L’innovation au cœur – littéralement !

Image
Innovation at heart – literally! - Fabergé
4 minutes read
Le centre du cadran de la montre est devenu le terrain de jeu de Jean-Marc Wiederrecht, dont la collaboration fructueuse avec Fabergé a produit quelques-uns des garde-temps de luxe les plus recherchés sur le marché aujourd’hui.

Jean-Marc Wiederrecht, de la manufacture Agenhor, s’était fait une solide réputation dans le développement de modules pouvant être ajoutés aux mouvements de base adjoignant ainsi de nouvelles complications et fonctions à une montre. Il avait toujours résisté à la tentation de créer un mouvement, malgré ses nombreuses idées. « Les gens me conseillaient de commencer par quelque chose de simple», dit-il, « mais je pensais que développer un mouvement de base était hors de question étant donné les faibles volumes de production que je gère, j’ai donc fini par faire tout le contraire: produire un mouvement à répétition cinq minutes avec trois barillets. » Le mouvement en question a été utilisé pour la première fois en 2012 pour animer la Van Cleef & Arpels Poetic Wish. Par conséquent le hasard n’est peut-être pour rien dans le fait que la jeune Directrice Horlogerie de Fabergé, Aurélie Picaud, n’ait pas envisagé un instant que M. Wiederrecht refuse d’être le partenaire qu’elle cherchait pour développer une toute nouvelle gamme de montres pour la marque fin 2013. Le défi était même double, puisqu’il fallait également inciter M. Wiederrecht à sortir d’une semi-retraite.

Finalement, l’instinct allié à un grand projet ont convaincu le boss d’Agenhor de s’embarquer dans l’aventure, avec comme première priorité la production d’un modèle pour femmes qui donnerait à parler…et ce pour Baselworld 2015, tout juste une année après. La montre Fabergé Lady Compliquée Peacock était née, réminiscence de « l’œuf Peacock de 1908 », et remportait dans la foulée le Prix de la haute mécanique pour dame du Grand Prix d’Horlogerie de Genève 2015. Pour Jean-Marc Wiederrecht, le succès retentissant inattendu de ce projet prouve que « l’intelligence humaine et le sentiment sont plus puissants que n’importe quelle machine ou ordinateur. » C’est également le témoignage de la mentalité « start-up » que le CEO de Fabergé, Sean Gilbertson (lisez notre interview) a instillé à son équipe. « C’est la structure globale qui fait la différence », confirme Jean-Marc Wiederrecht.

Des modules aux mouvements
Le patron d’Agenhor reconnaît que le fait d’avoir eu un certain nombre d’idées et de brevets en cours l’a aidé à passer de fournisseur de modules à producteur de mouvements. Après avoir mis au point les règles de l’art pour la Poetic Wish, dont le marteau et les gongs pour la répétition minutes étaient inhabituellement placés au centre de la montre, il a récidivé avec la Lady Compliquée Peacock lauréate au GPHG : son mécanisme d’affichage des heures et des minutes grâce au déploiement des plumes de paon gravées est breveté.

Cette année, Fabergé a présenté deux modèles très caractéristiques basés sur une architecture commune qui place les éléments peu conventionnels au centre de la montre. Dans le cas de la Lady Levity, le centre de la montre est dominé par une grande lune en nacre, tandis que la Visionnaire DTZ (une sérieuse candidate dans la nouvelle catégorie Fuseaux Horaires du GPHG cette année) arbore un affichage du deuxième fuseau horaire exceptionnel. Dans les deux cas, le mouvement est visible à travers un fond de boîtier transparent. Pourtant dans le cas de la Visionnaire DTZ le mouvement est bien automatique, l’énergie étant fournie par un rotor côté cadran à peine perceptible. Ce thème, qui implique le placement d’un élément fonctionnel ou décoratif au cœur de la montre où l’on s’attend habituellement à trouver l’axe central pour les aiguilles, resurgira dans la collection 2016. Nous avons hâte de voir ce que les talentueux maîtres artisans de Fabergé  nous réservent.

Le diable est dans les détails
La came qui actionne l’heure sautante instantanée de la Visionnaire 1 DTZ, cachée dans les profondeurs du mouvement, arbore une gerbe de blé gravée. Le levier qui suit les 60 minutes de rotation de cette came fait partie d’un secteur dessiné pour ressembler à un paon et donc créer un lien caché avec le patrimoine de la marque, où le paon apparaît fréquemment. De plus, l’énergie nécessaire au passage instantané au deuxième fuseau horaire est accumulée pendant l’heure entière entre chaque saut, ce qui est inhabituel pour une complication d’heure sautante.

Comme le deuxième fuseau horaire est visible au centre du cadran, le diamètre du disque portant les 24 heures de l’échelle du deuxième fuseau horaire ne pouvait pas excéder la moitié du diamètre du mouvement lui-même. Par conséquent, les chiffres sur ce disque sont très petits : à peine 1,5 mm de hauteur, pour être exact. Jean-Marc Wiederrecht a donc dû trouver un moyen de les agrandir pour qu’ils soient vraiment lisibles. « Nous avons eu de la chance que la construction nous permette de placer le point focal de la loupe à sept millimètres du disque des 24 heures », explique-t-il, « ce qui est une distance assez significative à cette échelle. Donc en utilisant des effets d’optique nous avons pu augmenter la taille des chiffres à 4 millimètres. Néanmoins, à cause des problèmes inhérents de réflexion de la lumière dans une montre, lors des premiers essais nous pouvions voir presque tous les chiffres à la fois ! Alors avec l’aide de chercheurs d’université, nous avons été capables de développer un tube central à géométrie complexe qui a éliminé toute distorsion ou réflexion. »

Marque