Rolex montre l'exemple à tous les horlogers

Le géant à la couronne vient d'inaugurer à Bienne un imposant bâtiment qui parachève vingt ans de transformation.


Bilan - 31 octobre 2012

Michel Jeannot


L'occasion valait bien d'ouvrir quelques portes d'ordinaire bien verrouillées. En inaugurant son nouveau bâtiment à Bienne, Rolex a voulu marquer d'une pierre blanche cette étape décisive de son développement, qui parachève une vingtaine d'années d'intégration et d'industrialisation, pour se garantir une autonomie quasi totale.

Ce bâtiment imposant, doté d'un impressionnant équipement intégrant les technologies les plus sophistiquées, vient compléter un ensemble industriel hors norme (400 000 m3 pour une superficie totale de 92 000 m2) dont Rolex dispose à Bienne pour la production de ses mouvements mécaniques et qui occupe aujourd'hui près de 2000 collaborateurs. Excepté ETA (Swatch Group), personne en Suisse ne dispose de telles capacités de production (Rolex produit plus de 700 000 mouvements mécaniques par an).

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UN PROCESSUS DE VERTICALISATION LONG ET COÛTEUX

La construction de ce bâtiment – à peine redimensionné en regard du projet initial – a été confirmée durant la crise qui a durement touché l'horlogerie en 2008-2009. Une démonstration de la foi en l'avenir de Rolex qui a vu ses effectifs biennois pratiquement doubler en dix ans, comme l'a relevé Me Bertrand Gros, président de Manufacture des Montres Rolex. Ce nouveau bâtiment est également révélateur de la nécessité de maîtriser sous son toit les étapes essentielles de la production de la montre, une réalité incontournable pour les principaux acteurs de la branche. Plus encore en regard de la volonté de Swatch Group de fermer toujours davantage le robinet de ses composants. Or là où Rolex boucle pratiquement le processus de sa verticalisation – la marque équipe par exemple plus de 90% de ses montres de ses propres spiraux Parachrom – d'autres horlogers viennent d'entamer ce processus long et coûteux. Une mue fondamentale pour l'ensemble de la branche et qui risque de laisser sur le bas-côté les marques les moins puissantes.

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POTENTIEL INTACT

Car l'autre enseignement à tirer de la réalité industrielle et commerciale de Rolex est la rapide concentration du secteur, avec des marques fortes qui le deviennent toujours davantage et des acteurs secondaires qui peinent à se maintenir. Un mouvement qui a pris davantage d'ampleur dès la crise de 2009 et que la réalité actuelle confirme, tant sur le plan de la maîtrise des outils de production que sur celui de la présence dans les marchés. Et dès lors que le potentiel de l'horlogerie suisse est intact à long terme, Rolex, à l'instar de ses concurrents les plus affûtés, a assurément de beaux jours devant elle.

 

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