Ce n’est que cette année, après 70 ans de présence à la plus grande foire horlogère de Suisse, qu’Eberhard & Co a occupé une place de premier choix au rez-de-chaussée mythique de la Halle 1 de Baselworld. Pourtant la marque sera absente de la foire en 2018. Mario Peserico explique cette décision difficile.
Pourquoi quitter Baselworld après tant d’années ?
Après 70 ans de présence à Baselworld et après avoir occupé une place de choix dans la halle 1.0 l’an dernier, nous devons reconnaître que le marché change. Pour nous cette exposition est tout simplement trop chère, surtout avec une baisse de fréquentation que ce soit de la presse, des revendeurs ou des clients finaux. Environ 200 exposants sont partis cette année et, selon les prévisions, entre 30 et 60% des restants pourraient partir en 2018. Vous pourriez objecter qu’il s’agit d’une évolution vers plus de qualité, mais ce n’est pas mon avis, car j’ai toujours pensé que Baselworld devait représenter l’industrie horlogère dans son entier. En italien nous disons spirito di corpo (esprit de corps) – il est question de faire partie d’un groupe. Je n’aime pas l’idée que cela devienne une exposition réservée à une minorité. MCH Swiss Exhibition Ltd (ndlr : les organisateurs de Baselworld) est une société privée, bien sûr, et doit rendre des comptes à ses actionnaires, mais les choses ne vont pas dans la direction que nous, en tant que marque indépendante, souhaitons. Nous avons besoin d’être plus proches de nos clients.
Alors comment comptez-vous vous y prendre pour vous rapprocher de vos clients l’an prochain ?
Nous prendrons en considération les foires régionales et la présence locale. L’un des problèmes de Baselworld c’est que vous ne disposez que de 30 minutes pour parler aux gens et il est impossible de vendre dans un laps de temps aussi court. Nous avons l’expérience d’expositions comme le SIAR de Mexico ou le SalonQP à Londres, et il y en a d’autres à travers l’Europe et au-delà. Nous chercherons à participer à ce genre d’événements. Nous sommes une marque de niche, donc nous devons nous concentrer sur nos clients locaux. Ces petites manifestations sont de bonnes occasions pour entrer en contact avec nos clients et les informer au sujet de notre marque indépendante.
De manière générale, comment vont les affaires cette année ?
Sur certains marchés elles sont bonnes, mais sur d’autres la situation est encore difficile. Dans l’ensemble, les choses sont positives. Les trois dernières années étaient conformes à nos objectifs à long terme. Nous avons introduit quelques produits un peu moins chers pour combler un vide dans notre collection. La Scafograf a connu un grand succès, elle a gagné le GPHG dans sa catégorie et s’est bien vendue. Cette année, pour le 130ème anniversaire de la marque, nous avons lancé la Scafograf GMT et la Chrono 4 en édition limitée, ainsi que des modèles anniversaire. Maintenant nous renforçons quelques collections et nos modèles d’entrée de gamme, surtout parce que le pouvoir d’achat en Europe s’est affaibli d’environ 20% durant les dernières années.
Quelles sont vos perspectives pour une année 2018 sans Baselworld ?
La décision de quitter Baselworld a vraiment été difficile, même si nous n’avions pas le choix. Nous en avons souffert, mais il était absolument évident qu’investir sur nos marchés principaux nous garantirait un retour immédiat. Maintenant que nous avons pris la décision, nous sommes confiants pour l’avenir. Nous conclurons en beauté les célébrations de notre anniversaire avec plusieurs expositions et un beau livre commémoratif qui sera présenté d’ici à la fin de l’année, et nous augmenterons nos investissements dans la communication avec nos clients finaux.
