WORLDTEMPUS - 18 janvier 2012
Anne-Marie Belcari
Qu'attend-on d'un nom comme Cartier? Qu'il nous étonne avec des créations horlogères complètement inédites? Ou, plus simplement, qu'il nous conforte encore et encore dans la certitude que la marque gardera toujours ses stigmates? Certes, Cartier invente. Et cette année, les nouveautés sont légion. Certaines rendent hommage au savoir-faire artisanal. D'autres confirment la volonté de parfaire l'offre horlogère, avec l'arrivée de deux complications jusqu'aujourd'hui manquant à l'appel, un calendrier annuel et une répétition à minutes. Néanmoins, il est une nouveauté qui parle à tous, sans concession. Parce qu'elle est un totem. Un truisme. Une évidence, qui ne peut qu'entraîner l'assentiment: la bien nommée Promenade d'une Panthère.
Cette fois, l'emblématique fauve joue un rôle de premier ordre en horlogerie: de figuratif, il devient fonctionnel. Avec un mouvement taillé sur mesure. L'héroïne du Bestiaire Cartier fait office, ni plus ni moins, de masse oscillante et remonte subtilement le mécanisme en se promenant sur le cadran. Derrière l'allégorie, la difficulté technique: intervertir le rotor pour le placer côté face. Dans la grande tradition des montres à secrets, tout est dissimulé. La panthère oscillante est reliée au calibre par ses pattes, via un système de roulement à billes de céramique. Autrement dit, la connexion avec le mécanisme se fait par l'extérieur, et non par le centre comme c'est habituellement le cas. Légère, «tellement Cartier» dans son esthétique, elle est évidée par endroits, fine, délicate, et s'octroie le luxe de prendre la pose, la patte avant relevée dans une élégante nonchalance. La gageure fut de trouver l'équilibre pour obtenir un remontage aussi performant qu'un rotor classique, par définition dense et compact. Les femmes sensibles à la belle mécanique apprécieront.
Une technique au service d'un design mis en lumière par sa robe de diamants et de laque noire, dont la silhouette se détache sur un cadran de nacre mate couleur nuit. Prêt à fondre sur sa proie, le félin dompte les heures en leur imposant sa ronde funambule illuminée par un boîtier tout en courbes, pavé de plus de 600 brillants. L'esprit est fasciné par le mystère technique. L'œil conquis par une montre en perpétuel mouvement. Il ne reste plus qu'à rugir de plaisir!
