Exclusif : ArtyA au tribunal!

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Exclusive: ArtyA on Trial! - ArtyA
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Troisième épisode de notre saga « Le Tribunal » qui permet à chaque marque de se confronter à sa légende, et d’y répondre. Après Ralf Tech, Eberhard & Co., la cour appelle à la barre Yvan Arpa, fondateur d’ArtyA !

Yvan Arpa, vous êtes accusés de vous éparpiller entre vos marques, projets et collaborations : ArtyA, Black Belt, Samsung, Spero Lucem, et bien d’autres encore...
Coupable et fier de l’être ! Ce sont à chaque fois des jeux d’acteurs et la vie est trop courte pour se contenter d’un seul rôle. Vivre, cela veut dire être large et authentique. C’est pour moi une nécessité créative mais également personnelle : je n’ai pas de fortune familiale, pas d’héritage. J’ai tout créé moi-même, j’ai acquis ma propre liberté et ces collaborations et mandats y ont concouru. Les seuls actionnaires d’ArtyA, ce sont ma femme Dominique et moi. J’ai plutôt commencé avec des dettes et des procès qu’avec des apports en cash, et cela n’a pas été évident ! Cela a représenté un très grand effort, beaucoup de travail, mais c’est le prix de ma liberté. J’aurais très bien pu me contenter de faire Black Belt avec mes amis ceintures noires, et d’y rester pendant 30 ans, mais ça ne m’intéresse pas. Je n’ai aucun appétit à vivre dans ma zone de confort. 

Yvan Arpa, vous êtes accusé d’avoir usé, voire abusé, de la provocation, d’avoir voulu choquer pendant toutes vos premières années.
Coupable ! C’était mon plan, une nécessité presque mathématique. Que faire d’autre ? Comment faire parler de soi lorsque l’on n’a pas la puissance de frappe d’un LVMH ou d’un Rolex ? Il faut être malin et trouver d’autres solutions pour se faire entendre. De plus, la provocation me correspond bien. Elle m’a donné notoriété et visibilité. C’est un choix reconnu que j’assume pleinement, d’autant plus que je voulais secouer le monde de la « montre à papa ». Elle peut être formidable, ce n’est pas ça le débat, mais il faut également pouvoir proposer des pistes alternatives qui font bouger les lignes. Nous portons à notre poignet un objet extrêmement émotionnel. Ce que j’ai mené comme actions coup de poing a séduit des clients qui sont venus à l’horlogerie grâce à cela. Donc coupable, avec bonheur. 

Exclusif : ArtyA au tribunal!

Yvan Arpa, vous êtes accusé d’avoir construit presque toutes vos premières collections sur un seul et unique boîtier.
Coupable, mais comment fait-on lorsque l’on n’a pas des millions pour lancer sa marque ? Au début, l’idée, c’était d’être mono-produit, avec un seul boîtier que l’on déclinait de manières différentes. Jusqu’à ce que j’aie suffisamment d’argent pour créer d’autres formes, d’autres diamètres. Nous avons aujourd’hui 15 boîtiers différents, déclinés en plusieurs diamètres, sans même parler des matériaux, saphir, or, titane, parmi d’autres. Mais tout cela, il fallait bien le financer. Alors oui, coupable...d’avoir fait un pas après l’autre. Chaque centime que j’ai gagné, je l’ai réinvesti dans la marque.

Yvan Arpa, vous êtes accusé de critiquer assez ouvertement un système dont vous vivez pourtant largement.
Non coupable ! Ce que je critique, c’est le manque d’authenticité et le manque de créativité. Le manque d’authenticité, c’est prétendre que l’on a soi-même dessiné une nouvelle collection, alors que l’on s’est reposé sur les talents d’un designer externe. Le manque de créativité, c’est autre chose. C’est vivre sur son passé, tourner en rond. Par le passé, cela me mettait en colère. Aujourd’hui, je trouve cela plutôt triste. Se cantonner à refaire sans cesse la même chose a quelque chose d’assez pathétique. 

Exclusif : ArtyA au tribunal!

Yvan Arpa, vous êtes accusé de ne pas vous engager dans le développement durable, alors que l’époque nous y oblige.
Non coupable ! Simplement, je ne partage pas certaines positions publiques. Je ne vois pas ce qu’il y a de mal à proposer des bracelets en veau, par exemple. Il faut arrêter l’hypocrisie, lorsqu’un client entre dans ma boutique avec une superbe veste en cuir, mais en exigeant un bracelet en peau d’ananas, c’est grotesque. En interne, nous faisons très attention à ne pas utiliser d’étain, de mercure, de plomb. Nous proposons depuis longtemps des bracelets recyclés. Est-ce que je devrais le dire ? Peut-être. Mais je garde ma liberté, notamment envers une police de la bienséance pour laquelle je ne marche pas. 

Yvan Arpa, vous êtes accusé de proposer un nombre pléthorique de références, réparties en 21 collections.
Ah, c’est tout ? Je pensai qu’il y en avait davantage (rires) ! Non coupable : ArtyA, c’est un univers. Si un client est honnête, il trouvera toujours une pièce qui lui plaît chez nous. C’est un art de vivre. Je ne suis pas mono-concept, je voulais que chacun puisse trouver une pièce qui lui plaît dans mon monde. Dès qu’une invention fonctionne bien, c’est formidable, mais le vrai bonheur pour moi, c’est la création. 

Yvan Arpa, vous êtes accusé d’avoir frayé avec l’ennemi, la montre connectée coréenne (Yvan Arpa a été par le passé mandaté par Samsung pour repenser sa Galaxy Gear S3, ndlr).
Coupable, et tant mieux ! Pourquoi toujours vouloir opposer tout le monde ? Il n’y a pas d’antagonisme entre la montre mécanique et connectée. Il y a de la place pour tout le monde. Beaucoup n’ont que 200 francs à dépenser dans une montre. Pourquoi ne pas leur offrir ? 

Oui, mais comme le dit l’adage, on n’a qu’un seul poignet, et si vous y mettez une montre connectée, vous n’y mettez pas une montre suisse...
On a qu’un seul torse. Vous n’avez qu’une seule chemise, vous ? 

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