La Grand Seiko Spring Drive Diver SBGA 029

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La Grand Seiko Spring Drive Diver SBGA 029 - Et pourquoi pas…?
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Le point de vue du collectionneur sur… un modèle de la haute horlogerie japonaise.

Pour commencer cette année, j’ai décidé de sortir des sentiers battus. Ces sentiers horlogers nous amènent régulièrement de Genève au Jura, de Bienne à Schaffhouse, ou du Sentier au Brassus !

Mais le monde horloger est bien plus vaste. Si le cœur de l’horlogerie bat en Suisse, il faut cependant accepter que son inspiration soit internationale. N’oublions donc jamais que les noms présents sur les cadrans de nos pièces préférées viennent parfois des quatre coins de l’Europe. Mais la force d’une industrie se mesure aussi à sa capacité à exporter autant ses produits que son savoir. Et c’est justement ce dernier point qui m’amène à évoquer aujourd’hui la marque Grand Seiko.

Pour beaucoup, l’horlogerie japonaise se résume à l’invasion du quartz, aux Casio indestructibles et aux pièces d’entrée de gamme. Il y a quelques mois, j’avais déjà parlé de Seiko ici, en vous présentant une plongeuse issue d’une lignée légendaire : la Marine Master.

Aujourd’hui, je vais vous parler d’un « autre » Seiko, pousser la barre un peu plus haut. Et la provocation aussi ;)

Le savoir-faire horloger de Seiko vient directement de … Suisse. C’est un magnifique exemple de coopération technologique, et de transfert de savoir : avant d’être la marque reine du quartz, Seiko produisait des montres mécaniques selon des standards suisses.

 

Seiko-ateliers

 

Pourquoi Grand Seiko ?
Si Seiko existe depuis plus de 100 ans, la marque Grand Seiko est née en 1960. Avec un objectif clair : fabriquer les meilleures montres au monde. C’est certes ambitieux, mais pour qui est familier avec les cultures asiatiques, et la culture japonaise en particulier, un tel objectif ne devrait pas faire rire. Le seul point de débat est de savoir ce que « meilleur » signifie. Et pour Grand Seiko la réponse est : la précision.

Dès son origine, Grand Seiko a donc essayé de repousser les limites de la précision, au travers de calibres manufacture, les fameux « 9 ». Dans la hiérarchie des calibres Seiko, le 9 tient une place à part. Par exemple, la Marine Master dont nous avions parlé en 2012 a un calibre mécanique automatique « 8 », version simplifiée d’un « 9 » de Grand Seiko. Le 9 est le plus haut niveau de finition, de réglage et de précision possible dans la gamme des calibres manufacture de la marque. Et les calibres 9 se déclinent en version quartz (eh! oui…), mécanique, Spring Drive, et chronographe.

Depuis 1960, les Grand Seiko ont repoussé les limites de la précision, via des innovations permettant de proposer des mouvements à très haute fréquence, tout autant que des révolutions technologiques comme le fameux Spring Drive dont nous parlerons aujourd’hui.

La marque reste néanmoins confidentielle. Elle est quasiment inexistante en Europe, mais soulève cependant les passions. La collection Grand Seiko n’est pas vaste. Elle propose des modèles au design ultra classique, avec des formes et des tailles adaptées aux goûts du marché nippon, cible principale, voire quasi unique de GS (Grand Seiko).

L’intérêt de la marque vient d’ailleurs de son positionnement particulier au sein de la nébuleuse Seiko. Nous connaissons tous la taille de l’empire horloger du Soleil Levant. Les deux marques de haute horlogerie du groupe (Grand Seiko et Credor) ne contribuent que très peu aux résultats et à l’image de Seiko. Seiko les développe donc en parallèle, sans forcément chercher le profit à tout prix.  Et cela contribue aussi à la qualité exceptionnelle de ces pièces.

Diffusion confidentielle, excellence technologique, innovation et réputation sont donc les éléments qui permettent de dire que Grand Seiko a toute sa place dans la liste des manufactures haut de gamme. Pour s’en convaincre, partons à la découverte de cette plongeuse pleine de surprises.

 

Grand Seiko Spring Drive Diver SBGA 029

 

La Grand Seiko Spring Drive Diver SBGA 029 … Surprise, j’ai gagné!!!!

Dans la gamme Grand Seiko, la SBGA 029 est particulière. C’est la seule « plongeuse » de la gamme, qui se décline en trois modèles aux caractéristiques similaires, l’une en acier, l’autre en titane, et la troisième sous forme d’une série limitée dotée d’un fond bleu nuit.

Ma préférence va à la version acier 029. Côté design, rien de particulier. C’est une plongeuse avec toutes les caractéristiques indispensables à un tel modèle. Bracelet acier, lunette unidirectionnelle titane et acier, cadran noir, etc. … C’est en regardant de plus près que l’on se rend compte de ce que signifie vraiment Grand Seiko. La Marine Master brillait déjà par sa finition. La GS la dépasse largement.

La finition est tout simplement irréprochable, et il suffit de regarder les détails pour comprendre ce que le côté méticuleux des Japonais veut dire en langage horloger ! Pour avoir eu la chance de comparer la SBGA avec ses cousines suisses de Bienne, elle n’a pas à rougir. Bien au contraire. Sur bien des points, la GS établit un nouveau standard en termes de réalisation.

Alors que la plupart des GS proposent des dimensions réduites (38mm, 39.5mm), la SBGA affiche une belle taille de 44.2mm. C’est en partie dû au calibre Spring Drive.

En effet, la plongeuse est équipée d’un des mouvements les plus révolutionnaires de l’industrie : le Spring Drive.

Il s’agit d’un calibre mécanique manufacture dont la particularité est d’utiliser l’énergie électrique pour accroître la précision. L’énergie n’est pas stockée (ce n’est donc pas une montre à quartz), mais utilisée « en temps réel » via une technologie particulière à Seiko. Si les mouvements mécaniques classiques se distinguent par une aiguille des secondes qui avance de manière saccadée, celle du Spring Drive avance de manière linéaire, à l’instar d’une montre à quartz. Mais c’est bel et bien un calibre manufacture, monté dans les ateliers de Seiko par un petit groupe d’horlogers triés sur le volet.

Dernier point, il ne faut pas confondre le Spring Drive avec le Kinetic, qui lui est un mouvement hybride. Beaucoup de personnes mélangent les deux, mais ces deux technologies n’ont rien à voir.

La Grand Seiko offre une réserve de marche de 72 heures (lisible sur le cadran), et les quelques amateurs qui ont testés sa précision et sa régularité ont été bluffés. Un fan américain a mesuré la sienne sur 12 mois, pour se rendre compte que le décalage n’était que de 12 secondes en fin d’année !

 

Seiko Spring Drive

 

Au-delà du mouvement, il faut aussi noter la qualité du bracelet qui est équipé d’un dispositif de réglage de la taille simple et efficace.

La montre est étanche à 200m, ce qui n’en fait pas la plongeuse la plus étanche, et ne lui permet pas d’avoir le qualificatif de « Professional » que l’on retrouve sur la Marine Master Professional Spring Drive de Seiko, qui utilise un mouvement doté de la même technologie, mais dans une version moins haut de gamme.

A bien des égards, la GS Diver est donc une belle surprise. On se rend vraiment compte de ses qualités en la comparant aux références du marché. Et dans ce combat, elle s’impose sur bien des points.

Mais elle garde un charme unique, qui fait sa force. Et qui peut aussi déranger.

 

Qu’en pense l’avocat du diable ?
L’avocat du diable aime les montres qui remettent en cause l’ordre établi ! Et à ce jeu-là, cette Grand Seiko se régale. Cependant, comme toujours, point de perfection, et l’avocat a noté plusieurs éléments qu’il faut prendre en considération.

Côté design, on aime ou pas la réserve de marche visible sur le cadran. Selon moi, cet indicateur  l’alourdit un peu, au même titre que les inscriptions Seiko, GS et Grand Seiko. Il y en a au moins une de trop.

Mais la vraie question est ailleurs. Et une fois n’est pas coutume, il s’agit du prix. La Grand Seiko affiche un tarif qui la positionne au niveau (voir au dessus) de Rolex et d’Omega. Compte tenu des finitions, rien à dire. C’est justifié.

Mais au moment du choix, il est clair que le futur acquéreur se posera la question de savoir s’il va privilégier le statut ou le charme.

 

Quelle image véhiculera le porteur de cette Grand Seiko SBGA 029 ?
Vous l’avez compris, le porteur de cette Grand Seiko est un vrai amateur, mais aussi un courageux. Dans les salons feutrés, où plein de ses amis arboreront à leurs poignets des Sub, Seamaster, Fifty ou autres Diving, il lui faudra une bonne dose de courage – et de provocation – pour s’afficher avec la Grand Seiko.

C’est justement cela qui fait tout le charme de la pièce.

Celui qui l’aime montre qu’il est curieux,  indépendant d’esprit, provocateur, mais aussi connaisseur et intéressé par le fond plus que par la forme. Et finalement, le propriétaire de cette Grand Seiko affiche aussi son goût pour les voyages, les différences culturelles et l’ouverture d’esprit.

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