«Maman m'a enseigné l'humilité...»

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«Maman m'a enseigné l'humilité...» - Caroline Gruosi-Scheufele
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Caroline Gruosi-Scheufele, coprésidente de la société Chopard, court la planète
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Photos: Christian Bonzon CAROLINE GRUOSI-SCHEUFELE Née le 14 décembre 1961 à Pforzheim (D). Elle a étudié à l'Ecole Internationale de Genève et s'est mariée à Fawaz Gruosi en 1995. Caroline été nommée coprésidente de la société Chopard en 2001.

 

Rayonnante, Caroline Gruosi-Scheufele, coprésidente de la société Chopard, court la planète et implante la marque dans toutes les grandes villes du monde.

Mariée à Fawaz Gruosi, propriétaire de sa propre marque de joaillerie De Grisogono, elle habite une belle maison dans la campagne genevoise. Ses chiens peuvent ainsi courir en toute liberté dans le jardin. Aujourd'hui, samedi, ils seront cinq. Caroline a offert en cadeau d'anniversaire à son mari, un nouveau chien de deux mois et demi. Parce qu'elle les adore depuis son plus jeune âge.

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Quelles qualités vous touchaient chez votre maman lorsque vous étiez enfant?

Maman a toujours été attentionnée et présente malgré son travail. Et Dieu sait si elle était impliquée dans l'entreprise. Je l'admirais beaucoup. Elle est si belle. Quel émerveillement quand elle s'habillait le soir pour sortir avec mon père! Dès qu'elle avait le dos tourné, je faisais des essais de maquillage.

Votre mère est-elle un exemple pour vous?

Oui. C'est une femme énergique et rigoureuse. De plus, elle a une vision d'avenir extrêmement lucide. Maman a un don. Elle a pu, à la fois, gérer sa carrière professionnelle avec brio et jouer parfaitement son rôle de mère. Et ce n'est pas donné à tout le monde. La seule chose qu'elle ne faisait pas: la cuisine! Mon père, lui, cuisinait merveilleusement bien. Maman se met aux fourneaux une fois par an, à Noël. Et ce n'est pas pour nous déplaire.

Vous a-t-elle inculqué des valeurs de vie essentielles à vos yeux?

Maman a toujours été très généreuse avec son entourage. Elle m'a appris le respect, l'exactitude et une certaine humilité face à la vie. Elle a toujours exécré l'arrogance. Elle m'a aussi transmis le goût du travail et du challenge. Maman m'a laissé faire mes expériences. Loin de m'obliger à reprendre les rênes de l'entreprise, elle en a suscité l'envie chez moi avec tendresse et persévérance. Ma mère est aussi ma meilleure amie.

Comment s'est manifestée votre crise de l'adolescence?

A treize ans, j'ai quitté l'Allemagne pour intégrer l'internat en Suisse. A quinze ans, j'ai rejoint mon frère – de quatre ans mon aîné – dans notre maison de Genève. Mes parents nous rejoignaient tous les week-ends. La semaine, je vivais seule avec lui, sous l'aile protectrice du couple chargé de notre nid. Cela n'empêchait pas mon frère de m'avoir à l'œil. Je ne pouvais pas faire trop de bêtises.

Quelle belle preuve d'amour votre mère vous a-t-elle donnée?

Maman m'a donné des milliers de preuves d'amour! Mais l'une d'elles en particulier m'a semblé énorme. Petite fille, j'ai été renversée par un grand chien. Et ma mère en a été traumatisée. Au point que j'ai dû insister un an pour qu'elle m'offre un petit fox-terrier.

Votre mère vous exprimait-elle son amour?

Oui. Elle me disait souvent «Je t'aime». Encore aujourd'hui, elle me le dit souvent. Elle m'a toujours entourée, consolée quand j'ai eu mes premiers chagrins d'amour. Cela n'a pas empêché maman de se faire respecter et d'imposer des règles.

Que pourriez-vous lui reprocher?

Petite fille, je lui ai reproché d'être trop stricte. De rester sur ses positions, de ne pas se laisser attendrir. J'avais quelquefois le sentiment qu'elle était plus sévère avec moi qu'avec mon frère. Pourtant aujourd'hui, je lui dis merci!■

Karine Scheufele: "Petite, elle était créative"

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Quel genre de petite fille était Caroline?

Petite, Caroline était toujours gaie et curieuse. Elle savait très bien s'occuper seule en restant des heures à dessiner ou colorier. Elle était déjà créative. Elle peignait de petits tableaux ravissants. J'en ai gardé la plupart. Elle pouvait être aussi espiègle et démolir d'un coup de pouce la construction sophistiquée de son frère. Tout simplement parce qu'on s'intéressait un peu trop à lui.

Vous a-t-elle un jour fait une frayeur?

A 7 ans, Caroline a voulu nous rejoindre à l'usine en vélo. Elle a traversé une rue très fréquentée et une voiture a failli l'écraser. Tout s'est joué à une fraction de seconde. Nous avons assisté à la scène, mon mari et moi. J'ai eu la peur de ma vie!

Etes-vous fière d'elle?

Oui. Elle est si naturelle, si spontanée. Avec elle, on ne s'ennuie pas. Nous n'avons jamais eu de secret l'une pour l'autre et partageons une grande complicité.

 

Le Matin / Anne-Marie Philippe / www.lematin.ch

 

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