Interview d'Alexandre Peraldi & Peter Brock

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Interview of Alexandre Peraldi & Peter Brock - Baume & Mercier
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Le directeur du Studio Design de Baume & Mercier, Alexandre Peraldi, et le concepteur de la Shelby® Cobra Daytona Coupé, Peter Brock, s’entretiennent avec WorldTempus de leur travail sur la nouvelle collection Clifton Club Shelby® Cobra.

Au SIHH 2017, Baume & Mercier a dévoilé une nouvelle collection sportive au sein de la gamme Clifton : la Clifton Club. L’une des pièces marquantes de cette nouvelle collection est la Clifton Club Shelby Cobra Edition Limitée, la dernière-née du partenariat de la marque avec la Compagnie Carroll Shelby, commencé en 2015. La Clifton Club Shelby® Cobra Edition Limitée de Baume & Mercier s’inspire de la Shelby Cobra Daytona Coupé (CSX2299), la voiture la plus emblématique de l’histoire des sports automobiles américains. La Dayton Coupé a été la première voiture américaine à gagner les 24 Heures du Mans, en 1964, et elle a offert aux Etats-Unis son premier titre en classe GT au championnat du monde des voitures de sport (Worldsportscar Championship ou WSC) en 1965.

Pouvez-vous m’en dire plus sur la Shelby Daytona Coupé ?

Peter Brock : la voiture a été conçue pour courir au championnat du monde contre de grosses écuries comme Aston Martin ou Ferrari. L’équipe Shelby a été constituée par Carroll Shelby en Californie, ce qui était très inhabituel. En Europe la course automobile est un business professionnel vraiment important, tandis qu’aux Etats-Unis c’était plutôt une affaire d’amateurs. Donc nous étions essentiellement une petite équipe, nous n’avions pas plus de huit gars, dont six mécaniciens. Alors construire une voiture, venir et faire la course avec des écuries qui avaient des centaines de gens dans leurs équipes, c’était une étape décisive. C’est un tournant historique pour la course automobile. Au départ, comme nous étions une si petite équipe, nous n’avons eu le temps de construire que six voitures. A l’époque on pouvait acheter une Daytona Coupé pour 800 à 1000 dollars. Aujourd’hui, une de ces voitures vaut 20 millions de dollars. C’est dire son importance.

Interview d'Alexandre Peraldi & Peter Brock

Où puisez-vous votre inspiration ?

P.B. : la forme de la voiture provient des études faites à la fin des années 1930 en Allemagne. Une des choses intéressantes lorsque l’on regarde la voiture ce sont les lignes assez plates du toit alors qu’il présentait traditionnellement des lignes plutôt fuselées. Et le détail le plus caractéristique est l’arrière coupé, il est très efficace parce que l’air reste à l’arrière de la voiture et donc l’accélère. La voiture ne ressemblait à rien de ce qui s’était fait auparavant et tout le monde la trouvait moche. Mais dès qu’on l’a mise sur le circuit, elle a battu tous les records et est instantanément devenue une belle voiture.

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Combien de temps avez-vous travaillé sur le projet de Clifton Club Shelby Cobra Edition Limitée ?

Alexandre Peraldi : Baume & Mercier a commencé à travailler avec Carroll Shelby Company en 2015 sur la Cobra roadster classique et nous avons finalement décidé de faire quelque chose à partir de la Daytona Coupé il y a environ un an et demi. Nous nous sommes d’abord rencontrés à Genève, où nous avons dessiné les premières ébauches. Puis nous nous sommes revus à Las Vegas où Peter habite et où se trouve l’une des Daytona Coupés. Nous avons beaucoup parlé de forme, de performance, d’esthétique, de fonctions… Pour être honnête, j’avais un peu peur car je ne connais rien aux voitures. Mais nous avons une passion commune : le design. Au départ, le partenariat portait sur la collection Capeland. Mais pour cette troisième édition, Peter m’a tout de suite dit : « J’aimerais travailler sur la collection Clifton » et c’est exactement ce que je voulais aussi. Pensées parallèles ! Nous étions tous les deux d’accord sur le fait que la Clifton conviendrait mieux de par sa forme plus plate. Nous avions beaucoup d’idées, dont certaines très mauvaises. Par exemple l’aluminium utilisé pour la voiture transposé à la montre. Mais ce n’était pas possible parce que ce matériau est trop tendre. A la place nous avons eu recours au titane, qui convient parfaitement à la montre et au monde des voitures classiques.

Quels sont les aspects distinctifs de la voiture appliqués à la montre ?

A.P. : Elle a été facile à dessiner, Peter avait fait tout le travail il y a cinquante ans (rires). Le cadran reflète les couleurs de Shelby, moitié bleu et moitié argent, choisies pour l’arrière de la Daytona et qui la rendent vraiment originale. Le boîtier de 44 mm rappelle la forme du moteur de la voiture. D’autres détails évoquent l’allure de la classique Daytona Coupé comme le poussoir du chronographe en forme de pédale ou la masse oscillante ressemblant à des jantes.

P.B. : Si on observe la voiture, l’impact le plus graphique est l’arrière coupé, divisé en deux. C’était très inhabituel dans les années 60 et c’est ce qui rendait la voiture si spéciale. Je suis très fier d’avoir extrait l’identité de la Daytona Coupé pour l’insuffler dans une montre.

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Les voitures classiques et l’horlogerie suscitent beaucoup d’émotion et de passion chez les gens ? Pourquoi à votre avis ?

P.B. : Parce que dans les deux cas le côté mécanique est très apprécié. Pour les montres, tout ce qu’on a appris sur les éléments mécaniques s’applique en miniature. Et bien sûr c’est le chronométrage qui fait une course, donc il y a là une autre interaction. Les voitures suscitent des émotions lors d’événements, j’entends des gens raconter leurs histoires et ce n’est pas vraiment sur une voiture en particulier, c’est sur ce que la voiture leur a apporté dans la vie. Cela correspond bien à Baume & Mercier, en particulier à leur idée des moments. Vous regardez la montre que vous avez reçue à l’occasion de votre mariage, ou de l’obtention d’un diplôme, donc il s’agit de votre vie, c’est votre histoire, c’est un parcours. Et c’est pourquoi je pense que ces deux univers ont tant de choses en commun.

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