La réédition : bien comprendre, bien choisir

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Re-Edition Watches: How To Choose Them Well - A L’Emeraude
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Le marché de la réédition a le vent en poupe - et un vent qui ne faiblit pas.

Même des marques qui n’étaient pas nées à une certaine époque en « rééditent » les modèles ! Discernement et prudence restent mères de vertu horlogère. Suivez le guide !

Lorsque l’on s’appelle « A l’Émeraude » et que l’on a pignon sur rue depuis 1909, le vintage et ses rééditions, on a ça dans le sang. Et pour cause, la maison était déjà là, il y a plus d’un siècle, lorsque les grandes icônes actuelles étaient dévoilées. Reverso, Navitimer, Portugaise, etc. : A l’Émeraude les a toutes vues naître. Aujourd’hui, ces pièces font partie du patrimoine commun de l’horlogerie. L’explosion de la mode vintage n’a pas échappé à leurs créatrices qui en ont proposé moult réinterprétations. Certaines sont justes, d’autres hésitantes. Une simple appréciation personnelle ? Pas seulement : en matière de réédition, certaines choses se font, d’autres non. Les montres suivantes, se trouvant toutes à A L'Emeraude, illustrent parfaitement ces lois tacites (mais essentielles !) de l'horlogerie en termes de réédition de modèles vintage.

1er commandement : l’usage tu respecteras

A ses débuts, la montre était fonctionnelle : construite dans un objectif précis, pour une population précise. Il en va ainsi de la montre militaire (celle par qui la démocratisation de la montre-bracelet est arrivée), de la montre du médecin, du premier chronographe de l’histoire par Louis Moinet (pour ses observations astronomiques), etc. A chaque montre son usage. Lorsque l’on souhaite acquérir une réédition de ces premières pièces, le premier commandement est donc de respecter son esprit originel. On ne trahit pas son histoire. Ce qui fait la force d’une montre, donc sa valeur, c’est sa cohérence dans le temps. Par exemple, la réédition de l’AVI de Breitling.

La réédition : bien comprendre, bien choisir

La manufacture est depuis longue dédiée à l’aviation. Ses garde-temps reflètent cet engagement. Aussi, lorsque la marque réédite sa Co-Pilot AVI 765, elle prend soin de respecter son esprit. Breitling précise très clairement l’année de création du modèle, « AVI Ref. 765 – 1953 », immédiatement suivi de « Re-edition ». Le tiret a toute son importance : Breitling opère une édition seconde de son modèle original, pas une inspiration, ni une « tendance vintage ». Le verre est donc en hésalite (acrylique) bombé. Le cadran présente les mêmes chiffres arabes que ceux de la Co-Pilot originale de 1953. Le Super-LumiNova a été choisi pour rappeler le revêtement luminescent original. Le boîtier acier est également identique, la lunette étant sécurisée par trois vis placées exactement dans les mêmes positions que celles de la montre datant de 1953. Cohérent !

La réédition : bien comprendre, bien choisir

2ème commandement : ton temps tu suivras

Respecter les usages n’implique pas de rester en arrière de son temps. Si la plupart de ces icônes ont traversé les décennies, c’est parce qu’elles étaient elles-mêmes à la pointe de leur temps. C’est être fidèle à ses précurseurs que de poursuivre leur œuvre avec les moyens de son époque. Faire évoluer une montre d’époque par le biais de sa réédition n’est pas un crime : c’est au contraire se montrer digne de relever les défis de son temps.

La réédition : bien comprendre, bien choisir

Jaeger-LeCoultre le manifeste de manière éclatante en ce moment. La manufacture a élaboré une grande campagne, The Sound Maker, qui met l’accent sur ses pièces à sonnerie ou réveil. Et la Master Control Memovox est précisément l’exemple d’une pièce qui puise ses racines dans les années 60 et les projette dans le XXIe siècle, avec les progrès que cela implique, tout en restant fidèle à son principe fondateur – en l’occurrence une montre simple, lisible, précise, très fiable et dotée d’un réveil. Pour autant, suivant le même principe de novation, le mouvement manuel d’époque a été rendu automatique. Ce calibre Jaeger-LeCoultre 956 se compose également d’un nouveau marteau qui vient frapper le timbre à la périphérie du boîtier et non plus dans le fond. La garantie a suivi le progrès : 8 ans !

La réédition : bien comprendre, bien choisir

3ème commandement : tes métiers tu préserveras

Respecter l’usage originel, suivre son temps : rien de tout cela ne serait possible si les manufactures n’en avaient plus les compétences. Il est de la responsabilité des marques de maintenir leur savoir-faire. L’exercice des rééditions est pour cela un formidable prétexte à réactualiser ses métiers. Choisir sa réédition, c’est donc aussi veiller à ce qu’une « manufacture » le soit toujours, à ce que ses compétences d’époque soient toujours vives. C’est aussi ce qui conduit certains détaillants, comme A l’Emeraude, à être toujours là, 110 ans après leur création : le maintien de la connaissance, du métier, du savoir-faire.

Il n’en va pas autrement pour les marques horlogères. Ulysse Nardin, par exemple : la marque a commencé à équiper ses montres de tourbillon à partir de 1899 ! Elle prit le parti de les concevoir puis de les fabriquer elle-même à la fin du siècle suivant. Ses développements actuels sont le fruit de ce savoir-faire patiemment acquis. Il en va de même pour ses prestigieux résultats de chronométrie. Ses premiers bulletins datent de 1861 (sans résultat de marche). En 1975, alors que l’Observatoire de Neuchâtel publie sa dernière édition officielle sur les performances des chronomètres depuis 1846, Ulysse Nardin totalise 4324 certificats de performance pour des chronomètres mécaniques de marine sur 4504 prix décernés, soit plus de 96% des certificats décernés ! Une pièce contemporaine comme la Marine Torpilleur capitalise sur le vaste héritage maritime de la manufacture tout en étant, comme à la grande époque de l’Observatoire de Neuchâtel, certifiée Chronomètre.

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