La Roger Dubuis Pulsion

WORLDTEMPUS - 26 novembre 2012

Serge Panczuk


Les montres d'aventurier font rêver parce qu'elles combinent la beauté du réel (le garde-temps), la richesse de l'imagination, et le besoin d'évasion. Toutes les marques cherchent d'ailleurs à s'associer à des héros contemporains qui véhiculent leurs valeurs, mais aussi permettent de voir les montres portées dans des contextes exceptionnels.

Il y a les astronautes et leurs Omega, les navigateurs avec leurs Corum, leurs TAG Heuer ou leurs Hublot. Il y a les parachutistes de l'extrême qui portent des Zenith, les pilotes des Breitling ou des plongeurs qui remontent à la surface avec une Blancpain !

Mais cette trilogie n'est jamais plus belle que lorsqu'elle s'exprime dans les livres ou sur les écrans. Parce qu'elle intègre aussi la quête de l'impossible. Au Panthéon de ces héros amateurs d'horlogerie, il y a bien sûr James Bond et ses Rolex et Omega. Mais il y a également le plongeur Dirk Pitt qui a rendu Doxa fameux au-delà d'un cercle restreint de passionnés. Plus récemment, Jason Bourne a porté un chronographe IWC, Tony Starck / Iron Man une Bulgari – comme d'ailleurs le Saint. Bruce Wayne / Batman préfère une Jaeger-LeCoultre alors que les Expendables glorifient Panerai ! Enfin Shaft arbore fièrement une Heuer Autavia.
 
Comme nous le voyons, le lien aventure – montre est solide. Et certaines marques créent de toute pièce des univers de communication qui visent à le renforcer au maximum.

Il suffisait de visiter l'espace Roger Dubuis au SIHH de 2012 pour se rendre compte de la force de cette association. Au cours de cette édition, Roger Dubuis a lancé un nouveau chronographe résolument sportif – le Pulsion - et complètement intégré dans un univers d'aventurier du XXIème siècle. Le stand invitait les visiteurs à se plonger dans un monde que n'aurait pas renié un autre héros contemporain : Largo Winch.


Pourquoi Roger Dubuis ?

Bien que récente, cette marque exploite au mieux les plus anciennes références de l'horlogerie suisse. Née en 1995, la Manufacture Roger Dubuis s'est positionnée d'entrée comme un acteur majeur dans le monde exclusif de la Haute Horlogerie. Mais pour parvenir à se hisser au niveau des acteurs traditionnels de ce secteur, la marque ne pouvait pas s'appuyer sur une histoire, ou sur l'Histoire.
Le choix a donc été de mêler excellence horlogère (le Poinçon de Genève) et design en rupture (dont l'Excalibur est un bel exemple). En 2001, Roger Dubuis se dote de son propre outil de production à Meyrin. Et en 2008, la marque rejoint le groupe Richemont.

Si la marque avait parfaitement réussi à trouver son ADN au travers de modèles que l'on pouvait aisément qualifier d'extrêmes, il lui fallait – pour durer – assagir ses créations tout en conservant ses marqueurs culturels originaux. La Roger Dubuis Pulsion s'inscrit dans cette stratégie de conquête et doit matérialiser cette évolution. Cette pièce vient directement se confronter à des icônes de la catégorie. Elle va devoir affronter des monuments, mythiques et reconnus par tous les collectionneurs du monde.
Essayons de voir si – comme Largo Winch – notre aventurière virtuelle est armée pour cela.

La Roger Dubuis Pulsion : pour mesurer le tempo du Groupe W !

Avec la Pulsion, Roger Dubuis nous propose un chronographe qui – de prime abord – semble plus classique que les autres modèles de la collection. Mais cette sagesse n'est qu'apparente. En y regardant de plus près, la Pulsion est originale à plus d'un titre.

Ce qui surprend d'entrée sur cette pièce à vocation sportive, c'est sa glace saphir. A l'instar d'une Ebel Tekton de 2008, notre Roger Dubuis est équipée d'une glace saphir qui recouvre l'ensemble de la boîte. Elle y est fixée grâce à six vis qui la traversent. La lunette graduée est d'ailleurs « intégrée » dans la glace, ce qui renforce l'originalité de ce choix technique autant que stylistique.

Sous le saphir, on peut admirer un cadran en partie ouvert, qui laisse apparaître le mouvement. Comme sur toutes les autres montres de la collection, pas de date, mais un chronographe à deux compteurs.

Avant de parler du calibre qui l'anime, passons en revue les aiguilles. Souvent les amateurs de belles montres sont aussi des collectionneurs de stylos. En regardant les aiguilles de la Pulsion, on peut s'imaginer que le designer qui les a dessinés a cherché son inspiration dans les portes-plumes d'antan. En effet, elles reprennent la forme de ces plumes que certains d'entre nous glissaient dans des tiges en bois et trempaient dans un encrier pour s'exercer à écrire. Bravo et merci pour cette initiative qui rajoute une dimension de rêve d'enfant à cette pièce pourtant taillée pour l'aventure.  On s'imagine d'ailleurs que ce choix a été dicté par la recherche du fameux lien entre écriture, dessin et aventure.

La boîte en titane – très travaillée – de la Roger Dubuis Pulsion abrite le mouvement chronographe exclusif RD 680.
Ce calibre répond aux exigences du Poinçon de Genève. Il est équipé d'une roue à colonnes et offre une réserve de marche de 52 heures. En plus de sa certification Poinçon de Genève, le RD 680 remplit les exigences COSC. Enfin, le RD 680 est équipé d'un micro rotor, et sa superbe finition est visible également au travers d'un fond saphir. C'est en retournant la Pulsion que l'on peut aussi voir les fameuses vis qui traversent le saphir, pour terminer leur course de l'autre coté de la boîte.

Autre élément qui mérite d'être évoqué : le bracelet. Celui de la Pulsion est en caoutchouc, ce qui correspond parfaitement à la vocation sportive de la pièce. Mais sa finition est particulièrement originale. En effet, le bracelet alterne une finition polie et satinée. Les parties satinées sont particulièrement agréables au toucher, et ne donnent pas l'impression d'avoir à faire à du « vulgaire » caoutchouc. La boucle déployante qui équipe le bracelet est bien plus sobre que celle des autres modèles de la collection, et sied mieux à une pièce qui se veut plus classique. 

En résumé, la Roger Dubuis Pulsion reprend tous les codes des chronographes sportifs, tout en y rajoutant des touches d'originalité qui la rendent attachante.

Qu'en pense l'avocat du diable ?

En 2011, Roger Dubuis avait marqué les esprits en lançant le superbe chronographe Monégasque, équipé du même mouvement, et au design aussi original que subtil.
Avec la Pulsion, la Manufacture continue son exercice d'assagissement. Les amateurs de la première heure de la marque de Meyrin pourront regretter cette tendance. Mais je dois reconnaître que je suis séduit par cette évolution.

L'avocat du diable pourrait cependant s'interroger sur le choix si particulier du montage de la glace saphir. Encore une fois, cette option contribue au charme de la pièce mais cependant je m'interroge sur les risques qu'elle fait porter à la glace. En effet, la Pulsion est une montre sportive, qui sera donc soumise à rude épreuve.
La glace saphir effleure la boîte, et on sait que les angles sont toujours les premiers à souffrir en cas de choc, gros ou petit. La glace de la Pulsion est donc particulièrement exposée, et j'espère que des tests de résistance intensifs ont été réalisés afin d'éviter toute mauvaise surprise.

Au-delà de ce commentaire, peu de choses à reprocher à ce chronographe, qui est décliné en titane, en or rose et en titane DLC. Mon choix s'est porté sur la version titane, qui me semble encore une fois plus adaptée à un usage sportif. Pour une pièce aussi prestigieuse, je regrette l'option DLC, à laquelle j'aurais préféré la céramique ou un autre alliage plus résistant aux chocs.


Quelle image véhiculera le porteur de ce chronographe Roger Dubuis Pulsion ?

Dans la publicité pour la Pulsion, Tomer Sisley conduit une Jaguar Type E. L'acteur français est également le visage de Largo Winch à l'écran.
A l'image de cet aventurier du business, le porteur de cette Pulsion adopte donc un style décontracté, et ne se prend pas toujours au sérieux. C'est un joueur – un parieur – qui n'hésite pas se laisser séduire par un garde-temps que l'on n'attendait pas forcément dans cette catégorie des sportives classiques.