DB28GS Grand Bleu : Une belle contradiction

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DB28GS Grand Bleu : A Beautiful Contradiction - De Bethune
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Il est rare que la haute horlogerie et le secteur des montres instruments se rencontrent mais, quand cela arrive, les résultats sont souvent spectaculaires. Découvrons la première et seule montre de plongée De Bethune*

Qu’une marque comme De Bethune — une puissance technique qui, via l’architecture du boîtier et la construction du mouvement, évolue dans l’univers de la science-fiction futuriste — s’intéresse aux montres de plongée… peu de gens l’ont vu venir. Certes, la DB28GS précédente était une montre techniquement sportive, dotée d’un mouvement robuste et résistant aux chocs, mais elle était surtout destinée à affronter les aléas de la vie quotidienne. Avec la Grand Bleu lancée en 2019, la marque a poursuivi ses efforts dans une direction beaucoup plus ciblée et délimitée. Une véritable montre de plongée implique un certain nombre d’éléments, dont une lunette de chronométrage unidirectionnelle. Elle est bien présente sur la Grand Bleu, mais avec une construction intermédiaire entre les lunettes extérieures et intérieures rencontrées sur les montres de plongée conventionnelles. Alors qu’elle est actionnée par une bague extérieure moletée, elle affiche la mesure du temps sur une échelle intérieure, inscrite au verso du verre saphir. Si l’étanchéité à 105 mètres fait référence au film de Luc Besson, Le Grand Bleu, il est fort probable qu’elle corresponde également à la limite autorisée par le concept. Avec un verre fixé à la lunette, il faut un jeu supplémentaire de joints sur le pourtour du boîtier, ce qui interdit sans doute d’aller plus loin en profondeur.

Des idées lumineuses 

En ce qui concerne les spécifications d’une montre de plongée, il ne s’agit bien entendu que de la partie émergée de l’iceberg. Il faut encore assurer une bonne lisibilité en cas de faible luminosité et De Bethune a adopté non pas une mais deux solutions distinctes pour résoudre efficacement le problème. Tout d’abord, elle a fait appel à James Thompson de Black Badger pour déveloper une matière luminescente brevetée, assortie au titane bleui des aiguilles des heures et des minutes de la Grand Bleu. Cette matière est utilisée sur la lunette et sur la minuterie fixe, parallèlement à la matière blanche sur les extrémités des aiguilles. Pour la plupart des montres de plongée, cela serait largement suffisant, mais De Bethune a décidé d’aller encore plus loin.

DB28GS Grand Bleu : Une belle contradiction

Pour faire simple, et décrire la voie choisie par De Bethune pour la Grand Bleu de la manière la moins technique possible, on peut dire : «prenez le rétroéclairage de la G-Shock et faites-en un dispositif mécanique de haut de gamme ». Avec un système basé sur le principe d’une dynamo — un mécanisme de production d’énergie qui convertit l’énergie mécanique en énergie électrique — et réduit à une toute petite échelle, le mouvement de la montre peut de lui-même alimenter quatre petites lumières LED situées à 3, 6, 9 et 12 heures. L’énergie provient de l’un des barillets du calibre DB2080 et, en appuyant sur le bouton situé à 6 heures, on active un engrenage spécifique qui alimente et déclenche le système d’éclairage. Il convient de préciser que ce système réduit quelque peu la réserve de marche globale de la montre et que, lorsqu’on arrive au dernier des cinq jours, l’éclairage est suspendu, afin de maintenir la précision de la marche.

Sans astuce géniale nichée dans les rouages, ce ne serait pas une De Bethune. Le DB2080 est un tout nouveau calibre développé expressément pour la Grand Bleu, ce qui n’est pas surprenant compte tenu de l’éclairage susmentionné. Ce dernier ne constitue cependant pas la seule ingéniosité du calibre. Tout d’abord, on remarquera le balancier en titane, avec masses de réglage en or blanc, suspendu à un pont en titane poli. Ce pont dispose de ses propres pare-chutes d’absorption des chocs, un à chaque extrémité, pour compléter l’amortisseur du balancier. 

Comme on pouvait s’y attendre de la part de la marque, le balancier reste visible. Sur la droite du pont bouclier emblématique, qui offre une grande surface aux finitions côtelées et polies, on remarquera un rouage supplémentaire : le régulateur et les composants associés du système d’éclairage. Au sujet des fonctions, la marque a pris le milieu un peu de court en décidant d’ajouter une seconde morte à sa composition. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est un choix peu orthodoxe pour un modèle de plongée.

Pour beaucoup, le design du boîtier est l’un des principaux arguments de vente de la DB28GS Grand Bleu. Le système de cornes flottantes maison est génial et, même avec 44mm de diamètre, la montre s’adapte extrêmement bien à un large éventail de tailles de poignets. Contrairement à la plupart des variantes DB28 logées dans des boîtiers en titane, la Grand Bleu a une carrure en zirconium noir, prise en sandwich entre la lunette et le fond en titane. Dans un boîtier légèrement plus épais (12,8mm), le contraste confère à la carrure un impact visuel plus prononcé, avec un matériau qui offre néanmoins l’équivalent du titane en ce qui concerne la solidité, le poids, la résistance aux rayures et d’autres facteurs importants.

Devant la montre de plongée qui est probablement la moins orthodoxe et la plus inattendue du XXIe siècle, si ce n’est de toute l’histoire de l’horlogerie, il faut reconnaître à la marque la capacité de rester fidèle à elle-même et de concevoir une montre qui ne se plie en rien aux conventions de la montre de plongée. 

Cette année, GMT Magazine et de WorldTempus se sont lancés dans le projet ambitieux de résumer la montre de plongée depuis l'an 2000 dans The Millennium Watch Book - Diver, un grand et beau livre magnifiquement illustré. Cet article en est un extrait. The Millennium Watch Book - Diver est disponible sur en français et en anglais ici : 

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Rédigé par Justine Mastine-Frost

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