Le tourbillon tourne sur lui même. Mais sur quoi tourne-t-il ? Il faut bien quelque chose pour le maintenir, comme tout élément du mouvement. Il est donc accroché à des composants qui sont généralement fins pour dégager la vue sur ce petit système prestigieux, mais aussi pour laisser de la place à l'horloger qui intervient dessus, lors de la fabrication, du réglage ou des réparations. On les appelle ponts de tourbillon... enfin.. ce ne sont pas forcément des ponts.
Ils sont généralement, classiquement, au nombre de deux. Un dessus et un dessous. Ce sandwich donne structure à toute la cage du tourbillon. Dans ce cas, l'accroche est la plus solide et la plus simple à réaliser. Si ces ponts restent bien fins, ils n'obstruent pas la vue sur la cinématique du tourbillon et offrent un espace d'expression au sens esthétique de la marque qui les utilise. Ces ponts sont les éléments qui reçoivent typiquement le plus de soin parmi toutes les pièces qui composent un mouvement. Elles sont anglées, ou bercées, ou polies miroir à des degrés très élevés. Leur forme est une expression de style propre à chaque marque.
Mais un tourbillon peut se passer du pont qui le coiffe. Il n'est alors tenu que par sa partie inférieure. On parle alors de tourbillon volant selon une expression et une construction inventée par l'horloger Alfred Helwig en 1920. Oui, ce tourbillon là semble bien être une invention allemande, de la région de Glashütte. L’avantage de ce tourbillon est qu'il met la cage et son travail de décoration au premier plan, sans rien pour en obstruer la vue. Il est aussi plus plat et c'est souvent dans des systèmes qui visent à la finesse qu'on le trouve. Mais il est aussi plus délicat car il offre un point d'ancrage en moins. Et s’il fallait lui trouver un problème spécifique, c'est que toute la masse du tourbillon repose en porte à faux sur une petite surface. Quand la montre est au pendu (c'est à dire à la verticale), la tension est forte sur le pont inférieur de tourbillon.
Alors certaines marques ont décidé de cumuler la finesse et l'agilité requises pour un tourbillon volant et un meilleur équilibrage des masses, ce qui est une condition de qualité et de chronométrie. Faute de terme technique consacré, on les appelle semi-volants. Par exemple, Jaeger LeCoultre l'utilise dans Reverso Tribute Gyrotourbillon. Il le qualifie de Gyrotourbillon mystérieux. En effet, il ne semble être connecté au mouvement que par ses engrenages, ce qui n'est simplement pas possible : un engrenage n'est pas un ancrage. En réalité, ce mouvement possède bien un pont : il est situé au milieu du tourbillon, qui le dissimule dans sa grande hauteur. Il est d'autant plus difficile de le voir qu'il est en perpétuelle rotation triaxiale.
Bovet a fait de même, dans un tourbillon simple axe. Il tient la cage par le milieu, avec au-dessus de lui le balancier et en dessous, l'échappement, c'est à dire les deux organes vitaux que la cage maintient en son sein. Dans sa dernière génération, il équipe le modèle Virtuoso VIII. Pas de pont transversal par-dessus cette pièce, juste des bras de cage tridimensionnels, en cloche, bercés et polis à la main, et une stabilité excellente dans toutes les positions.
