Le Poinçon de Genève se convertit aux nanotechnologies

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The Poinçon de Genève embraces nanotechnology - Quality certification
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Le Poinçon de Genève sera dorénavant apposé par un nouveau procédé technologique. Plus précise, cette technologie pourrait bien intéresser d’autres secteurs que l’horlogerie.

Le Poinçon de Genève est mort, vive le Poinçon de Genève ! Derrière cette royale allégorie se cache une mutation technologique sans précédent vécue par la célèbre institution. Pour résumer, le Poinçon de Genève, que l'on trouve sur des garde-temps de marques comme Cartier, Chopard, Roger Dubuis et Vacheron Constantin, n’est plus un poinçon, au sens propre. Sa vocation, son règlement, tout reste similaire, mais la technique utilisée pour apposer le célèbre sceau ne sera plus le poinçonnage. Il s’agit d’une nouvelle technique de marquage utilisant les nanotechnologies.

Le même, mais différent
Pour le grand public, cela ne change rien. Pour les professionnels du secteur horloger, c’est une vraie rupture. Pourquoi ? Parce que la technique ancestrale du poinçon, qui a donné son nom au sceau genevois, n’était rien de moins qu’une violente compression de matière.
Cet écrasement de métal induisait un contour parfois imprécis, lequel exigeait que la marque soit retravaillée afin d’être rendue propre et lisse – on appelle cette opération l’ébavurage. Dernier inconvénient, cette marque ne pouvait être apposée sur des matières trop fragiles ou, à l’inverse, trop dures, faute de pouvoir la pénétrer. Mais le mythe a fait sa route et personne ne songeait à parfaire ces défauts. Personne, sauf l’institution du Poinçon elle-même, Timelab.

 

L’ancien Poinçon de Genève Timelab


Marquage sans contact
Ces désagréments résultant de deux matières en état de choc l’une contre l’autre, pour faire mieux, il fallait donc faire...sans contact. C’est en ce sens que Timelab a travaillé. Ses partenaires : un laboratoire de la Faculté des Sciences de l’Université de Genève (UNIGE) et le MaNEP (Pôle de recherche national en physique soutenu par le Fonds National pour la recherche Scientifique), en collaboration avec l’entreprise PHASIS, une spin-off de l’UNIGE.

 

"Principe d’électrolyse"

Le résultat de leurs travaux est ce nouveau marquage sans contact, appelé « marquage nanostructurant ». Il repose sur un principe d’électrolyse, envoyant de multiples impulsions sur la surface à graver (grande photo en haut de page). Techniquement, le « Poinçon » de Genève n’en est donc plus un. Mais, pour la beauté du nom et son histoire, l’acronyme perdurera. « Le Poinçon de Genève ne change pas, il innove », résume Anne-Sophie Guerra, Directrice de la Fondation Timelab.

 

nouveau Poinçon de Genève


Nouvelles perspectives
Cette invention ouvre de nouvelles perspectives pour l’industrie. Grâce à cette absence de contact, le Poinçon de Genève pourra dorénavant être apposé sur des pièces extrêmement fines – l’on peut même imaginer un marquage sur des pièces joaillières,  « à partir du moment où elles comptent un élément métallique susceptible de recevoir l’électrolyse et donc la gravure », précise bien Jorge Cors, Directeur de Phasis.
Par ailleurs, tous les métaux pourront maintenant être « poinçonnés », notamment le très dur platine. Le nouveau Poinçon sera également d’une meilleure définition, puisqu’il n’y plus d’écrasement de matière mais une simple modification de son état de surface. Enfin, cette méthode peut directement être façonnée sur les plaquettes encore non découpées ou sur la pièce finale, ce qui offre une plus grande souplesse aux manufactures qui pourront décider à quel stade leur pièce sera poinçonnée.
Différentes industries pourraient, à leur tour, se montrer prochainement intéressées par cette technologie, notamment la médecine ou l’aérospatiale.