Sneakers collector, joggings en cachemire et athleisure se propagent toujours dans notre culture vestimentaire. Leur corollaire, la disparition lente de toute espèce d’élégance formelle, était en train d’asphyxier la montre habillée. Mais le sport chic n’a pas eu raison du chic tout court. Car après plusieurs années d’un règne sans partage, la montre en acier, en titane, les plongeuses de tout type, en particulier vintage, et tout ce qui peut se mettre avec n’importe quoi est en train de laisser une place aux montres élégantes. Elles avaient eu tendance à rester dans leur boite, dans leur tiroir, sur leur remontoir. Le moment est venu de les ressortir. Car le retour de balancier est bien amorcé.
Simple ou fourni
Il suffit de regarder la dernière génération de Calatrava. Le vrai cœur de Patek Philippe repose sur une esthétique sobre, fine, de petite taille, en or et accompagnée de finitions extérieures très poussées. Les deux nouvelles références 6119 répondent impeccablement au signalement. La carrure de boite est une longue courbe terminée par de sobres cornes enroulées et la lunette à double rang de clous de Paris nécessite un travail de guillochage particulièrement soigné. A. Lange & Söhne doit tout à ce classicisme, et que les implantations asymétriques de sa Lange 1 Perpetual Calendar ne vous abusent pas : elles sont une petite excentricité (au sens propre et au figuré) qui sont la marque des élégances les plus sophistiquées. Cette pièce est un vrai QP de soirée. On peut presque en dire autant de la Breitling Premier B09 Chronographe 40 dans sa version en or rose, un chrono pas sportif pour un sou, même si on prend en compte son style vintage.
Tout est dans le détail
D’autre part, des propositions plus épurées continuent à surgir. Tout d’abord, Omega décline sa gamme Trésor Master Chronometer en version Réserve de Marche, toute en retenue, mais pas nue. L’indicateur de réserve de marche à midi crée un point cardinal discret, qui répond à la petite seconde et aux inscriptions du cadran. Celui-ci, à peine peuplé par des index bâton, en applique et en or, s’en retrouve habité sans être encombré. Dans un style similaire, mais une interprétation toute autre, Chopard proposait cette année sa toute première montre à heures sautantes. Située à six heures, elle assoit la L.U.C Quattro Spirit 25 avec goût, aidée en cela par sa fenêtre en or rose assortie à la boite. Celle-ci est petite, d’une épaisseur maitrisée et aux flancs arrondis, ce qui l’assoit sur le poignet. La grande aiguille dauphine/fusée L.U.C n’a jamais eu autant d’importance puisqu’elle est seule à bouger sur le cadran en émail blanc immaculé. Car il n’y a en fait rien de plus délicat que l’horlogerie dénudée. Elle oblige à soigner le peu de détails qu’elle offre à un degré encore supérieur. Ce qui amène naturellement à considérer la Reverso Tribute, version la plus fine et épurée de ce classique presque centenaire, indémodable, ce qui est bien le signe de l’élégance.
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