Interview de Jean-Marc Pontroué

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Interview with Jean-Marc Pontroué - Roger Dubuis
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WorldTempus a profité de la présence du directeur général de Roger Dubuis à TimeCrafters 2016 pour glaner quelques scoops.

Vous êtes le seul directeur général parmi les grandes marques horlogères à assister à TimeCrafters à New York. Pourquoi cette manifestation est-elle si importante à vos yeux ?
New York, et les Etats-Unis en général, ont toujours été un marché important pour Roger Dubuis. Indépendamment de la catégorie de produit, que ce soit des voitures de luxe, des yachts ou de la haute horlogerie, plus votre marque est une marque de niche, plus les Etats-Unis sont un marché important. Pour Roger Dubuis, c’est un des trois premiers marchés au monde. Il y a six mois, nous n’avions pas encore notre propre boutique ici, mais maintenant nous en avons une sur Madison Avenue. Je crois qu’avec la Chine c’est le marché où nous avons le plus gros potentiel pour les trois prochaines années. C’est pourquoi nous sommes ici cette année et que nous avons organisé un dîner privé pour les collectionneurs à New York.

Selon les statistiques les plus récentes de la Fédération suisse de l’industrie horlogère, les exportations aux Etats-Unis ont chuté. Est-ce que Roger Dubuis en ressent également les effets ?
Nous ne pouvons pas dire que nous ne ressentons aucun effet. Le marché est assez incertain, mais quand vous vous établissez vous ne pouvez que prendre une part de marché. Nos montres squelettes ne peuvent gagner des parts de marché qu’à des concurrents existants. Il est vrai que l’industrie vit des moments difficiles, mais ce n’est pas la première fois. N’oublions pas que 2015 a été la troisième meilleure année en termes de résultats dans toute l’histoire de l’industrie horlogère suisse. Mais on ne dirige pas une marque en fonction de considérations géopolitiques. Il faut aller de l’avant et être plus vif et plus créatif que ses concurrents.

Roger Dubuis TimeCrafters

Roger Dubuis a récemment annoncé un partenariat avec la FFF Racing Team qui est différent de toutes les autres associations entre un horloger et une équipe de course automobile. Pouvez-vous nous en dire plus à ce propos ?
Roger Dubuis ne fait jamais rien comme les autres marques horlogères. Nous travaillons beaucoup avec différents types de matériaux et les moteurs à l’intérieur de nos montres, le squelette automatique et le double tourbillon en sont de parfaits exemples. En fait, nombre de développements de nos produits sont le résultat de demandes de nos clients. Par exemple, la collection de Créations-sur-mesure est née du désir de nos clients d’avoir des montres plus personnalisées. Nous avons différents partenariats dans le monde de la course automobile qui émanent de souhaits de nos clients, des gens qui ont des Ferrari ou des Lamborghini qui concourent dans les séries GT. Ils nous demandent de créer des designs pour leurs voitures et nous produisons des « roll-overs » dont ils peuvent couvrir leurs voitures. C’est un package complet développé en collaboration avec le client et notre département de création.

Dans le cas de FFF, le propriétaire de l’équipe M. Sean Fu Songyang, qui est un client de Roger Dubuis, nous a demandé de produire une série limitée pour l’équipe et nous avons développé le design correspondant pour la voiture aussi. Cela ne sera certainement pas le dernier partenariat de ce genre et c’est quelque chose que nous espérons développer durant les cinq prochaines années. Le partenariat est tout à fait logique à nos yeux parce qu’il est étroitement lié à ce que nous faisons. Notre équipe créative passe plus de temps au Salon de l’Auto de Genève qu’à Baselworld par exemple.

Roger Dubuis Excalibur Quatuor FFF

Peu de gens ont remarqué que vous aviez discrètement présenté votre première montre sans Poinçon de Genève au SIHH cette année. Est-ce un secret de Polichinelle et quel est la logique derrière cela ?
Toute notre collection de haute horlogerie, qui représente au moins 50% de nos ventes, continuera à arborer le Poinçon de Genève. Le but est de faire de la manufacture une sorte de laboratoire où nous pouvons construire sur les modèles existants. Je peux vous révéler en exclusivité que nous sommes en train de travailler sur trois premières mondiales différentes pour l’année prochaine en termes de matériaux et de calibres poussés à l’extrême.

Durant les prochaines années, nous souhaitons donner à nos modèles d’entrée de gamme (et n’oubliez pas que nous parlons néanmoins de montres vendues entre 15'000 et 25'000 CHF, ce qui est le haut de gamme pour beaucoup d’autres marques) une signature beaucoup plus forte. Nous ne voulons pas laisser les gens indifférents et le segment tranquille, historique et classique n’est pas pour nous. Nous avons remarqué, et c’est particulièrement vrai pour les Etats-Unis, que le concept du Poinçon de Genève est très difficile à comprendre. Les gens ici s’attachent davantage au design et nombre de nos clients sont relativement jeunes. Ils s’intéressent à un mouvement particulier, à une montre au format spécial et à un design marqué. Nous avons donc remplacé le Poinçon de Genève par une masse oscillante en or au lieu d’acier inoxydable. C’est une valeur ajoutée beaucoup plus simple à expliquer à un jeune client recherchant le design que d’expliquer les différents critères du Poinçon de Genève. Quant au double tourbillon, les gens comprennent que c’est le haut de gamme en matière d’horlogerie et nous n’avons pas besoin de leur rappeler tous les critères du Poinçon de Genève.


 

 

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