Histoire

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Louis Moinet est, sans contredit, l'un des horlogers les plus capables qui aient jamais parus dans aucun temps, dans aucun pays.
Extrait du Panthéon Biographique Universel, Paris 1853



Il est né à Bourges, en 1768, de parents agriculteurs fort aisés. Au collège, il se fit remarquer par une grande facilité à faire ses devoirs classiques. Lors des concours, il remportait tous les premiers prix.

Il se familiarisa à l'horlogerie alors qu'il était encore écolier, et passait tout son temps libre chez un maître-horloger. Un peintre italien lui servit également de maître de dessin privé.Louis Moinet_334931_0

A l'âge de 20 ans, Louis Moinet ne rêvait que d'Italie, cette terre classique des beaux-arts. C'est ainsi qu'il quitta la France pour Rome, ville qu'il habita 5 ans. Il y étudia l'architecture, la sculpture et la peinture. Il fit la connaissance des membres de l'Académie de France, qui regroupait les plus grands artistes de l'époque.

De Rome, il alla à Florence où il passa quelques temps à parfaire ses connaissances artistiques. Il nous laisse, comme peintre, plusieurs tableaux. 

Puis il revint à Paris, et fut logé au Louvre en tant que Professeur à l'Académie des Beaux-Arts.  

Parallèlement, il se livra à l'étude théorique et pratique de l'horlogerie, cet art qu'il aimait déjà passionnément. Il renoua le contact avec son ancien professeur. Les dix années n'étaient pas écoulées que le maître était devenu l'élève.

L'horlogerie réclamait tout son temps, et son outillage le força d'aller fréquemment en Suisse, où il passait de longs séjours. Il devint Président de la Société Chronométrique de Paris, et membre de plusieurs sociétés savantes et artistiques.

Il avait fait la connaissance de Breguet, déjà célèbre alors. Breguet ne vit pas Moinet sans deviner tout ce qu'il valait ; il sut si bien s'y prendre qu'il le décida d'habiter sa propre maison, à Paris, dès 1811.

Breguet mourut en 1823, et Moinet quitta la maison du Quai de l'Horloge, pour aller habiter rue Meslay, 34. 

Il refit presque entièrement un régulateur de Ferdinand Berthoud. Il construisit un compte-tierce entièrement de son invention, et encore inédit aujourd'hui. De même, un régulateur et une montre astronomique.

Ingénieux, il améliora également la technique horlogère. Faisant suite à l'Exposition des produits de l'industrie, « Monsieur Francoeur a reconnu l'utilité d'un nouveau coq, qui facilite le remontage. Cette idée appartient à M. Moinet ».

C'est alors que Louis Moinet entreprit son œuvre : la rédaction du fameux Traité d'Horlogerie (1848). Ce livre est le plus complet, le mieux écrit et le plus indispensable de tous les livres qui ont été faits sur l'horlogerie. 

Cet ouvrage est un monument impérissable, qui a fondé à tout jamais la réputation de Louis Moinet. Il sacrifia tout à l'art, son temps, sa fortune et sa santé. Il a passé une grande partie de son existence à animer, à donner la vie à la matière.

Nous avons eu le bonheur de vivre dans son intimité pendant les douze dernières années de sa vie, et personne plus que nous n'est à même d'apprécier les nombreuses qualités du cœur et de l'esprit de cet excellent homme.

Il était partout, dans tous les débats, ce que l'on a vu comme Président de la Société chronométrique : précis, lucide, indulgent, éclairant le faible en l'encourageant, donnant les conseils à tous sans vanité, répandant ses lumières sans restriction, sans arrière-pensée. 

Louis Moinet est décédé à Paris, le 21 mai 1853. Il a été enterré au cimetière du Père-Lachaise. On en gardera le souvenir de l'un des horlogers les plus capables qui aient jamais parus dans aucun temps, dans aucun pays.


 
M. DELMAS,
Horloger-praticien 
Vice-président de la Société chronométrique de Paris


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