Back in Time : la Fifty Fathoms à travers les âges

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Back in Time: the Fifty Fathoms through the ages - Blancpain
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Elle a traversé les mers...et les décennies. Back in Time plonge aujourd’hui avec la mythique Fifty Fathoms de Blancpain pour remonter à la surface les détours de son histoire.

Elle fait partie de ces icônes que l’on croit avoir toujours connues. C’est vrai...et faux en même temps. La Fifty Fathoms a grandement évolué à travers les âges. Elle est née en 1953, en même temps qu’une certaine Rolex Submariner (1953), bien après Panerai (Radiomir, 1938) mais avant d’autres plongeuses comme Doxa (Sub, 1964) ou Seiko (Prospex, 1968).

Qui ?
Pour l’exercice comparatif, osons prendre les extrêmes : la Fifty Fathoms originale de 1953, dont Blancpain possède un seul et unique exemplaire, en son musée de la Ferme du Brassus. En face, la Fifty Fathoms « Nageurs de combat », l’une des nouveautés 2019. Près de 70 ans séparent donc ces deux pièces, tension temporelle à partir de laquelle l’on peut se saisir des différences...qui, paradoxalement, les rapprochent plus qu’elles ne les éloignent.Back in Time : la Fifty Fathoms à travers les âges

Une pièce en mouvement
On s’en doute, les principales modifications ont été apportées sur le mouvement. Le calibre original est le R.570, aussi parfois dénommé MILSPEC R 570. « MILSPEC » renvoie aux spécifications militaires que la Fifty Fathoms de la fin des années 50 devait respecter pour être adoptée par les forces marines, notamment l’antimagnétisme. La première Fifty Fathoms était déjà dotée d'un mouvement automatique en 1953, et c'est précisément l'un des attributs qui a fait sa différence. Jean-Jacques Fiechter, CEO de Blancpain à l'époque (1950-1980), estimait qu'un mouvement automatique était préférable afin de réduire l'usure de la couronne et des joints, qui est habituellement provoquée par un remontage manuel.

Le mouvement actuel est le calibre 1315. C’est le calibre de référence pour l’immense majorité des Fifty Fathoms contemporaines à trois aiguilles. Il offre également la date. Il promet une réserve de marche au triple des débuts de la Fifty Fathoms : 38 heures en 1953, 120 heures aujourd’hui. Ce calibre a été introduit en 2007 et présentait dès le départ les marques de son temps, et autant de différences d’avec son aïeul, le Cal. R.570.

Back in Time : la Fifty Fathoms à travers les âges

 

Etre à la bonne fréquence
Parmi ces différences, il y a déjà la fréquence de référence : 18'000 alt./h pour l’originale, 28’8000 alt./h pour le modèle actuel. La première est une fréquence historique qui a prévalu du début du XXe siècle et jusqu’aux années 60, s’effaçant progressivement au profit du 3 Hz (21'600 alt./h) puis du 4 Hz (28'800 alt./h). Cette basse fréquence était réputée mieux encaisser les chocs mais, par une implacable évidence mathématiques, moins précise que les fréquences contemporaines. Presque plus aucune manufacture ne la préserve aujourd’hui, à l’exception de Raketa, en Russie, sur la totalité de ses modèles.

Sortir de sa cage
Entre 1953 et 2019, le principe de l’échappement n’a pas évolué (ancre suisse). Ses matériaux, oui. Il était en acier à l’origine. Il est en silicium aujourd’hui. Principale conséquence : la Fifty Fathoms de 2019 est amagnétique (insensible au magnétisme par nature), alors que celle de 1953 était anti-magnétique (sensible aux champs magnétiques mais protégée d’eux). Le modèle actuel a donc pu se débarrasser de l’imposante cage de Faraday qui protégeait le calibre d’époque, permettant de réduire significativement l’épaisseur de la boîte.

Partis pris esthétiques
Les fondamentaux esthétiques de la Fifty Fathoms sont restés remarquablement stables : cadran noir, lunette noire, bracelet noir, large aiguilles luminescentes. Une recette simple mais totalement atemporelle, ce qui a permit à la pièce de traverser les décennies : lorsque l’on n’est pas à la mode, on ne peut par définition pas se démoder. La Fifty Fathoms a toujours privilégié la sobriété et donc, incidemment, l’efficacité, avec une remarquable lisibilité de son cadran. Même remarque pour le boîtier : acier hier, acier aujourd’hui.Back in Time : la Fifty Fathoms à travers les âges

Détails invisibles
La Fifty Fathoms cache pourtant quelques modifications sensibles...mais invisibles. La principale concerne la lunette. Elle était bidirectionnelle en 1953 mais pouvait être vérouillée, elle est unidirectionnelle en 2019. En réalité, les caractéristiques des montres de plongées ont été normalisées ISO bien plus tôt. La norme ISO 6425, toujours en vigueur, date de 1982. Elle a été révisée en 1984, puis en 1996. Sa version référencée « 60.60 » a été publiée le 17 octobre 2018 et c’est elle qui s’applique toujours aujourd’hui pour qu’une montre soit qualifiée « de plongée ». Parmi les différents stades de révision de cette norme, ont progressivement été introduits la normalisation de la luminescence, de l’étanchéité et donc celle de la lunette, qui doit aujourd’hui nécessairement être unidirectionnelle. Blancpain en a profité pour passer celle-ci de la bakélite au saphir, tout comme le verre, passé de l’hésalite au saphir, sur un boîtier passé quant à lui de 42 à 45 mm.

Evolution tarifaire
Le modèle de 1953 devient excessivement rare à trouver et d’une probable valeur à cinq ou six chiffres. Un modèle de la fin des années 50 approche déjà des 30'000 dollars. La version de 2019, sous référence 5015 12B30 NABA, est actuellement à 14'700 CHF. La comparaison n’est qu’indicative : il s’agit de la même collection mais, à 66 ans d’écart, est-ce toujours la même montre ?

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