigé par Norbert Platt suit une double stratégie. D'un côté, l'achat de petites sociétés actives dans des niches très particulières, comme récemment avec Minerva. De l'autre, se faire une place dans les produits de luxe dits plus ou moins accessibles. Cette étape vient d'être franchie. Et ce n'est certainement qu'un début.
Le temps / Bastien Buss / www.letemps.ch
