Il fut un temps où les records étaient très importants dans l'industrie horlogère. Mouvement le plus fin. Tourbillon le plus rapide. Répétition minutes la plus bruyante. Montre la plus légère. Plus grand nombre de complications. J'ai dit "il fut un temps", mais ce n'est pas si loin. Certains diront que les records horlogers sont encore très importants aujourd'hui.
Dans un sens, c'est le cas. Les entreprises horlogères continuent à poursuivre ces objectifs, ce qui indique que les records horlogers sont fondamentalement importants pour elles. Bulgari est l'une des marques les plus en vue dans le domaine de l'établissement et/ou du dépassement de tels records, et certains des travaux réalisés dans le cadre de la collection Octo Finissimo sont véritablement révolutionnaires.
Cependant, toute cette histoire de records est particulièrement intéressante dans le cas de Bulgari, et je dirais qu'ils constituent un exemple exceptionnel. Pendant trop longtemps, les gens n'ont pas pris Bulgari au sérieux en tant que marque horlogère. Ils pensaient que Bulgari fabriquait des bijoux ; ils pensaient que Bulgari fabriquait des montres populaires, orientées vers le design ; ils ne pensaient pas que Bulgari pouvait faire de la haute horlogerie mécanique. Ils ne pensaient pas que Bulgari pouvait faire de la haute horlogerie. Peu importe que Bulgari dispose d'une expertise interne sérieuse en haute horlogerie depuis 2000 - bien plus longtemps que certaines jeunes marques indépendantes aux prouesses techniques incontestables (et incontestées).
Une idée préconçue, à laquelle même certains experts respectés de l'industrie ont souscrit, était que, parce que Bulgari avait acquis cette expertise en rachetant les marques Daniel Roth et Gerald Genta, son savoir-faire était en quelque sorte moins légitime. Inutile de dire qu'il s'agissait là d'un échec total du raisonnement logique. Néanmoins, les réalisations consécutives de Bulgari dans le domaine de l'horlogerie ultra-plate - en particulier les complications ultra-plates - ont réussi à leur donner cette réputation de montres mécaniques vraiment exceptionnelles (une réputation qu'ils auraient dû avoir depuis longtemps, à mon avis).
Cependant, voici le problème. Qu'apportent réellement de tels records et réalisations au consommateur ? Beaucoup de choses, pour être honnête. En dehors de la joie et de la satisfaction que génèrent de tels efforts créatifs, en dehors du plaisir que nous éprouvons en tant que témoins de la grandeur mécanique, il y a des avantages pratiques à établir des records horlogers. De tels essais extrêmes dans le domaine du savoir-faire horloger s'accompagnent généralement de beaucoup de recherche et de développement.
La plupart du temps, cette recherche et ce développement visent à améliorer les performances des montres, car la plupart des records horlogers que nous voyons (le mouvement le plus fin, le plus grand nombre de complications, la montre la plus légère, etc.) ont pour effet secondaire malheureux de compromettre le garde-temps en question. Les montres minces ne sont généralement pas des montres robustes. Les montres légères ne sont généralement pas des montres stables. Les montres à complications multiples ne sont généralement pas des montres portables. Les connaissances acquises se présentent donc généralement sous la forme d'une méthode de fabrication de montres plus robustes, plus stables et plus faciles à porter. Lorsque ces connaissances sont appliquées en aval aux pièces de production ordinaires, cela signifie de meilleures montres pour tout le monde.
Cela dit, je n'aime pas du tout me concentrer sur le record lui-même, car cela peut être très décontextualisant. Les records sont un moyen facile de faire comprendre aux personnes moins sensibilisées aux produits qu'une montre est impressionnante et importante, mais ils doivent être suivis d'une explication de la raison pour laquelle la minceur ou la légèreté (ou quel que soit le record) est importante dans une montre. Sinon, cela ne fait que perpétuer l'idée que l'horlogerie mécanique est une industrie hors du commun qui est obsédée par des choses dont personne d'autre ne se soucie.
Les records peuvent être importants, mais ce qui est encore plus important, c'est le travail qui est fait pour aider les gens à les comprendre.
