Franc fort : l’impact sur le consommateur

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Strong Swiss franc – the impact for the customer - Analysis
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WorldTempus se fait l’écho de la réaction de l’industrie horlogère face à la hausse du franc suisse.

Edouard  Meylan, CEO de H. Moser & Cie,  a été le premier patron horloger à réagir à la décision de la Banque Nationale Suisse de renoncer à ses efforts pour maintenir le franc suisse à un taux plancher de 1.20 CHF face à l’euro. L’annonce surprise de cette décision, le 15 janvier,  quelques jours à peine avant l’ouverture du SIHH, a cueilli M. Meylan sur la route qui le ramenait à Zurich, après une réunion de conseil d’administration dans les Alpes suisses. « Quand j’ai entendu la nouvelle à la radio,  je suis sorti de l’autoroute à Interlaken pour rédiger ma lettre ouverte à Thomas Jordan», confiait-il à WorldTempus la semaine passée.  La lettre fut traduite et envoyée le soir même.

Quand le SIHH a ouvert ses portes, le nom « très rare » de H. Moser & Cie,  l’était déjà devenu un peu moins. Et pour cause : la lettre ouverte avait été publiée dans les journaux du monde entier et M. Meylan était apparu à la TV ;  il avait même reçu des appels de radios locales en Australie. Dans cette période difficile, cette publicité fut une aubaine pour la marque qui a enregistré un tout nouvel intérêt à son égard durant une des semaines les plus importantes de l’année pour la vente de montres.
« Nous essayons d’être plus intelligents que les autres », a commenté M. Meylan, en expliquant que s’il comprend la décision de la BNS,  l’absence de préavis et le moment choisi pour cette annonce l’ont fait voir rouge.

 

Edouard Meylan CEO H.Moser & Cie

L’impact sur le consommateur

Concernant les garde-temps H. Moser & Cie, les clients seront confrontés à une hausse modeste en euros et à une réduction un peu plus importante du prix correspondant en francs suisses. Ils devront donc absorber une partie des conséquences d’un franc fort, et la marque prendra le reste à sa charge. Les détaillants ayant des arriérés de paiement auprès de marques suisses souffriront aussi de leur retard.

A la tête de volumes de production plus importants,  Jean-Christophe Babin, CEO de Bulgari, tente aussi d’être plus intelligent que les autres. Pendant la semaine du SIHH, il a dévoilé la garantie « Bulgari Protect », destinée à soutenir les détaillants suisses de la marque et consistant à maintenir le prix des montres vendues en Suisse au même taux de change face à l’euro que la semaine précédente.

Cette initiative a pour but de permettre aux détaillants suisses de rester compétitifs face à ceux de la zone euro, à quelques semaines de l'arrivée massive de touristes chinois à l’occasion de leur Nouvel An. Elle vise aussi à décourager les Suisses à aller faire leurs achats dans les pays européens voisins. La garantie « Bulgari Protect » entraîne une réduction de 20% du prix des montres Bulgari vendues en Suisse (les bijoux Bulgari étant fabriqués en Italie, ils ne sont pas affectés par le taux de change de l’euro) ; elle impactera les marges de la marque, mais a cependant reçu l’aval de la direction de LVMH, propriétaire de Bulgari. Les autres marques du groupe, tout comme  les autres groupes horlogers, n’ont pas encore réagi, du moins pas publiquement.

« Actuellement, la situation est trop volatile pour prendre des décisions précipitées », confiait la semaine dernière par téléphone Jean-Christophe Babin à WorldTempus. « Le prix est de toute façon une arme à double tranchant. Oui, nous devons prendre en considération nos marges, mais sans oublier que des prix trop élevés vont complétement rebuter les clients ».

Outre ces deux marques qui ont fait de la relation publique – plutôt que financière – à partir de la décision de la Banque Nationale Suisse,  un détaillant indépendant s’est aussi exprimé durant le SIHH. Au vu des incertitudes sur l‘évolution des prix ces prochains mois, le message délivré par Laurent Picciotto, propriétaire de la boutique Chronopassion à Paris, est limpide : "Pour faire une bonne affaire, mieux vaut acheter un montre aujourd’hui même,  plutôt que demain, après-demain, ou après-après-demain. "

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