Comment la marque est retournée en mains danoises

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How the brand came back into Danish hands - Urban Jürgensen
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Le CEO d’Urban Jürgensen, Søren Jenry Petersen, raconte à notre rédacteur en chef comment la marque est redevenue propriété danoise.

WorldTempus a rencontré Søren Jenry Petersen, CEO d’Urban Jürgensen, au dernier Salon QP à Londres. Plutôt que de se prêter à une interview traditionnelle, M. Petersen a préféré narrer toute l’histoire qui a ramené la marque en mains danoises il y a une année presque jour pour jour.

" Tout d’abord, je n’ai aucune expérience dans l’industrie horlogère. J’ai commencé à collectionner des montres suite à une décision particulière à propos d’un produit, en 1996. A cette époque je travaillais pour Nokia et je réussissais plutôt bien. Je dirigeais le marketing et le développement au niveau mondial.

J’avais commencé à participer à des dîners de gala et à des événements clients et j’ai réalisé que je ne pouvais pas porter une grande et imposante montre lors de ces réceptions, que j’avais besoin d’une montre bracelet en or de gentleman. N’oubliez pas que nous étions alors en 1996, qu’Internet n’était pas ce qu’il est devenu aujourd’hui et que je devais effectuer ma recherche dans des catalogues. En tant qu’expert en produit global, j’ai cependant vite compris qu’il me fallait une montre haut de gamme d’une marque prestigieuse. J’avais un certain modèle en tête.

Je me suis rendu dans le magasin Ole Mathiesen à Copenhague, fournisseur de la cour royale, où M. Ryser (qui est aujourd’hui à mes côtés comme responsable des ventes à l’échelle internationale) m’a aidé. Je suis entré avec les brochures et je lui ai demandé ce que je voulais. Il m’a attentivement regardé et a dit ‘vous semblez savoir ce que vous faites’. J’ai répondu ‘Je l’espère’ et il a continué ‘vous avez beaucoup de chance parce que j’en ai justement une. Cependant elle est déjà vendue à un autre client, mais vous pouvez au moins y jeter un coup d’œil’. C’est ce que j’ai fait et cela m’a conforté dans ma décision. M. Ruser était à côté de moi, il a noté à quel point j’avais été précis dans ma volonté d’avoir quelque chose de vraiment spécial. Puis il a suggéré autre chose que je voudrais peut-être voir. Il a sorti une Urban Jürgensen référence 2, une montre à calendrier perpétuel, également de 38 mm, également en or. Donc je pouvais comparer entre deux montres comparables. Il m’a donné une loupe et m’a laissé les regarder pendant dix minutes. Je peux affirmer honnêtement qu’il m’a fallu moins de 30 secondes pour me décider. Le sens du détail presque maniaque de la montre Urban Jürgensen m’a littéralement emballé.

Environ 20 ans plus tard, il était temps pour mon fils Sébastien d’avoir sa première vraie montre. Entretemps j’avais quitté Nokia, j’avais 48 ans et j’avais décidé que c’était le meilleur moment pour tenter autre chose. A la fin de l’automne 2013, je me trouvais à nouveau dans la boutique Ole Mathiesen pour examiner des montres avec mon fils et M. Ryser m’a demandé si j’avais trouvé un nouveau job. J’ai répondu que j’étais très occupé comme consultant. Puis il m’a demandé si j’avais songé à Urban Jürgensen. Il m’a alors expliqué que Peter Baumberger était mort, qu’il y avait eu des tentatives pour trouver des investisseurs mais sans grand succès. J’ai demandé à voir le business plan, j’ai signé un accord de confidentialité, et j’ai finalement vraiment entrepris une « due diligence ». En six mois, je me suis senti à l’aise avec l’analyse de rentabilité et l’orientation stratégique qui en découlait.

Le 14 janvier 2014 je suis venu en Suisse pour rencontrer le Dr Crott, le propriétaire, et pour voir les ateliers. Une fois de plus, j’ai été époustouflé. Il y avait dans ces ateliers toutes les médailles d’or des 18ème et 19ème siècles, tous les carnets de travail depuis 1772 et même un dessin au crayon accroché au mur signé « HCA 64 », ce qui pour n’importe quel Danois signifie immédiatement Hans-Christian Andersen. Il a effectivement séjourné à plusieurs reprises dans la famille Jürgensen. La semaine dernière, j’ai découvert des grands livres originaux de la compagnie qui mentionnent un musée Urban Jürgensen à Bienne dans les années 1930, qui a dû être un des premiers au monde. Les 242 ans d’histoire, l’héritage de la Dynastie des Jürgensen et l’historique des opérations, extrêmement bien documentée, forment une base unique et solide pour la croissance future. Nous avons pour ainsi dire un document historique complet, digne d’un musée.

Un de nos apports à l’industrie est que nous posons des questions différentes. Je viens d’une branche où nous produisions un million d’unités par semaine dans une seule gamme. Mon directeur de la logistique vient aussi de Nokia, où il gérait pour 15 milliards d’euros de comptes fournisseurs dans le monde entier. Chez Urban Jürgensen nos volumes sont dérisoires et nous sommes une toute petite entreprise, mais nous apportons un savoir-faire et une approche différente à cette industrie, qui je le sais, nous seront indispensables lorsque la pression des montres connectées de la Silicon Valley se fera sentir.

Nous avons repris les rênes d’une compagnie légendaires aux nombreuses réalisations historiques et aux caractéristiques de qualité. Nous allons aller de l’avant en mettant l’accent sur la qualité de nos choix. Aujourd’hui, avec de l’argent et des machines, tout est réalisable. On n’en revient donc aux choix, et nous allons continuellement chercher à développer les approches manuelles traditionnelles et le savoir-faire horloger au plus haut niveau pour nos garde-temps. Il nous faudra souvent mettre nos fournisseurs et nos partenaires sous pression, mais c’est, selon nous, la seule façon d’avancer dans le monde des affaires d’aujourd’hui, où la plupart des produits sont fabriqués en usine. Les montres Urban Jürgensen seront fabriquées en ateliers."

 

 

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