Le roi des diamants s'installe à Genève

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Laurence Graff apporte les «plus fabuleux joyaux du monde» rue du Rhône et annonce une «surprise» pour bientôt dans le domaine des montres s'installe à Genève

Laurence Graff apporte les «plus fabuleux joyaux du monde» rue du Rhône et annonce une «surprise» pour bientôt dans le domaine des montres s'installe à Genève

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Laurence Graff. Il achète et vend les plus beaux et les plus gros diamants de la planète.

 

On peut quitter l'école à 13 ans et réussir dans la vie. Comme Laurence Graff, surnommé avec respect le roi des diamants et dont la fortune s'élève à quelque 4 milliards de francs. A Genève, l'homme était surtout connu jusqu'ici comme un acheteur privilégié des ventes aux enchères de joyaux, ne se portant acquéreur que des pièces les plus rares, le visage impassible alors que des millions étaient en jeu. Ces jours, il ouvre une boutique à Genève, au coeur de la rue du Rhône. Ce n'est jamais que la trentième à travers le monde, après New York, Moscou, et avant Saint-Petersbourg et Shanghai en 2009. Heureux, se déclare-t-il, d'apporter à Genève les plus fabuleux joyaux du monde.

Une passion de toujours

Né au coeur du quartier populaire de East End, Laurence Graff s'est construit lui-même. Il a exercé différents petits métiers pour subvenir à ses besoins. Avec, toujours, comme vissée au plus profond de son coeur, une passion: le diamant sous toutes ses formes et devant lequel il ressent un «émerveillement continu». Aujourd'hui, il fait un large usage de ses deux avions privés, un Lear et un Boeing, pour parcourir son empire. Jamais blasé, toujours passionné comme au premier jour, à près de 70 ans, c'est entre ses mains qu'ont passés, ou passent toujours, les plus gros et les plus beaux diamants. Comme «La Favorite », de 50,01 carats, achetée en avril 2001 chez Christie's New York pour 3,6 millions de dollars, le «Golden Star», de 101,28 carats, le «Hope of Africa», de 115,91 carats. Il a même donné son nom à plusieurs diamants comme le «Graff Blue», une de ses pierres favorites qu'il a achetée et vendue trois fois en un quart de siècle. D'un poids de 6,19 carats, de taille poire, elle brille d'un bleu intense, le fameux et rare Fancy Intense Blue. Mais la liste de ses «conquêtes» est tellement longue qu'elle en deviendrait presque
fastidieuse pour le profane.

Exceptionnel homme d'affaires

Diamantaire hors pair, ne traitant que le haut de gamme, le jeune homme sans diplôme s'est rapidement révélé être un exceptionnel homme d'affaires. A la tête de sa société Graff Diamonds fondée au début des années 1960, il traite le diamant de son extraction jusqu'à sa transfiguration en parure unique, dont il supervise personnellement toutes les étapes. A Johannesburg, en Afrique du Sud, les usines Graff sont comme une gare de triage où plus de 300 artisans qualifiés coupent et polissent chaque année des dizaines de milliers de diamants, dont seule une petite partie sera acheminée à Londres, siège de la société, pour se transformer en joyaux. Des pierres brutes qui proviennent de nombreuses mines, en Afrique du Sud et en Amérique du Sud, bien sûr, mais aussi au Canada, en Australie et en Russie. Mais avant Londres, les diamants auront transité par Anvers, ce grand centre européen de la taille des diamants, où, dans les ateliers Graff, une trentaine d'experts s'accordent sur la forme, la taille et le poli. Sa compagnie est également présente sur l'île Maurice et à New York, où l'atelier Graff est réputé pour son polissage unique. Un exemple de la technique Graff. Il y a deux ans, il s'est porté acquéreur, pour 12,33 millions de dollars, du quinzième plus gros diamant brut de la planète que l'on venait d'extraire d'une mine dans les montagnes du Lesotho, ce royaume englobé dans l'Afrique du Sud. Avec ses 603 carats et son exceptionnelle couleur D, la «Promesse du Lesotho» comme on l'appelle, a été examinée pendant des mois sous toutes ses coutures par une équipe de 35 collaborateurs, avant de donner leur feu vert à la coupe et au polissage. Le résultat, ce sont vingt-six diamants flawless et multi-shaped, accusant un poids total de 223,35 carats. Un travail porté à la perfection. Et en novembre 2007, Laurence Graff a acheté pour 10,4 millions de dollars, par l'intermédiaire de sa compagnie de production Safdico, le «Letseng Legacy», un diamant de 493 carats. Ce qui en fait le dix-huitième plus gros diamant jamais découvert. Il fut arraché à la roche deux mois auparavant, toujours au Lesotho, dans la fameuse mine Letseng-la Terai, réputée pour receler les plus gros diamants. Du coup, la mine a annoncé qu'elle doublera sa production.

Déjà une légende

Qu'il peut paraître loin, le temps où Laurence Graff ouvrait sa première boutique à Londres. C'était en 1974. Aujourd'hui, avec une trentaine d'entre elles, il réalise 95% des ventes hors de Grande-Bretagne. La légende, déjà, s'est emparée de lui. Il faut dire que l'homme, qui fuit les sunlights et les réceptions mondaines, a pu contribuer à l'alimenter. De nombreuses stars sont ses clientes, d'Ivana Trump à Victoria Beckham, d'Oprah Winfrey à Jane Seymour. Comme d'autres grands magnats, mais toujours sans ostentation, Laurence Graff trouve le temps de collectionner l'art moderne et l'art contemporain. A ce titre, il fait partie du conseil de direction du Musée Guggenheim de New York et de la Tate Gallery à Londres. Résident de Gstaad, Laurence Graff possède un appartement à Genève, avec vue imprenable sur la rade. Et il laisse entendre, toujours discret, qu'en ouvrant une boutique rue du Rhône, il nous réserve pour bientôt une grande surprise dans le domaine des montres.

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Fondée au début des années 1960, la société Graff Diamonds, basée à Londres, traite le diamant de son extraction à sa transformation en parure.


Michel Bonel

 

 

 

Tribune des Arts - No361 - Mai 2008

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