La nostalgie et l'Anonimo Militare Chrono Bronze 20ème Anniversaire

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Nostalgia and the Anonimo Militare 20th anniversary chronograph in bronze - Why not...?
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Le modèle anniversaire d'Anonimo nous rappelle nos premières fois.

On se rappelle toutes et tous de nos premières fois. Je me souviens d’une mémorable chute dans un buisson de roses, alors que j’essayais de dompter un vélo bleu. Ou d’un petit gars blotti sur un canapé en train de regarder les images floues d’un astronaute débarquant sur la lune. C’était en 1969.

Des premières, il y en a donc eu des dizaines. Des agréables, des douloureuses, des qu’on voudrait oublier. Mais tous ces évènements, aussi courts soient-ils, marquent une existence et nous aident à devenir qui nous sommes.

Alors, qu’en est-il de la première montre ?

Dans mon cas, ce n’était ni une pièce héritée, ni une pièce rare ou même venue d’une marque très connue à l’époque. Il s’agissait d’un chrono Certina à quartz, au désormais joli look « eighties ». Je me rappelle d’un court séjour à Genève, d’une balade dans les rues de la Vieille Ville, d’une sortie sur le Lac et d’une rue avec des magasins de montres. Je ne sais plus s’il s’agissait de la rue du Mont-Blanc ou de la rue du Rhône. A l’époque, je ne savais même pas si je reviendrai un jour sur les bords du Lac. J’ignorais bien sûr que j’y ferai une belle partie de ma vie …

Cette première montre n’a pas réellement réveillé ma passion pour l’horlogerie. Cependant, lorsque je l’ai retrouvée il y a quelques mois, j’ai eu l’impression de retrouver une vieille amie, perdue depuis trop longtemps. Aujourd’hui, j’essaie de lui redonner vie et je pense que je pourrai la reporter bientôt.

C’est plus tard que ma passion est apparue.

La passion du collectionneur est un sentiment plus profond, qui prend du temps à s’installer. Il faut d’abord une accroche, puis de la curiosité, de l’intérêt, de la recherche et enfin une forme d’aboutissement qui n’est en fait que le début.

C’est une pub ou un article qui parlait d’une marque italienne, appelée Anonimo, qui m’a « accroché ». La marque était nouvelle et bien sûr inconnue. Je résidais à l’époque à Genève et les jeunes marques italiennes n’étaient pas forcément la préoccupation des horlogers locaux. Je vivais au cœur de la capitale mondiale de l’horlogerie, mais mon cœur balançait vers une petite marque de Florence !

Peut-être était-ce à cause de sa ressemblance avec sa grande sœur Panerai qui commençait à conquérir les vitrines de la fameuse boutique Les Ambassadeurs. Il est vrai que j’étais attiré par ces montres imposantes, la simplicité de leur cadran et leur histoire. Mais très honnêtement, je n’avais pas encore assez de passion pour investir dans une PAM.

Cependant, l’image de cette Anonimo Millemetri restait coincée quelque part dans ma tête. Je commençais à rechercher des informations sur la marque, à m’intéresser à l’histoire de l’horlogerie florentine. Et à m’imaginer en porter une. Mais bien sûr, personne en Suisse ne distribuait leurs montres.

Il a fallu attendre un voyage à Paris pour que tout cela devienne réalité. Voyageant beaucoup, j’avais commencé à me renseigner sur les différentes boutiques qui vendaient des Anonimo en Europe. Il n’y en avait bien sûr pas beaucoup. Mais une suffisait pour que la magie s’opère !

Elle était à Paris.

Je me souviens remonter la Rue Saint-Honoré, passer l’Église Saint-Roch et arriver aux alentours de la Comédie-Française. Sur la droite, il y avait la Rue du Rohan. Et juste en face de moi, de l’autre côté de la rue, cette petite boutique dont je ne me rappelle plus le nom. Par contre, je me souviens m’être arrêté quelques instants devant la vitrine pour voir – pour la première fois en vrai – l’Anonimo Millemetri ! Après quelques instants, je rentre dans la boutique et me dirige vers la minuscule vitrine où seules trois ou quatre pièces étaient exposées. Je savais exactement ce que je voulais : la version équipée d’un cadran noir, montée sur un bracelet en Kodiak (je me souviens du nom) marron.

Et voilà …

En quelques minutes je finalise l’achat et sors avec la montre à mon poignet. Je repars à pied, remonte l’Avenue de l’Opéra. Après, je ne me rappelle plus exactement. Ce que je sais par contre, c’est que la Millemetri est restée longtemps dans ma collection. Un jour, en changeant le bracelet, j’ai perdu une des deux attaches de bracelet. Et comme elles sont propres à la marque – et vissées, la montre n’a plus de bracelet… Je n’ai jamais voulu la renvoyer pour un service. Je ne sais pas pourquoi.

J’ai rangé la montre dans une petite boîte. J’ai beaucoup déménagé et aujourd’hui je sais qu’elle est quelque part dans ma maison, mais j’ignore où …

Depuis cette année 1998, je n’ai jamais cessé de suivre l’histoire de la marque. Je me suis rendu à Florence plusieurs fois et je suis même passé près de là où ma Millemetri avait été assemblée. Mais je ne m’y suis pas arrêté. Encore une fois, je ne sais pas pourquoi. Mais en écrivant cet article, je sais que je vais repartir à la recherche de ma Millemetri. Et si je la retrouve, peut-être que je l’enverrai chez Anonimo, pour que les horlogers lui redonnent une nouvelle vie. Je pourrais alors la porter à nouveau, avec son bracelet en Kodiak – dont j’ignore toujours l’origine du nom, mais qui continue à me faire rêver !

Pourquoi Anonimo ?

Vous l’avez compris, j’ai une relation spéciale avec cette marque. En y réfléchissant bien, elle a dû façonner pas mal d’aspects de mes passions futures : le style simple, les micro-marques, les montres imposantes, Panerai, les marques et le style italiens, les montres à vocation sportive, les tool watch, etc.

Anonimo est née en 1997, alors que Panerai – désormais racheté par un grand groupe, quittait l’Italie pour rejoindre la Suisse, laissant derrière elle des femmes et des hommes qui avaient contribués à son succès. La marque abandonnait aussi son site de production, ses machines-outils et son savoir-faire. Federico Massacesi décida de relever le défi et ainsi naquit Anonimo.

La première création de la marque fut la – MA – Millemetri. Mais d’autres modèles vinrent rapidement garnir la collection. Il y eut la fameuse Militare (dont nous reparlerons plus tard), la Professionale, la Dino Zei ou encore la Polluce. 

La marque a su transmettre son ADN à tous ses modèles. Même si elle a eu quelques difficultés à se hisser au niveau des très grands, elle n’est plus uniquement une micro-marque. Elle a aussi contribué à l’histoire de l’horlogerie en lançant la première montre de plongée en bronze (après la tentative ratée de Genta avec sa Gefica). A l’époque, ce choix semblait fort étrange. Il s’inspirait de certains prototypes de Panerai et allait plus tard devenir une tendance lourde de l’industrie, grâce à … Panerai. Aujourd’hui, je suis ravi que la marque puisse continuer son aventure. Elle a fêté son vingtième anniversaire en 2017 et continue de proposer des modèles forts séduisants. Je ne lui souhaite qu’une chose : qu’elle relance un jour la Millemetri, sans laquelle nous ne parlerions pas d’Anonimo aujourd’hui.

L’Anonimo Militare Bronze Camouflage : le cœur a ses raisons…

La Militare fut lancée en 2001. Il s’agissait d’un chronographe dont la particularité était la disposition de sa couronne à 6 heures. L’objectif de cet étrange placement est de la protéger des chocs. Avec ce choix stylistique, Anonimo disposait d’un modèle qui allait faire parler de lui, et devenir un pilier de l’offre de la maison florentine.

L’inspiration de la couronne à 6 heures vient peut-être d’une marque française, ZRC. Elle lança la première montre de plongée équipée d’une couronne excentrée, nous étions en 1964. Ce choix allait s’avérer payant, la montre se retrouvant au poignet des nageurs de combat de la Marine Nationale mais aussi des équipes du Commandant Cousteau.

Après le changement de propriétaire en 2013, la marque se relocalise en Suisse et lance une nouvelle collection en 2015. La Militare est bien sûr au rendez-vous. Mais cette fois-ci, Anonimo opte pour la couronne à 12 heures, également inspirée de la précédente, parce qu’utilisée par Omega pour sa Bullhead ou même par la mystérieuse Triton Spirotechnique de 1962.

Nostalgie : la Militare Chrono Bronze 20ème Anniversaire

En 2017 l’anniversaire de la marque sera célébré avec deux éditions limitées de son modèle vedette. La Militare de 2017 nous offre tout d’abord un boîtier en bronze de 43.5 mm. Le bronze fait partie de l’histoire d’Anonimo et une montre commémorative se doit d’utiliser ce matériau. Avec l’âge, sa couleur changera pour virer plus vers le vert, mais cela dépendra de son porteur, dont l’acidité de la peau contribuera grandement au changement de couleur. C’est pour cela que le fond de l’Anonimo Camouflage est en titane. Ce matériau léger protégera la peau de toute forme d’oxydation due au bronze. Il est – étrangement - gravé du Mont Cervin, symbole de la Suisse. On retrouve bien sûr la couronne à 12 heures et son dispositif de protection et de déblocage.

Nostalgie : la Militare Chrono Bronze 20ème Anniversaire

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Comme il s’agit d’un chronographe bicompax, ses poussoirs en acier se situent sur le côté droit. Il est équipé du solide mouvement automatique Selita SW 300. Le cadran de la montre reprend un motif camouflage et rappelle l’origine et la vocation militaire de la première Militare de 2001. Il arbore de grands chiffres 12, 8 et 4, devenus désormais un élément de reconnaissance propre à Anonimo. Pour terminer, l’Anonimo Militare Bronze est proposée sur un bracelet en cuir gras vert militaire qui complémente parfaitement la couleur du boîtier. Il faut noter que cette édition limitée est proposée en deux couleurs, le vert militaire et le marron. Je préfère la première dont les couleurs se marieront mieux avec le bronze quand celui-ci se sera patiné.

Nostalgie : la Militare Chrono Bronze 20ème Anniversaire

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Qu’en pense l’avocat du diable ?

Le nom Anonimo provoque ma nostalgie.

Ma longue relation avec cette marque m’autorise à être surpris par certains choix. C’est pour cela que je reste interloqué par la gravure du fond.

Pour fêter ses 20 ans, Anonimo aurait dû rendre hommage à sa ville d’origine Florence, et non pas utiliser le Cervin pour « vendre » sa « suissitude ». Anonimo est une marque dont les racines sont en Italie et elle doit respecter son passé. Une gravure de la Capitale de la Toscane ou même de l’ancien bâtiment d’Anonimo aurait eu une toute autre allure.

A ce titre, la Militare aurait également pu s’inspirer encore plus d’autres modèles historiques de la marque comme la Dino Zei Nemo (avec des compteurs verticaux), la Polluce (en laissant les poussoirs de couleur acier) ou son partenariat avec la Cooperativa Nazionale Sommozzatori - CNS (la Comex italienne).

Je regrette aussi que la boucle soit en acier et non en bronze. Même si elle est recouverte de PVD reprenant la couleur de la boîte, une boucle réellement en bronze – à l’instar d'Ennebi (autre marque originaire de Florence) serait plus appropriée.

L’Anonimo Militare en style florentin

Rien ne peut mieux s’associer à une Anonimo qu’un style florentin.

Les souliers ne peuvent être que des Stefano Bemer ou des Roberto Ugolini. Chez Stefano Bemer je choisirais des bow loafer dans la gamme « ready to wear ». Chez Roberto Ugolini, mon rêve serait de chausser une paire de leurs Ghillie. Quel que soit votre choix, il faudra les porter avec des chaussettes de chez Shibumi.

Côté vêtements, les options ne manquent pas avec Gucci, Prada ou encore Cavalli.

Cependant, je préfère le style plus discret d’Andrea Neri dont j’apprécie beaucoup le costume bleu à rayures tennis blanches. Son style déstructuré se mariera parfaitement avec n’importe quelle chemise blanche, par exemple un modèle sur-mesure de chez Simone Abbarchi, et un léger pull en cachemire de chez Dalmo. Enfin, pour vous protéger des derniers rayons du soleil, quoi de plus utile qu’un Panama de chez Grevi.

Vous serez ainsi parés pour partir à la découverte de la Toscane et de son histoire horlogère !

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