La montre aux oreilles pointues

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It's Pointy Ears Time - Urwerk
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Nouvelle évolution chez Urwerk : pour tourner, les satellites de l'UR-120 s'ouvrent en forme de V...comme le salut d'un certain officier de Starfleet d'origine vulcaine

Elle trône là, sur un mur ou un autre des locaux genevois d'Urwerk depuis des années. Une photographie grand format où figure le Dr Spock sur la passerelle de l'Enterprise. Il n'est même pas besoin de le savoir pour connaître le lien étroit qui unit Urwerk et l'univers de la science-fiction en général et de ses icônes en particulier. Alors il n'y a rien de surprenant à voir surgir aujourd’hui l'UR-120 Spock. Ou plutôt si : mais qu’attendaient-ils donc pour rendre un hommage appuyé à ce personnage absolument culte de la culture populaire ? Un hommage qui n'est pas qu'un nom mais se répercute jusque dans la complication horlogère.

La montre aux oreilles pointues

Car il s'agit bien de cela, un hommage, une déclaration d'admiration. Martin Frei, designer et co-fondateur de la marque, rappelle en privé que lors d'un voyage qu'il avait entrepris aux Etats-Unis étant enfant, la figurine Star Trek qu'il avait choisie n'était pas celle du Capitaine Kirk, ou d'un général Klingon, mais bien de l'officier scientifique de l'Enterprise. 

Si Spock est incontournable pour quiconque est né avant...disons 1990, et bien connu de ceux qui sont nés après, le personnage n'en est pas moins énigmatique. Il a fallu les spin-off récents tels les films réalisés par J.J Abrams ou les séries Discovery et Strange New Worlds, pour que l'on accède à plus de détails sur la vie fictionnelle (il a une demi-sœur, des détails sur sa mère, il est fiancé, il a une vie sexuelle, oui oui!) de ce personnage un peu trop ancré dans le réel pour son propre bien. Mais puisqu'avec Spock la logique prime (même si elle ne triomphe pas toujours), il y a une explication bien rationnelle à l’apparition tardive d'une Urwerk explicitement typée Star Trek. 

Il fallait un point d'accroche. Un élément porteur de sens. Une nécessité technique. Car Urwerk a beau pratiquer une horlogerie qui parait folle, elle reste ancrée dans une forme prononcée de pragmatisme, tant horloger que de design. En clair, ces gens là ne font pas n'importe quoi juste parce qu'ils en ont envie. 

La naissance de l'UR-120 Spock est donc ancrée dans une logique esthétique, qui est une nouvelle étape dans la démarche de la marque. Martin Frei l’explique ainsi :« J'adorais la UR-110, mais j'y voyais tant de possibilités autres, de digressions possibles. L'idée était de faire plus fin, plus lisse, plus élégant. Pour y arriver, nous avons repensé tout le système satellitaire”. L' UR-120 Spock est l’aboutissement d'un chemin de design, poussé dans une nouvelle dimension : la finesse. 

La montre aux oreilles pointues

Il est vrai que comparée à d'autres, quasiment toutes les autres en fait, l'UR-120 Spock est fine. Ou plutôt, plus ergonomique. Car on ne peut pas vraiment dire qu'une pièce de 47 x 44 x 15,8 mm soit compacte. Mais elle n’atteint son épaisseur maximale qu'au centre, au dessus du verre, sous lequel règne un grand vide. Ses flancs sont bien plus fins. Les cotes ne disent donc pas tout de cette pièce, loin de là. Et comme ils la voulaient fine, il fallait gagner en épaisseur là où les montres Urwerk en consomment : sur l’affichage des heures par satellites. Ici, il s'agissait donc de travailler leur volume et de le réduire. 

Normalement, une Urwerk fait pivoter sur leur axe trois gros cubes dont chacune des quatre faces porte un marqueur horaire. Leur rotation demande beaucoup de place. Ici les satellites sont élargis, mais ils s'ouvrent en deux. Deux sous-parties de moindre taille, qui demandent moins de hauteur quand elles tournent chacune de leur coté. Puis elles se réunissent pour former le chiffre des heures suivant. En s'ouvrant, ces plots accomplissent deux tâches. La première est de satisfaire à un certain degré de plaisir mécanique. La seconde est de prendre une forme de V qui ressemble au salut vulcain que Spock a popularisé. 

La montre aux oreilles pointues

Ce plaisir mécanique, Felix Baumgartner, horloger et co-fondateur d'Urwerk, le dit très bien, est une condition indispensable de toute la démarche de la marque : “Quand on a compris qu'il nous fallait ouvrir ces satellites, ça a été une fête pour moi ”. Dans la création de ce V, le story-telling rejoint la mécanique, l'aspiration personnelle, l'identité même de la marque, sans effort, sans être tiré par les cheveux ou ténu. On est dans l'authentique, même s'il est un peu fou. 

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