Une audace d’une redoutable efficacité

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Boldness with an impressively effective edge - H. Moser et Cie.
A force de belles surprises et d’une douce impertinence, H. Moser & Cie. devient la marotte des las de l’horlogerie consensuelle. La manufacture prouve une fois de plus qu’authentique ne rime pas avec traditionnel mais avec sincérité et conviction.

« Se méfier de l’eau qui dort » serait une image un peu facile pour décrire la manufacture H. Moser & Cie., mais elle reste tentante. Il n’y a pas moins dormant que la manufacture H. Moser & Cie. Pour les amateurs de belle horlogerie indépendante, elle est « la Patek Philippe de Schaffhouse », un objet hautement convoité réservé à un public d’initiés. Sauf que la maison genevoise produit 55 000 garde-temps par an, contre 1000 côté H. Moser & Cie. La confidentialité ne se déclame pas, elle se prouve – « very rare », va jusqu’à dire H. Moser & Cie. elle-même. Aujourd’hui, l’écart entre les deux maisons est à peu près aussi vaste que leur notoriété respective. Mais ce cru bâlois 2015 pourrait bien changer la donne.

Coup de sang et coups de théâtre
En premier lieu parce qu’Edouard Meylan, CEO de la maison et architecte de sa refondation, fut la seule voix publique à s’élever dans le microcosme horloger contre la décision du 15 janvier de la BNS. L’homme n’est pas un groupe, l’entrepreneur n’est pas simple dirigeant d’une entité se résumant à un jalon dans son plan de carrière : H. Moser & Cie. est une pépite encore fragile, et ce coup de botte de la BNS aurait pu passablement l’amocher. Là où certains jouent leurs dividendes, H. Moser & Cie. joue sa survie, à tout le moins la poursuite de son développement.

En second lieu parce que les pièces présentées à Bâle sont, une fois de plus, ce qui fait H. Moser & Cie. : une maison pleine de vie, de secrets, d’audace voire d’impertinence. Le cas de son QP Endeavour, son best-seller, est représentatif. Il s’offre désormais dans une livrée ‘funky blue’, ce bleu clair qui existait déjà sur une série spéciale à Petite Seconde.

On le découvre aujourd’hui solidement arrimé à un bracelet vintage, usé, tel que l’on en trouve plus volontiers sur des montres baroudeuses. Le résultat étonne, détonne, la comtesse en rangers, c’est du jamais vu et cela met tout le monde d’accord. La manufacture a déjà commencé sa présentation à quelques happy fews de la marque qui ont déjà réservé la leur. « H. Moser & Cie., very rare » n’a jamais été aussi vrai.

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Une pièce unique et une autre... anonyme
Mais comme Bâle ne serait pas le bal que l’on attend sans ses « talking pieces », H. Moser & Cie. a prévu une Venturer Tourbillon GMT Squelette Automatique en boîte et cadran saphir. L’exemplaire dévoilé par la marque sera...le seul. « Oui, elle sera à vendre », rassure Edouard Meylan, « mais à un prix élevé et il n’y en aura qu’une, surtout avec un tel bracelet ». Very rare ? Extremely rare !

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Fort heureusement, une version en or rouge suivra de près, avec la bagatelle de 20 exemplaires. Et c’est en collection non limitée qu’une dernière Venturer se dévoile, la Petite Seconde, avec boîte en or blanc et cadran laqué blanc avec chiffres romains et aiguilles bleues. Avec une manufacture qui a (ré)inventé les cadrans fumés, or, gris, bruns, chocolats, bleus, on ne devrait plus s’avouer surpris. Cette nouvelle variation blanche offre pourtant un visage totalement inédit à la Venturer. Edouard Meylan, CEO, confie que cette déclinaison deviendra probablement « une nouvelle ligne de cadrans », tant l’accueil qui lui fut réservé fut enthousiaste.

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Le même accueil fut d’ailleurs accordé à une montre « No Name ». On appelle ainsi, en codes industriels, les prototypes dont le nom n’a pas encore été fixé, donc encore moins apposé sur le cadran. La « No Name » de H. Moser & Cie. est donc une pièce totalement vierge de tout marquage. Et accessoirement de nom : c’est « une Moser », et c’est bien suffisant ainsi.
L’exercice est simple mais d’une redoutable efficacité, car quiconque voit la pièce reconnaît instantanément la griffe Moser, malgré l’absence de nom, de logo et même d’index. Prouvant, de facto, que le vrai luxe ne s’arrête pas à un nom de marque, un emballage marketing, mais à une identité authentique et un véritable savoir-faire : ingénieux et diablement probant.

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Nouveaux publics...et nouvelle ligne ?
En parallèle, H. Moser & Cie. compte bien séduire de nouveaux publics. Sans aller jusqu’aux sportifs, la manufacture fait du pied aux amateurs de ‘casual’ avec une nouvelle Venturer Petite Seconde au cadran de couleur ardoise dans une boîte aujourd’hui en or blanc.

Autre appel du pied : les dames. « Voilà bien longtemps que l’on nous demandait des collections pour femmes », avoue Edouard Meylan. Sa réponse est là aussi une Petite Seconde de 38,8 mm en or rose avec lunette sertie, cadran gris fumé et bracelet satin. La pièce entre en collection pérenne.

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Il se murmure enfin que la troisième collection de la marque, après la Venturer et la Endeavour, serait prête. Son nom, Edouard Meylan l’avait déjà révélé, ainsi que sa date d’officialisation : Pioneer, en 2016. H. Moser & Cie. aurait donc près d’un an d’avance sur son calendrier, attestant des fondamentaux solides sur lesquels repose la croissance de la manufacture. On évoque, en chuchotant, un modèle à seconde centrale, avec un nouveau mouvement qui pourrait lui aussi avoir son propre chrono, voire son QP. Pour en savoir plus, espérons qu’il ne faille pas attendre...very long.
 

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