On le sait maintenant depuis 25 ans : tout, chez de Grisogono, est affaire de mise en scène. Il en va des fastes soirées de la maison, de sa joaillerie décomplexée comme de son horlogerie. Les deux nouvelles New Retro ne font pas exception. Le menu est simple : une pièce pour hommes avec une réserve de marche, une pièce pour dames avec un mouvement quartz. Où est l’innovation ? Cachée !
Quand l’horlogerie se met à la pole dance
Malgré une scintillante tenue d’apparat, la New Retro Double Jeu pour femmes cache bien son...jeu. De prime abord, la pièce affiche un cadran rond, deux index et un mouvement quartz. Il reste, comme dans toute la collection New Retro, cet étonnant boîtier. Des lignes nettes et simples dessinant un large rectangle, équilibrées par des angles arrondis aux courbes douces. Une montre minimaliste dont la complexité tient dans sa construction, son boîtier se composant de deux glaces en saphir incurvées, parfaitement homothétiques, réunies par un ruban d’or.
Si le mouvement est à quartz, la présence d’une masse oscillante peut surprendre. Un mouvement Kinetic ? Loin de là, simplement...ludique ! L’idée est de mettre en mouvement les deux index 9 et 3 placés de part et d’autre du cadran. Lorsque la masse oscillante ajourée (que l’on aperçoit sous la partie inférieure du cadran) tourne sur elle-même sur son plan horizontal, les deux index 9 et 3 font de même sur leur plan vertical. Leur face recto, sertie de diamants, se retourne et laisse apparaître une face verso parée d’autres couleurs. On se trouve ainsi face à deux index joueurs, épris de pole dance, changeant le cadran de la New Retro Double Jeu au gré des mouvements de sa propriétaire.
C’est ici une construction technique et ludique qui offre un nouvel usage à la masse oscillante. Réservée dans 99% des cas au remontage du mouvement, elle avait notamment trouvé un usage décoratif chez Dior (Calibre Inversé), mais c’est la première fois que son énergie est utilisée pour animer des index mobiles. La créativité joueuse de de Grisogono détourne une fois de plus les usages au profit d’une construction unique.
A nu !
Après la pole dance, la mise à nu ? Le « Double Jeu » de de Grisogono n’a jamais été aussi séduisant. Avec son modèle Power Reserve, la maison n’invente pas une nouvelle complication mais pose les jalons d’un vocabulaire qu’elle n’utilisait que peu jusqu’à présent : la montre squelette. Rares sont les créations de la marque à en faire usage. La New Retro Power Reserve dessine ainsi les contours d’un exercice stylistique très travaillé, utilisant la forme rectangulaire de la boîte pour en renforcer le sentiment d’espace. Les ponts verticaux du mouvement sont galbés comme pour repousser les limites du boîtier, étirant le mouvement sur toute sa largeur possible.
La disposition de ses composants ne s’en révèle pas moins atypique. Barillet, train de rouages et balancier sont bien alignés mais disposés selon un axe 9h – 3h, un luxe linéaire que seul peut autoriser un mouvement de forme conçu expressément pour la New Retro. La réserve de marche se trouve pour sa part à midi, là encore un emplacement peu commun en horlogerie.
On retrouve dans ce modèle la grammaire habituelle de l’horlogerie, mais totalement réarrangée par de Grisogono qui, depuis 25 ans, écrit son propre langage horloger. La New Retro a été dessinée en 2008, mais ses premiers modèles ne sont apparus qu’en 2015, au terme de sept ans de maturation. Nul doute que le modèle Power Reserve a grandement profité de cette période d’incubation pour atteindre un tel stade de maturité stylistique et technique.
